M i l l e n n i u M Saison 3 virtuelle Française EPISODE 3sv09 : MEDICE, CURA TE IPSUM Ecrit par Sullivan LePostec sullivanlp@gmail.com PRECEDEMMENT DANS MILLENNIUM > RIVIERE - EXT. NUIT Extrait de The Fourth Horseman (2x22): La cérémonie d'initiation de Lara Means selon les rites anciens de Millennium. > CABANON - INT. NUIT Extrait de The Time is Now (2x23): dans la cabanne, Lara Means devient folle. PETER (OFF) la cérémonie d'intronisation de Lara s'est mal passée... Elle a du voir...ce qui se passait. > MAISON JAUNE - INT. JOUR Peter Watts et Roméo Luther sont réunis autour de Frank dans cette séquence extraite de HYLIKON (3sv02) FRANK Depuis des années, Millennium garde dans des entrepôts secrets des souches de Marburg. > LABORATOIRE DE L'ENTREPÔT DU BASSIN SIDERURGIQUE - INT. NUIT Une silhouette indéfinissable marche dans les couloirs blancs. Une main ganté ouvre un tiroir réfrigéré où elle prend une fiole métallique qu'elle remplace par une autre. FRANK (OFF, CONTINUANT) Il y a quelques semaines, un membre du Groupe s'est introduit dans l'entrepôt, et a volé une souche. Un membre dont la véritable allégeance n'allait pas envers Millennium. ROMÉO (OFF) Luminaires ? > BUREAU DE REZNOR - INT. JOUR Une silhouette pose une boite sur le bureau de Kiele Reznor. Celui-ci se redresse sur son fauteuil et ouvre la boite avec un air satisfait. La petite fiole métallique s'y trouve. FRANK (OFF) Ce Kiele Reznor savait alors qu'il allait pouvoir commencer son œuvre. Le choix entre les ''Purs'' et les ''Impurs''. Les 'Pneumas' et les 'Hylikons'. Ceux qui méritent de connaître le prochain millennium, et ceux qui ne le méritent pas. > SUPERMARCHÉ - INT. JOUR James Duggan entre dans la salle des stocks du supermarché où sont entreposés toutes sortes de produits alimentaires. Il ouvre une fiole et en déverse quelques gouttes sur le plus de produits possible, des viandes notamment. FRANK (OFF, continuant) Après avoir multiplié le virus, ils l'ont remis à celui qui serait chargé d'opérer la contamination. James Duggan. Un homme simple dont l'esprit a été totalement formaté par la secte. Il a transcendé ses capacités, mais il a au passage perdu toute individualité. > MAISON JAUNE - INT. JOUR FRANK Tandis que le chaos se répandait sur terre, Luminaires mettait en place l'autre partie de son plan. > UNE GRANDE SALLE - INT. NUIT Une grande salle, où sont alignés des dizaine de lits. Des gens y sont allongés, endormis. Kiele Reznor entre dans la pièce, passe à coté d'un médecin comme s'il ne l'avait pas vu, et avance entre les lits, regardants les hommes et les femmes qui y sont allongés. PETER (OFF) Tu veux dire...l'enlèvement de Lara ? FRANK (OFF) Et de dizaines d'autres personnes. Je suis sûr qu'ils avaient tous le même Don que Lara. Les Médiateurs... > MAISON JAUNE - INT. JOUR PETER Tout ça était supposé me convaincre de donner une autre chance au Groupe ? FRANK Je n'ai jamais dit que Millennium était exempt de toute faute, simplement qu'il n'avait pas de responsabilité directe. Et surtout que les véritable coupables se trouvent quelque part dehors, en liberté. PETER Mais Millennium est gangrené de l'intérieur, tu l'as dit toi même. APPARTEMENT 37 - INT JOUR Frank, Roméo et Giebelhouse font face à Greg Maeda et Alex Gordon. ALEX GORDON Le millennium des Lumières est sur le point de commencer ! FRANK Roméo ! Vous ne comprenez pas ce qu'ils veulent faire ? ROMÉO C'est vous que je ne comprends pas. ALEX GORDON C'est normal, Roméo Luther. Vous n'êtes pas destiné à comprendre. Roméo les regarde, plus perdu que jamais. GREG MAEDA Oui, nous savons qui vous êtes, Roméo Luther. Et voici qui nous sommes vraiment. Frank jaillit et attrape Roméo par la taille. Il le tire violemment en arrière. Les deux hommes s'écrasent sur le sol au moment où Greg Maeda et Alex Gordon s'enflamment brusquement. D'énormes flammes montent vers le plafond où elles s'écrasent et avancent lentement. > BUREAU DE REZNOR - INT. JOUR Kiele Reznor regarde l'homme qui le seconde, avec un sourire aux lèvres. HOMME RAIDE Le feu purificateur va effacer nos traces, et mettre un terme à cette affaire. KIELE Pour l'instant. FONDU AU NOIR TEASER SEQUENCE 1 - MAISON JAUNE - EXT. NUIT La silhouette de la Maison jaune se dessine dans la nuit. Une légende apparaît à l'écran : ''26 décembre 1998, 06h02'' SEQUENCE 2 - COULOIR - MAISON JAUNE - INT. NUIT Une porte qui était légèrement entrouverte s'ouvre plus nettement. JORDAN sort de sa chambre, faisant des efforts pour se contrôler et cesser de pleurer. Elle pousse la porte de la chambre de son père. SEQUENCE 3 - CHAMBRE DE FRANK - MAISON JAUNE - INT. NUIT Au premier bruit dans la pièce, FRANK se réveille immédiatement. Il se redresse et distingue l'ombre de sa fille qui se dessine dans l'encadrement de la porte. FRANK Jordan ? Il allume sa lampe de chevet. Jordan monte sur son lit, se blottit dans ses bras et ne peut plus retenir ses pleurs. FRANK Jordan, mon ange, qu'est-ce qui se passe ? Tu as fait un cauchemar ? JORDAN Non ! Non, papa, ce n'était pas un cauchemar ! Frank attrape Jordan par les épaules et l'assoit sur ses jambes. FRANK Qu'est-ce que c'était alors, dis-moi ? JORDAN Il est revenu, papa. FRANK (fronçant les sourcils) Qui ça ? JORDAN Il est revenu me dire qu'il y avait des squelettes enterrés les uns sur les autres. FRANK (inquiet) Qui t'as dit ça ? Un temps. Jordan fixe les yeux de son père. JORDAN Le nouvel ange... celui qui fait mal aux yeux. Le regard de Frank quitte celui de sa fille un instant, se perdant dans le vide. FRANK Et... tu le vois souvent ? Jordan fait non de la tête. JORDAN Une seule fois avant. La nuit... Jordan enfouit sa tête dans les bras de son père. Frank attrape le visage de la petite entre les mains, la forçant doucement à le regarder. JORDAN Il était venu me dire que je ne verrai plus jamais maman, mais qu'il serait avec moi. La caméra s'attarde sur la mine