La Venue des Ombres,
nouveau (et vrai) départ

La tempête avait soufflé. A l'écran, la saison s'était achevée avec l'assassinat du Président de l'Alliance Terrestre, un Garibaldi entre la vie et la mort, et Delenn entrant dans un cocon, amorçant une transformation mystérieuse. En coulisse, une autre tempête fait rage : celle qui souffla à l'annonce du départ de Michael O'Hare. Pendant l'été, Straczynski, O'Hare et la Warner ont décidé, d'un commun accord, du départ du Capitaine Sinclair. Le caractère " à l'amiable " de ce départ transparaît avec l'accord de l'acteur de ré-apparaître plus tard pour conclure la destinée de son personnage (une ''caméo'' dans la saison 2 et un double épisode dans la saison 3).
Le premier épisode de la seconde saison se voit donc obligé de mettre les multiples intrigues évoquées plus haut sur pause, le temps d'introduire un nouveau personnage principal, le Capitaine John Sheridan. .

Une pause
Plus largement, c'est tout le premier tiers de la saison qui voit l'histoire se ralentir pour s'accommoder de cette introduction. Si, aujourd'hui, plus grand-monde ne conteste l'opportunité du remplacement d'O'Hare par Bruce Boxleitner, il faut bien avouer que cette surprise dans la story-line a causé quelques dommages au début de la saison 2. Les questions les plus brûlantes soulevées par Chrysalis sont résolues presque à la va-vite, d'une manière frustrante. Difficile de faire autrement puisque le personnage principal de la série n'est pas impliqué dans ces questions. Il est certain que la découverte de ce qui s'est passé pendant les 24 heures disparues de la mémoire de Sinclair ou de la nouvelle apparence de Delenn auraient été autrement plus impressionnantes et excitantes si c'était Sinclair qui les avait faites.
A coté de cela, l'arc de la série est à ce moment là en phase de mise en place (set-up). On introduit, ou ré-introduit, le lien entre les Narns, Z'HA'Dum et les Ombres, entre les Ombres et Londo. On nous présente l'histoire de Sheridan et la mort de sa femme sur un monde inconnu... La série enchaîne des épisodes indépendants, usant et abusant un peu de la corde de l'histoire isolée qui, en fait, a un lien de fond avec la trame générale (A Distant Star, The Long Dark, The Geometry of Shadows). La série en profite, au-delà de Sheridan, pour approfondir ses autres personnages. Mais il n'empêche que le public ronge son frein. .

Pay-off
Tout se remet en mouvement avec le génialissime The Coming of Shadows. Dans le même épisode, JMS fait faire des bons énormes à l'intrigue et aux personnages, tout en s'accordant de purs moments de poésie. Quelques mois plus tard, cet épisode rapportait à la série son premier Hugo Award, et l'installait comme référence de la science-fiction. Une distinction méritée.
A cet instant, la saison vient de décoller et, en fait, c'est le cas de la série tout entière : cela ne s'arrêtera plus avant le dernier épisode. L'arc se met en place de manière définitive, et les épisodes indispensables, qui élargissent un peu plus à chaque fois la portée thématique de l'Univers de la série. Sheridan ayant eu le temps de s'intégrer à la série, il se fait à
nouveau personnel - et donc plus Humain et touchant - notamment lorsqu'il aborde le cas d'Anna Sheridan, ou, par ailleurs, lorsqu'il est question de la difficile transformation qu'a subie Delenn en choisissant de devenir un être mi-Humain, mi-Minbari. Un Symbole d'union et paix qui pose une question : en voulant aider à un rapprochement des peuples, n'a-t-elle pas pris le risque d'être rejetée par tous ? .

Allées et Venues
Si les tâtonnements liés à l'arrivée de Sheridan sont facilement compréhensibles et excusables, la gestion erratique des personnages l'est moins. Cette saison restera comme celle où ils ont été le plus mal gérés, en partie pour des raisons créatives, en partie pour des raisons extérieures. Le personnage de Warren Keffer, ajouté à la distribution principale, est pratiquement inexistant. Après plusieurs tentatives d'en faire quelque chose dans la première moitié de la saison, alors que s'enchaînent les épisodes isolés, le personnage sombre finalement totalement dans l'oubli, JMS abdiquant à l'idée que sa seule fonction est de mourir dans le season finale. Décevant, le résultat sera le contraire de celui escompté : lorsque Keffer est détruit par un Vaisseau des Ombres, on s'en fiche totalement. Dans la première moitié de la saison, les extraterrestres de la série s'efface un peu. Plusieurs épisodes passent sans qu'on y aperçoive Londo ou G'Kar, et Delenn est à peine mieux lotie. Pendant ce temps, le personnage de Talia Winters est extrêmement présent (en partie parce que Andrea Thompson, son interprète, souhaitait jouer un rôle plus important). Elle en devient presque envahissante, la série allant jusqu'à enchaîner deux épisodes où elle tient la vedette. Elle retourne en arrière plan dans la deuxième moitié de la saison, puis Thompson choisit de claquer la porte. A quatre épisodes de la fin de la saison, son personnage est donc purement et simplement supprimé, au travers d'un épisode qui n'a d'autres choix que de résoudre les story-lines les plus importantes de ce personnage, oubliant les autres. Enfin, Mary Kay Adams a remplacé Julie Caitlin Brown dans le rôle de Na'Toth. Elle n'a jamais trouvé ses marques. Elle apparaît dans le deuxième épisode de la saison, puis dans le 12ème. Ce sera son dernier. On ne fera même plus aucune référence au personnage avant la fin de la saison 3, où il sera évoqué au détour d'une pharse.
Tout cela n'est pas très en faveur de l'homogénéité de l'ensemble, mais cela dit ne reste qu'un détail face au reste, qui compose la saison ou Babylon 5 décolle totalement, avant que la série atteigne des sommets l'année suivante.

 

EN BREF :
Une excellente saison qui met tout l'Univers de la série en mouvement au travers d'épisodes qui restent dans les mémoires longtemps après leur visionnage.

 

 

 

Polaris