concernée de Frank. SEQUENCE 4 - BATIMENT DE LA SURETE PUBLIQUE - SEATTLE - INT. NUIT A l'image, une partie d'un bureau où l'on distingue une horloge qui indique 6h12 et un téléphone qui sonne. Une main le décroche, celle de l'INSPECTEUR GIEBELHOUSE, visiblement au bout du rouleau. GIEBELHOUSE Giebelhouse. SEQUENCE 5 - FRICHES - EXT. NUIT Alterné avec la séq. 4. Un agent de la Police de Seattle, SIMON BELLAMY, filmé en gros plan, se tient, portable à l'oreille, dans un décors de friches boueuses. BELLAMY Bellamy en ligne, Inspecteur. GIEBELHOUSE Ouais. BELLAMY Je suis sur le site qui nous avait été indiqué par l'informateur téléphonique. GIEBELHOUSE Rien qu'à vous entendre, Bellamy, je flaire l'embrouille. Y'a vraiment un macchabée, hein ? La caméra pivote autour de l'agent tout en s'éloignant de lui, le montrant debout de dos, la main gauche posée sur une pelle plantée dans le sol. Devant lui, un petit trou creusé en quelques pelletées. BELLAMY J'ai peur qu'il y en ait plus d'un, Inspecteur. A l'intérieur du trou, parmi divers ossements très abîmés, on distingue nettement deux crânes et ce qui semble être le début d'un troisième. SEQUENCE 6 - FRICHES - EXT. JOUR ''11h17'' Une lourde pluie s'abat maintenant sur les lieux. Une pelle se plante dans de la terre visqueuse, creusant. Le plan devient de plus en plus large et nous découvrons qu'une trentaine d'agents de la police de Seattle sont maintenant affairés à retourner la Terre en friche. Des agents de la police scientifique s'agenouillent sur des bâches plastiques hâtivement posées sur la boue pour extraire délicatement les squelettes. C'est une vision d'horreur. Plusieurs centaines de corps sont en train d'être mis à jour. Giebelhouse, l'air navré, regarde la scène, un peu à l'écart. Le col de son imperméable est remonté. Il tient au dessus de sa tête un dossier en plastique qui le préserve plus ou moins de la pluie. Son portable se met à sonner. Il décroche maladroitement en essayant de rester à l'abris. GIEBELHOUSE Oui. SEQUENCE 7 - UN CONFORTABLE BUREAU - INT. JOUR Alterné avec la séq. 6. Assis tout au fond d'un large fauteuil, le gouverneur CHARLIE DERHALD communique avec Giebelhouse grâce à la fonction haut-parleur de son téléphone. DERHALD Inspecteur Giebelhouse ? GIEBELHOUSE Lui-même. DERHALD Charlie Derhald en ligne. GIEBELHOUSE (très surpris) Monsieur le Gouverneur ? Qu'est-ce qui... ? DERHALD J'ai eu vent de la découverte de vos forces de Police, Inspecteur Giebelhouse. GIEBELHOUSE (La mine pincée) Et ? DERHALD J'ai toute confiance en vos équipes pour ce qui concerne la résolution de cette terrible affaire. Un bref instant, le visage de Giebelhouse de détend. Mais... DERHALD (CONTINUANT) J'ai seulement une recommandation de la plus haute importance. Compte-tenu d'éléments en ma possession, il est totalement exclu qu'un quelconque agent de Millennium soit mêlé à cette investigation. Me suis-je bien fait comprendre ? GIEBELHOUSE Oui, Monsieur le Gouverneur. DERHALD Je sais très bien que vous y avez des amis. Alors n'espérez pas agir derrière mon dos. Bonne journée, Inspecteur. RETOUR SUR LE TERRAIN EN FRICHES Giebelhouse range nerveusement son téléphone dans sa poche. Son regard se tourne vers sa gauche. Un peu à l'écart également, en hauteur, La caméra nous révèle par un travelling latéral le DOYEN, SUZANNE McCARLTON & un nouveau personnage, ELISABETH HALLISTER, du Groupe Millennium. Leurs trois silhouettes se dessinent sur le fond noir de leurs parapluies. Le visage fermé, il assistent à l'ignoble scène. LE DOYEN (regardant droit devant lui) A chaque fois qu'il a été défié, le Groupe a su réagir. Il y a moins d'un an, un de nos ennemi ne s'est pas imaginé que nous pourrions le traquer et le détruire. Nous l'avons fait et le ferons encore. Car rien, maintenant, ne peut être plus important que notre objectif final. Il ne reste que 371 jours. FONDU AU NOIR M i l l e n n i u M GARDER ESPOIR CROIRE AU FUTUR L'HEURE EST PROCHE ? "Car la pénitence est le mouvement de l'injuste au juste. Elle est ainsi "l'entre" qui est entre l'injustice et la justice. Si donc nous sommes toujours en pénitence, nous sommes toujours pécheurs, et pourtant justement pour cette raison, toujours justes et en train d'être justifiés." Martin Luther (1483 - 1546) ACTE 1 SEQUENCE 8 - AMPHITHEATRE 38C - UNIVERSITE DE SEATTLE - INT. JOUR L'amphithéâtre est plein. Il est composé de gens de tous âges. Ils écoutent avec une attention démesurée celle qui s'adresse à eux. Se tenant droite comme un i devant un tableau noir ou elle a tracé une représentation schématique mais détaillée du cerveau humain, nous retrouvons Elisabeth Hallister. Strictement vêtue d'un tailleur beige impersonnel, la femme d'une cinquantaine d'années toise son auditoire derrière de petites lunettes en demi-lune posées au bout de son nez. ELISABETH Une fraction importante des axones qui sortent du cortex y retournent, dans le même ou l'autre hémisphère. D'autres s'arrêtent dans les centres sous-corticaux, comme les noyaux thalamiques. Les fibres qui sortent du cortex entrent donc en contact avec les fibres sensorielles qui envoient leur axone vers le cortex. Des circuits en boucle, avec ré-entrée corticale, peuvent donc se former à ce niveau. Elle s'arrête soudain, les yeux fixés en hauteur. Elle regarde sa montre. ELISABETH Si vous le voulez bien, nous allons prendre une première pause. Presque personne dans la salle ne bouge. Une sorte de petit moment inconfortable passe. ELISABETH Nous reprendrons dans un quart d'heure. Je vous demanderai de bien vouloir tous quitter l'amphithéâtre pendant ce temps. Elisabeth Hallister rencontre des regards éberlués. ELISABETH (comme pour s'expliquer) cela me permettra de moi aussi profiter de cette pause. Quelques uns se regardent, surpris. Des murmures sont échangés. Puis les premiers se lèvent et, bientôt, tous suivent. Le regard d'Hallister se porte vers le haut de l'amphithéâtre. Près d'une porte de sortie se tient PETER WATTS qui observe sans expression sur le visage. Il est filmé impassible au milieu du brouhaha, la foule le contournant pour sortir. Juste à sa gauche, deux HOMMES qui assistent à la conférence discutent en patientant dans la file qui s'est créée devant la sortie. HOMME #1 Quelle peau de vache quand même ! HOMME #2 Attends, madame enseigne à Harvard ! L'Homme #1 rit bêtement. HOMME #1 Ouais, c'est déjà bien qu'elle daigne venir spécialement pendant les vacances prêcher la bonne parole à nous autres, ploucs de Seattle. Elle ne va pas en plus nous respecter ! Les deux se mettent à rire un peu bêtement. Leur regard rencontre soudain celui de Watts. Il les fixe, une expression ultra-sérieuse sur le visage. Les deux cessent de rire et baissent les yeux comme deux enfants qu'on aurait surpris les mains dans la confiture. PETER (gravement) Vous avez tord, vous savez. Le second homme relève la tête vers Peter, l'air curieux. PETER (CONTINUANT) Cela n'a rien avoir avec son poste à Harvard. Elle a toujours été insupportable. Les deux hommes restent sans réaction. Pendant ce court échange, la foule devant Peter s'est un peu atténuée, il en profite pour commencer à descendre les escaliers. Peter gravit les deux marches qui le mènent à l'estrade où l'attends Elisabeth, qu'il fixe du regard. PETER Bonjour Elisabeth. ELISABETH Peter... Je suis plutôt surprise. PETER Vous m'avez contacté, non ? ELISABETH Oui... Mais sans vraiment espérer que vous puissiez accepter de me rencontrer. Peter Watts en entretien avec la leader des Chouettes! C'est en quelque sorte un événement... si vous permettez. Peter hausse les épaules et fait quelques pas vers le tableau noir. Il a les mains l'une dans l'autre derrière son dos. Ses yeux parcourent le schéma du cerveau. PETER Qu'est-ce que vous voulez ? Elisabeth soupire et commence. ELISABETH Ce n'est pas moi, Peter, qui vais vous apprendre l'événement qui vient de se produire. Ce n'est pas moi, non plus, qui vais vous renseigner sur ce qu'il signifie. D'autant moins que vous avez été de ceux qui ont permis de révéler au grand jour l'implication de notre ennemi lors de l'épidémie. Elisabeth Hallister se décourage de fixer le dos de Peter et se dirige vers le bureau. Elle s'assoit. ELISABETH (CONTINUANT) Sans Roméo Luther, Frank Black et vous, le Doyen aurait sans aucun doute gardé cette information pour lui. Et aujourd'hui, cet homme veut notre confiance pour mener la lutte. Pouvons-nous vraiment la lui accorder ? Peter lève la main vers le tableau. On filme son visage, mais on peut deviner que le bras effectue un petit mouvement. PETER Vous tenez vraiment à ce que je réponde à cette question ? Regardant droit devant elle, vers les chaises vides de l'amphithéâtre, Elisabeth esquisse un sourire de ses lèvres pincées. ELISABETH (portant la main à son cartable en cuir) Le Coq, la Chouette et le Candidat. D'une certaine manière, Peter, cette alliance inattendue préfigure ce que je souhaite tenter aujourd'hui. PETER Ne vous méprenez pas, Elisabeth, je n'ai pas de lien avec Luther. La chef des Chouettes sort de son cartable un dossier fin, dont la couverture porte un A stylisé. ELISABETH C'est un marginal. Je me doute que vous ne partagez pas grand-chose. Contre toute attente, il est possible que vous ayiez plus de points communs avec moi et quelques-uns de mes contacts. Elisabeth se lève et tend le dossier à Peter. Il le regarde avec une pointe de curiosité. ELISABETH L'Alliance. C'est un rassemblement de membres du Groupe. Des séculiers, des religieux... Nous ne sommes pas lié par la croyance en un millennium spécifique, Peter. Nous le sommes par notre conviction que le Doyen est néfaste au Groupe. Et qu'il faut nous en débarrasser. En plan serré sur le visage de Peter qui fixe Elisabeth du regard, un instant de tension s'installe, aidé par la musique qui va crescendo et s'éteint tout à coup, lorsque Peter attrape le dossier. PETER Je vous tiendrai au courant. Sans un mot de plus, il descend l'estrade et se met en marche vers la sortie la plus proche. Elisabeth Hallister le regarde s'éloigner. Avec un mouvement un peu agacé elle se retourne soudain. Mais elle s'arrête, fixant quelque chose du regard. La caméra s'approche d'elle lentement jusqu'au très gros plan. Sur le schéma du cerveau, Peter a effacé du bout du doigt une petite zone vers l'arrière. SEQUENCE 9 - MORGUE DU BATIMENT DE LA SURETE PUBLIQUE - INT. JOUR Giebelhouse puis Frank entrent dans la pièce par l'ascenseur. L'Inspecteur se dirige vers les compartiments réfrigérés où sont stockés les corps. Il ouvre un tiroir, révélant le sac plastique dans lequel la victime est emballée. Descendant la fermeture éclair, Giebelhouse dévoile un squelette abîmé. A la vision du cadavre, Frank fronce immédiatement les sourcils, comme sous l'effet d'une douleur sourde. VISION INTERNE DE FRANK : - Point de vue d'une personne perdue au milieu d'une foule, entièrement nue, tout comme elle. Une foule par laquelle elle se fait bousculer. Tous ont les mains attachées dans le dos. En fond sonore, des hurlements de douleur ininterrompus. GIEBELHOUSE L'examen préliminaire du corps révèle qu'il a été détruit à l'acide. De l'acide nitrique. De toute évidence, le traitement aura effacé toute trace de ce qu'ont subi les victimes. A moins qu'on puisse identifier des impacts de balles sur les squelettes. FRANK Non. C'est l'acide qui les a tués. VISION INTERNE DE FRANK : - Une personne nue, suspendue à un câble, que l'on descend lentement. - Quelqu'un sur qui on impose violemment un masque respiratoire. - Toujours ces hurlements. Frank porte la main à son front. FRANK Mon Dieu ! VISION INTERNE DE FRANK : (Plus longue qu'à l'accoutumée, elle s'étend sur 15 ou 20 secondes) - Une personne portant un masque respiratoire qu'on pousse vers l'avant. On entend les gémissements d'une personne et le son d'une respiration intense. - La surface d'un liquide, calme. Silence total. - Des fers qui encerclent un poignet. On entend des cris de peur. - La même surface liquide, si agitée que presque bouillonnante. On entend, ici et sur toutes les images suivantes, des cris de douleurs atroces et multiples. - Un pied qui atteint la surface liquide et s'agite soudain sous le coup de la douleur. - Une personne suspendue nue, se tordant de douleur. Les fers autours des poignets s'ouvrent et libèrent l'homme. - Pendant un très bref instant, un écran de bruit blanc et de 'neige'. - Insert sur l'œil grand ouvert d'une personne terrifiée. On entend en plus des cris le 'plouf' du corps. - Le liquide agité qui martèle le bord d'une cuve, sur le son des cris, encore plus intenses. - A nouveau, la 'neige' et le bruit blanc envahissent l'écran sur lequel ils s'imposent cette fois... Comme chancelant, Frank fait quelques pas vers le mur contre lequel il s'appuie des deux mains, la tête baissée. FRANK Gieb... ! GIEBELHOUSE Frank, est-ce que ça va ? FRANK (se redressant péniblement) On leur a mis des masques, pour qu'ils ne meurent pas des émanations de gaz. La douleur de l'acide sur leur peau... Les corps plongés... Toute cette souffrance... Giebelhouse reste un instant à observer Frank la bouche ouverte, peinant à imaginer ce que Frank, lui, vient de ressentir par empathie. Tout-à-coup, il referme le plastique du squelette et le range dans son compartiment. GIEBELHOUSE (Gêné) Bien sûr, l'identification des corps va être très difficile. Des dossiers dentaires complets seront notre seul soutien et il faudra compter sur l'abrasion des dents par l'acide pour compliquer les choses. Frank s'est redressé et retourné vers Giebelhouse. Il hoche la tête. FRANK Le Groupe fournira les dossiers dentaires de ses disparus. GIEBELHOUSE Frank, l'enquête va prendre du temps. Frank fronce les sourcils, son regard se plante dans celui de Giebelhouse. FRANK Qu'est-ce que tu veux dire ? GIEBELHOUSE (Gêné aux entournures) Je veux dire qu'il va falloir nous laisser travailler. FRANK Gieb, il est bien évident que nous- que je vais collaborer à cette enquête. GIEBELHOUSE Je regrette, Frank, c'est impossible. Cette affaire me dépasse de loin, tu t'en doutes bien. Mais, de toute manière, je suis plutôt d'accord avec ça. Millennium est trop concerné Frank. Tous ces gens... (Il soupire) Tu sais tout cela aussi bien que moi. Les mâchoires serrées, Frank acquiesce nerveusement, comprenant qu'il n'a pas le choix. Mais il n'est pas d'accord. SEQUENCE 10 - JEEP DE FRANK - UN PARKING - EXT. NUIT ''19:06'' FRANK est assis au volant de sa Jeep à l'arrêt. Son regard est perdu dans le vague. FLASH-BACK HYLIKON (3sv02) - UN JARDIN PUBLIC - EXT. JOUR Frank, Peter et Roméo marchent dans une allée. ROMÉO Il y a une chose que je veux demander. A vous, Peter, et à vous, Frank... PETER Quoi donc, Luther ? ROMÉO Si nous devons lutter contre cet ennemi invisible qui se fait passer pour l'un des nôtres, alors nous ne serons pas trop de trois. Et nous auront besoin de nous faire totalement confiance -- totalement. Les trois hommes se regardent silencieusement un instant. Roméo fixe Peter des yeux. Celui-ci finit par lui faire oui de la tête. Une fois qu'il a assisté à ça, Frank regarde Roméo droit dans les yeux : FRANK Vous avez toute ma confiance, Roméo. Gros plan sur Roméo, qui montre sa satisfaction, puis sur Frank. Les deux hommes se serrent la main. RETOUR AU PRESENT : On entend le bruit d'un moteur fatigué. Frank tourna la tête et la DS de Roméo apparaît, bientôt suivie par la voiture de Peter. Les deux hommes se garent et laissent leurs véhicules pour monter dans la Jeep de Frank. Peter s'assied sur le siège passager tandis que Roméo prend place au milieu de la banquette arrière, ses contacts avec Frank se faisant donc par le truchement du rétroviseur. Frank, d'ailleurs, guette Roméo par le miroir, comme en attente d'une blague qui ne viendra jamais. Les mâchoires du Français sont serrées. La Jeep de Frank démarre et quitte le parking rapidement. SEQUENCE 11 - JEEP DE FRANK - FRICHES - EXT. NUIT Un moment plus tard, la Jeep de Frank est maintenant en campagne. Les trois hommes sont en train de discuter. PETER Nous savons qui sont les responsables. FRANK Ils se font appeler Luminaires. C'est tout ce que nous savons. Peter, les yeux droits devant lui, reste silencieux. ROMEO Nous savons que l'un d'eux se cache parmi les membres de Millennium. Frank et Roméo échangent un regard dans le rétroviseur. Un instant passe. ROMEO (REPRENANT) (prudemment, les yeux baissés) Frank... vous pensez que Lara Means figure parmi les corps ? FRANK (Gravement) Je n'ai aucune raison d'en douter. Le véhicule de Frank arrive aux abords du site où les squelettes ont été retrouvés. Une dizaine de voitures de la police de Seattle stationnent à l'entrée des lieux et barrent la route, tous phares allumés. ROMEO Qu'est-ce qu'ils font tous là ? FRANK Giebelhouse refuse que nous collaborions à l'enquête. Mais je ne pensais pas qu'il nous empêcherait d'accéder aux lieux. Roméo fronce les sourcils dans le rétroviseur, marquant son incompréhension. Le temps de ce bref échange, une voiture s'est approché de la Jeep rouge. L'AGENT leur fait signe de baisser leur vitre. AGENT Messieurs, circulez, s'il vous plaît. ROMEO (baissant sa vitre) Nous sommes du Groupe Millennium et... AGENT Cette enquête est l'affaire de la Police de Seattle. Circulez, je ne vous le dirai pas une troisième fois. Agacé, Frank redémarre sa Jeep. A ses cotés Peter garde les mâchoires serrées tandis que Roméo garde ses yeux écarquillés fixés sur l'agent. ROMEO On va de surprises en surprises... Un temps. FRANK (parlant très vite, mais comme las) J'avais été averti de cette découverte. ROMEO Pardon ?! Peter réagit à son tour et fixe soudainement Frank, l'air concerné. FRANK Ce matin, Jordan m'a... PETER Frank ! Tu... FRANK Il est temps, Peter. Frank fixe Peter un instant, qui décide de rester silencieux même si son visage exprime son désaccord. Les yeux de Frank se plantent à nouveau dans le rétroviseur. FRANK Vous savez pour mon Don, Roméo. Il y a une chose que seuls ma femme, Peter, Lara et moi avons jamais su. Jordan... Ma fille est affectée par une certaine forme de ce don. C'est quelque chose...qu'elle partageait avec Lara. Roméo se recule et s'assoit tout au fond de la banquette, perdant du même coup le contact visuel avec Frank. ROMEO (lentement) Vous êtes en train de me dire que votre fille voit des anges lui apparaître... Personne ne répond. Roméo reste parfaitement impassible tandis que Peter lance un bref regard inquiet vers Frank. SEQUENCE 12 - MAISON JAUNE - EXT. NUIT Frank gare sa Jeep dans l'allée. Il attrape des papiers sur le siège passager. Au moment de sortir, son regard se fixe dans le rétroviseur extérieur. Une SILHOUETTE sombre, dehors, regarde fixement en direction de la voiture. Sans plus attendre, Frank sort du véhicule. Il se dirige vers le coté de la Maison Jaune. Frank traverse le jardin, saute par dessus un muret qui le sépare du jardin du voisin. Puis il revient vers la rue qu'il longe en se serrant contre la haie. La silhouette est toujours là, observant la maison jaune. Frank s'en approche lentement. FRANK Qui êtes-vous ? L'homme se retourne vivement. Son visage se détend lorsqu'il reconnaît Frank. Il esquisse un sourire. C'est un homme d'apparence juvénile. Il porte un épais blouson noir dont le col relevé garde dans la pénombre le bas de son visage. Des cheveux noirs, un teint laiteux ; il dégage calme et douceur. L'INTERMEDIAIRE Monsieur Black. Excusez-moi, je n'avais pas l'intention de vous effrayer. FRANK (ferme) Qui êtes-vous ? L'INTERMEDIAIRE Disons... Un intermédiaire. Frank considère l'homme un instant. FRANK Et entre qui vous proposez-vous de jouer les intermédiaires ? L'INTERMEDIAIRE Entre vous et... Le futur qu'il faut éviter. FRANK Je n'ai pas de temps pour ça. Il contourne le jeune homme, décidé à rejoindre sa maison. L'INTERMEDIAIRE Frank ! Vous devez vous tourner vers l'avenir. Ne vous laissez pas tenter par ceux qui cherchent à vous plonger dans les tourments du passé. FRANK (s'avançant vers l'homme) Qui ça ? De qui parlez-vous ? L'INTERMEDIAIRE Il y a une autre chose que vous devez savoir. Ce futur, Frank, vous devrez l'affronter seul. Ne croyez pas pouvoir vous appuyer sur qui que ce soit. Si vous avez jamais eu des alliés, vous n'en avez plus. FRANK (secouant la tête) Vous n'en êtes certainement pas un. Il reprend son chemin vers sa Maison. L'Intermédiaire l'interpelle, mais cette fois, Frank ne s'arrête pas. L'INTERMEDIAIRE Encore une chose, Frank. C'est un appel anonyme qui a mis votre ami Giebelhouse sur la piste de la fosse commune. Faites chercher l'origine de cet appel. Parvenu devant sa porte, Frank sort ses clefs et ouvre la porte en fronçant les sourcils. L'INTERMEDIAIRE (criant) Cherchez la source, Frank ! L'homme observe Frank disparaître à l'intérieur de la maison. SEQUENCE 13 - Q.G. DU GROUPE - SALLE DU CONSEIL - INT. NUIT Le Doyen est debout, face à la vitre sombre de la fenêtre qui lui renvoie son reflet affadit. Il consulte sa montre : 21h11. La table du Conseil a deux places vides : celle du Doyen en bout de table, et la chaise la plus proche à sa gauche. SUZANNE McCARLTON, CAROL FINLEY et quatre autres Coqs sont du coté droit de la table. A gauche, tout au bout derrière les autres membres de son camp se trouve Roméo Luther qui tapote la table du bout de ses doigts. Un mouvement et un bruit constant sur lesquels l'attention de Suzanne semble fixée. Enfin, Elisabeth Hallister apparaît dans l'embrasure de la porte et, sous le regard des 11 autres membres et du Doyen qui se retourne finalement, elle vient s'installer à sa place. ELISABETH Pardonnez mon retard. Des affaires à... DOYEN Bien. Vous savez ce qui nous réuni ici. La Police de Seattle vient de me transmettre un rapport. Ils confirment de manière définitive l'identité d'un des corps. Il s'agit de Cathy Mindelof, candidate à l'intégration au Groupe au moment de sa disparition. SUZANNE Il ne fait pas de doutes que les 300 corps sont ceux de nos disparus. DOYEN Notre ennemi se dévoile finalement. Nous saurons le lui faire regretter. ROMEO (sarcastique) Pourtant, les forces de Police refusent que nous soyons associés à l'enquête. Un temps. Le Doyen fusille Roméo du regard tandis que les autres membres du Conseil, à l'exception de Suzanne et Elisabeth, parlent entre eux. DOYEN Nous travaillons à rétablir notre position. C'est une question de temps. Roméo opine en regardant le Doyen avec un sourire énigmatique aux lèvres. ELISABETH (faisant revenir le silence) Si vous le permettez, j'aimerais profiter de ce moment pour faire une annonce. Le Doyen lève vers Elisabeth des yeux curieux et agacés. ELISABETH (CONTINUANT) J'ai la joie de vous annoncer que Peter Watts a accepté de reprendre de manière permanente son travail pour le Groupe. Suzanne et le Doyen échangent un regard surpris. Suzanne se retourne ensuite vers Roméo qui, visiblement, n'en savait pas plus. ELISABETH (CONTINUANT) Sous réserve que ce Conseil entérine cette proposition, Peter dirigera la Commission de Réflexion sur l'Union du Groupe que je souhaite créer. Mesdames et Messieurs, c'est le moment ou jamais d'enterrer les divisions qui nous affaiblissent. Nous devons saisir cette chance. Roméo se penche sur sa chaise pour mieux fixer, les yeux écarquillés, la leader des Chouettes. DOYEN Mais... ELISABETH (fixant le Doyen) Elle n'aura aucun pouvoir exécutif. Il s'agit d'une force de réflexion et de proposition. Je suggère que nous votions la création de cette Commission. Qui est contre ? Un temps très bref. Personne ne bouge réellement. Elisabeth Hallister fait une inscription sur ses notes. ELISABETH (CONTINANT) Qui est pour ? Elisabeth fixe un à un les membres du Conseil. Tous finissent par lever la main, à l'exception de Roméo. Le regard d'Elisabeth se fait insistant en direction du Français, mais il ne bouge pas. ELISABETH (CONTINUANT) Nous avons donc douze pour et une abstention. La proposition est adoptée. Elisabeth fait une note sur ses papiers puis relève un visage triomphant. Roméo secoue la tête, un air goguenard sur le visage. SEQUENCE 14 - Q.G. DU GROUPE - COULOIR - INT. NUIT Un homme s'avance d'un pas lourd dans les couloirs du Groupe. Il s'agit de Peter Watts. Il arrive devant une porte qu'il ouvre et referme derrière lui. La plaque sur la porte affiche son nom, au dessus d'un petit ouroboros. SEQUENCE 15 - Q.G. DU GROUPE - BUREAU DE WATTS - INT. NUIT Watts, debout près de la porte, contemple la pièce. Un bureau luxueux, tout en bois sombre. Il se décide finalement à s'avancer et vient s'asseoir à son bureau. Il se penche vers l'ordinateur. PETER (sur-articulant) Mon Dieu, c'est plein d'étoiles. Le moniteur informatique authentifie la voix de Watts et affiche le serpent bien connu. En son centre : ''Welcome back, Peter 371 days remaining'' FONDU AU NOIR ACTE 2 SEQUENCE 16 - BUREAU DE REZNOR - INT. NUIT Vue sur un très vieux livre aux pages jaunies. Une main tourne lentement les pages écrites à la main en Grec ancien. C'est KIELE REZNOR, la tête de Luminaires, qui tourne ces pages dans son bureau, un sourire de satisfaction sur le visage. L'HOMME RAIDE qui le seconde se trouve debout vers la porte, droit comme un "i", comme à son habitude. HOMME RAIDE Les nouvelles sont bonnes, Monsieur. KIELE Je n'en doute pas. HOMME RAIDE Nos dispositions ont produit leur effet. Les voilà repliés comme des bêtes traquées. La panique les guette. KIELE Comme il se doit. Leurs pratiques barbares... HOMME RAIDE ...Seront punies à leur juste mesure, Juste des Justes. Ils vont bientôt découvrir le second coup que nous leur avons porté. KIELE (relevant soudainement la tête vers l'homme) Il les blessera dans leur chair. Alors ils commenceront à comprendre la terrible ironie : ils seront terrassés avant que ne sonne l'heure du millennium. Ménageant un effet dramatique, Reznor laisse passer un temps pendant lequel il fixe l'homme droit dans les yeux. Ce dernier affiche un air de satisfaction grave. HOMME RAIDE La vengeance est le sentiment naturel de l'homme, le pardon l'expression magnanime de sa lâcheté. KIELE Le Plérôme nous est réservé. Débarrassés de nos ennemis, ils nous appartiendra d'en organiser l'accès lorsque, enfin, l'heure sera venue. SEQUENCE 17 - Q.G. DE MILLENNIUM - COULOIR - INT. NUIT Dans le couloir à l'extérieur de la salle du Conseil, Roméo est maintenant seul avec Carol Finley. ROMEO Carol, j'en avais jamais entendu parler ! CAROL Je ne sais pas ce que vous croyez, Roméo, mais vos liens avec Frank Black et Peter Watts sont bien connus. ROMEO Et moi je ne sais pas ce qui se dit, mais je suis certain que mes liens avec Peter Watts sont très largement exagérés. Nous ne sommes liés que par Frank. Il ne me fait pas confiance, et je suis le dernier à qui il ferait des confidences. CAROL Je sais que vous l'avez vu ce soir. ROMEO (franchement agacé) Je l'ai vu, et il ne m'a pas parlé. Je suis désolé, Carol, mais je n'ai pas la nuit devant moi. Et cette conversation ne mène nulle part de toute façon. CAROL (hochant la tête durement) Je vous ai à l'œil, le Français. Et là-dessus, elle tourne les talons et s'éloigne dans le couloir, laissant Roméo pantois. Il bouge finalement pour se diriger vers la porte proche de la cage d'escalier. SEQUENCE 18 - Q.G. DE MILLENNIUM - CAGE D'ESCALIERS - INT. NUIT Roméo s'apprête à descendre quand il entend des voix venant de plus haut. Ce qu'ils disent est inaudible, mais une voix masculine est familière. Roméo s'approche du centre de la cage d'escalier et regarde vers le haut. Deux étages plus haut, des silhouettes... Roméo monte sans bruit les marches pour tenter d'obtenir une meilleure vision. Bientôt, il réussit à apercevoir Elisabeth Hallister, puis une Chouette, JOHN HARRISON. Et enfin, la voix familière... Peter Watts. Roméo fronce les sourcils et continue de gravir les marches. SEQUENCE 19 - MAISON JAUNE - BUREAU DE FRANK - INT. NUIT Frank est devant son ordinateur. Le téléphone sonne, il décroche machinalement sans quitter l'écran des yeux. FRANK Frank Black SEQUENCE 20 - DS DE ROMEO - INT. NUIT Alterné avec la séq. 19. Roméo roule dans sa DS dans le centre de Seattle ROMEO Frank, vous n'allez jamais croire ce que j'ai à vous dire. FRANK Roméo ? ROMEO Vous étiez au courant que votre copain Peter fricotait avec des Chouettes ? FRANK Qu'est-ce que vous dites ? ROMEO La brebis égarée est revenue au bercail, on dirait. Elisabeth Hallister vient de pistonner Peter à la tête d'une Commission de Réflexion sur l'Union du Groupe. Oui, à moi aussi ça m'a fait un choc. Mais c'est rien à coté du contenu de leurs petites rencontres secrètes. FRANK Peter...? Avec Elisabeth Hallister...? ROMEO Elle a reçu un coup de fil pendant la rencontre de leur petit club. Frank...ils ont retrouvé Lara. FRANK Vous voulez dire...qu'ils ont identifié son corps ? ROMEO Je veux dire qu'elle est dans une chambre de l'hôpital public de Seattle. Vivante. Le visage de Frank se fige. SEQUENCE 21 - HOPITAL - HALL - INT. NUIT "23h34" Une porte à double battant s'ouvre violemment et révèle Frank Black, de la sueur sur le visage, qui arrive pratiquement en courant. Ses yeux parcourent le hall, à la recherche d'un interlocuteur... qu'il ne trouve pas. Une agitation incroyable règne dans les lieux, traversés par des policiers, des pompiers, mais pas de personnel hospitalier clairement identifiable. D'un coté du hall sont regroupés une bonne vingtaine de patients. Certains debout, enrubannés dans une couverture, d'autres dans des brancards. Frank fronce les sourcils, perplexe. Il interpelle un pompier qui passe. FRANK S'il vous plaît!... POMPIER Monsieur, les admissions sont fermés, orientez-vous vers l'hôpital militaire. FRANK J'ai une amie... Je sais qu'elle est ici. Lara Means. Le pompier était pratiquement déjà parti, mais il s'arrête soudain et regarde Frank un instant, l'air consterné. POMPIER Vous êtes? FRANK Frank Black. POMPIER Bougez pas d'ici. Le pompier s'éloigne. POMPIER (dans son talkie) PK 310 à Control. J'ai quelqu'un ici qui... Le Pompier disparaît derrière une double porte. CHEF EQUIPE INTER (OFF) Dégagez devant!!! Frank se retourne pour découvrir une équipe d'intervention médicale d'une quinzaine d'hommes transportant plusieurs grosses valises de matériel et entièrement équipés de combinaisons anti-contamination biologique. Ils sont menés par le CHEF D'EQUIPE D'INTERVENTION qui vient d'interpeller Frank. CHEF EQUIPE INTER Ne restez pas dans le passage!... Mais personne ne laisse à Frank le temps de s'écarter. Tout autour de lui, les hommes passent avec leurs caisses roulantes ou portées. Une fois les hommes passés, Frank se décale et se dirige vers le groupe de malades qui patiente. Il regarde autour de lui les visages fatigués ou apeurés. Une jeune fille dont toute la partie droite du visage est recouverte par un large pansement se trouve à coté de lui et semble relativement calme. Il s'adresse à elle. FRANK Excusez-moi mademoiselle... Qu'est-ce qui se passe ici? La fille au pansement n'a pas le temps de répondre. Derrière Frank, une FEMME BOURRUE d'une cinquantaine d'années l'a entendu. FEMME BOURRUE C'qu'y s'passe? C'qu'y s'passe! On aim'rait bien l'savoir! Jetés dehors de nos chambres en pleine nuit! C'est beau l'hôpital public! GIEBELHOUSE (OFF) Frank! Frank se retourne et découvre Giebelhouse devant la porte derrière laquelle le pompier avait disparu. Il se dirige rapidement vers lui. FEMME BOURRUE (OFF) (elle crie dans le fond) Un scandale! C'est un scandale!! FRANK Gieb, qu'est-ce... GIEBELHOUSE (en colère) Comment tu as su? FRANK (vexé) Comment ça?! C'est mon amie, je... Giebelhouse soupire et secoue la tête. FRANK (REPRENANT) Où est-elle ? D'un signe de tête, Giebelhouse montre à Frank la porte d'où il vient. Frank s'apprête à prendre ce chemin mais Giebelhouse dresse son bras pour lui barrer la route. FRANK Gieb, laisse-moi... GIEBLEHOUSE (énervé mais las) Tu ne peux pas... Personne ne peux. Lara Means est en quarantaine. L'aile sud de ce putain d'hôpital est en quarantaine, et le reste en train d'être évacué. FRANK (la compréhension s'affiche sur son visage) ...Marburg...? GIEBELHOUSE (hochant la tête) On en a trouvé des traces. Des analyses sont en cours. Frank et Giebelhouse s'échangent un long regard. GIEBELHOUSE (REPRENANT) Si tout ce bordel recommence...! Frank fronce les sourcils, Giebelhouse baisse le regard. FRANK Tu as fait la recherche sur l'origine de l'appel? GIEBELHOUSE (Il bat l'air de sa main) Reste hors de ça. FRANK Gieb! GIEBELHOUSE C'est exactement pour ça que je ne veux pas que Millennium soit mêlé à tout ça ! C'est exactement pour ça que je ne veux pas que tu t'en mêle !! FRANK Qu'est-ce que tu veux dire? GIEBELHOUSE Je te réponds parce que tu es mon ami et... FRANK Qu'est-ce que tu veux dire ?!! GIEBELHOUSE Il nous est impossible d'identifier le poste à l'intérieur de la structure... Et je suis certain qu'étrangement, le Groupe n'y arrivera pas non plus. FRANK Comment ? Tu... GIEBELHOUSE L'appel provenait du Q.G. de Millennium, Frank. Frank baisse la tête vers le sol, concentré sur ses pensées. SEQUENCE 22 - DS DE ROMEO - CAMPAGNE - EXT. NUIT "00h08" Roméo, secoué par les soubresauts de sa DS sur la route mal entretenue, conduit tous feux éteints. Il jette son portable qu'il vient d'utiliser sur la banquette passager et tourne le volant pour se diriger à une vitesse immodérée en plein champ. Il se gare derrière une haie. Roméo sort de son véhicule et le contourne pour attraper du matériel dans son coffre. Puis il part en courant à travers champ. SEQUENCE 23 - FRICHES - EXT. NUIT Roméo est arrivé sur le site de la fosse commune. Il s'accroupit derrière un bosquet et observe les silhouettes de deux policiers qui se détachent sur le ciel étoilé. Une voiture est toujours en patrouille dans les parages, il en distingue les phares au loin dans la nuit. Roméo s'approche lentement des lieux où les mises à jour des squelettes sont en cours. Il fait les derniers mètres en rampant et saute dans un trou creusé. Il pose alors à terre le petit sac contenant son matériel. Il en sort des gants qu'il enfile, ainsi que des sachets de prélèvement. Il collecte de la terre qu'il place dans deux sachets. Il referme l'un avec du ruban adhésif rouge, l'autre avec du ruban noir. Il fait de même avec un petit fragment d'os qu'il parvient à collecter. SEQUENCE 24 - DS DE ROMEO - CAMPAGNE - EXT. NUIT On retrouve Roméo près de sa voiture. Il ouvre la portière du coté passager et jette sur le fauteuil son sac. Il fait le tour du véhicule par l'avant et, en passant, tape deux fois sur le capot, ce qui a pour effet d'allumer les phares de la DS. Il vient ensuite s'installer à la place du conducteur et démarre, mettant le véhicule en direction de la chaussée qu'il rejoint bientôt. Roméo jette un oeil dans le rétroviseur de gauche et distingue au loin les gyrophares d'une voiture de police. SEQUENCE 25 - DS DE ROMEO - CAMPAGNE - UN MOMENT PLUS TARD - EXT. NUIT Roméo est debout, les jambes écartées et les deux mains posées à plat sur le toit de sa DS. Le POLICIER DE GARDE, puissante lampe de poche en main, est en train de faire le tour de la voiture. Il referme le coffre, vide, et s'avance vers l'habitacle. Il remarque le sac sur la banquette passager et ouvre la portière. Il défait la fermeture du sac d'un geste brusque de la main et l'ouvre en grand. Il est rempli de sachets de prélèvements fermés de rubans rouges. Le Policier de garde relève sa lampe de poche vers le visage de Roméo qui plisse les yeux dans la lumière. SEQUENCE 26 - HOPITAL - AILE SUD - INT. NUIT "27 décembre 1998, 06h18" Nous sommes dans un large couloir. A une dizaine de mètre, seule la lumière filtre derrière une bâche plastifiée épaisse et translucide. Une main gantée en écarte un des pans et apparaît Giebelhouse, revêtu d'une blouse médicale et portant un masque respiratoire de protection sur le visage. Il se rapproche de la porte de la chambre '11 20' et, les sourcils bas sur ses yeux soucieux, observe par la vitre ce qu'il se passe à l'intérieur. SEQUENCE 27 - HOPITAL - CHAMBRE 11 20 - INT. NUIT C'est une très grande chambre, à l'intérieur de laquelle une seconde a été aménagé: sorte de grand cube de plastique transparent sous-pressurisé au centre duquel se trouve le lit d'hôpital sur lequel est allongée LARA MEANS, endormie ou inconsciente. Autour d'elle trois médecins entièrement équipés de tenues de protection biologiques sont affairés à réaliser des prélèvements: prise de sang, échantillons de cheveux et de peau. SEQUENCE 28 - HOPITAL - SALLE D'ATTENTE - INT. NUIT Une femme, JEANE CAVELOS, dans la quarantaine, est assise sur une des chaises plastifiées de la salle vide où attendent habituellement les patients non prioritaires en attente d'un examen par les médecins urgentistes. Strictement vêtue et l'air sérieuse, elle consulte un dossier posé sur ses genoux. Elle remarque soudain Giebelhouse qui arrive par l'entrée des médecins. Elle referme son dossier, se lève et se dirige vers lui. CAVELOS (faisant un signe de tête en guise de bonjour) Inspecteur. J'ai du nouveau pour vous. GIEBELHOUSE (soupirant) Je vous écoute. CAVELOS J'ai travaillé sur les deux individus qui à ce stade, ont été formellement identifiés. GIEBELHOUSE Le second lui aussi travaillait pour Millennium, n'est-ce pas ? CAVELOS Leur lien avec Millennium est avéré, Inspecteur. GIEBELHOUSE (fatigué et impatient) Ce qui veut dire, Madame Cavelos? CAVELOS Que les liens de Cathy Mindelof et Gary Romita avec le groupe Millennium sont certains. Mais qu'ils ne sont pas nécessairement ceux que vous vous imaginiez. Ni ceux qu'on vous a laissé supposer. Giebelhouse fixe un moment la femme. GIEBELHOUSE Suivez-moi, vous allez me montrer ça. D'un geste maladroit de la main, il lui montre la porte par laquelle il est entré. Du coté de l'entrée visiteur de la pièce, on découvre Frank Black, qu'ils n'ont pas remarqué, et qui les regarde s'éloigner, les sourcils froncés. ROMEO (OFF) Frank ! Frank se retourne et voit Roméo arriver par le hall. Le Français entre dans la pièce, un rapport froissé sous le bras. ROMEO J'ai le rapport d'expertise préliminaire de certains échantillons recueillis sur le site de la fosse commune. FRANK Quels échantillons ? ROMEO Je vous ai laissé un message... Frank porte la main à sa poche et en sort son portable. L'écran affiche la réception de trois nouveaux messages. FRANK Je... ROMEO C'est rien. Je vous y disais que j'allais profiter de ce que la surveillance du site ait été réduite au minimum. Ils se sont recentrés sur l'hôpital, au cas où il faudrait gérer des mises en quarantaine ou des mouvements de panique. J'ai pu en ramener des échantillons que j'ai cachés sous ma DS. Elle est pleine de ressources. Frank hausse un sourcil dubitatif. ROMEO (CONTINUANT) Bref, l'étude de la végétation indique qu'elle a commencé à pousser sur les lieux aux environs de la fin du mois d'août ou au début de septembre. Ce qui signifierait que les enlevés auraient été gardés en vie trois mois après l'épidémie. FRANK Le temps pour Luminaires de s'assurer qu'ils n'avaient pas ce qu'ils cherchaient ? ROMEO Peut-être. FRANK Hum. ROMEO (sortant un sachet fermé de noir) Quand à la terre qui a servi à les ensevelir... Frank attrape le sachet. VISION INTERNE DE FRANK : - le bouillon acide, les hurlements. - une longue rangée de lits d'hôpitaux occupés par des personnes immobiles. - des os qui s'entrechoquent. - un ange lumineux, associé à un chant suraigu. ROMEO C'est du fumier. La terre creusée n'a pas servi à recouvrir les squelettes. Ici, il s'agit précisément d'excréments bovins. Frank secoue la tête doucement, affaissé sous le poids de son incompréhension. SEQUENCE 29 - MAISON JAUNE - SALON - INT. JOUR Vue sur un cadre posé sur un guéridon qui présente une photo de Catherine, souriante. Frank est assis devant un dossier ouvert devant lui, mais il ne travaille plus. Son regard est perdu dans celui de sa femme décédée qui le regarde et lui sourit. Il ferme les yeux. CATHERINE (OFF) (Voix douce) Frank ! Frank ! Les yeux de Frank s'ouvrent en grand. Personne ne l'appelle. Le téléphone sonne. Frank se lève et va décrocher. FRANK Allô ? SEQUENCE 30 - Q.G. DE MILLENNIUM - BUREAU DE SUZANNE - INT. JOUR Alterné avec la séq. 29. Suzanne est assise à son bureau. SUZANNE Frank, c'est Suzanne. FRANK (se frottant le visage) Bonjour. SUZANNE Est-ce que vous étiez au courant que Roméo Luther a été interpellé la nuit dernière par la police de Seattle à proximité de la scène de crime, en possession d'échantillons collectés sur le site ? FRANK Heu... Disons que ça m'était revenu aux oreilles. SUZANNE (soupirant) Frank... Le Groupe travaille dur actuellement à rétablir sa position auprès des autorités. FRANK (secouant la tête) Je dois comprendre quoi ? Que vous n'étiez pas à jour dans les pots de vins ? SUZANNE Frank, ce n'est pas le moment. Je vous encourage à ne pas faire de vagues. C'est nécessaire si nous souhaitons pouvoir travailler dans la région à l'avenir. Entendu ? FRANK Suzanne... J'ai une question à vous poser. SUZANNE Je vous écoute. FRANK Quelqu'un d'autre collabore avec la police de Seattle sur cette enquête n'est-ce pas ? SUZANNE (après un instant de silence) Frank... FRANK Qui ? SUZANNE Si nous parvenons à reprendre notre place cela n'aura... FRANK Qui, Suzanne ? SUZANNE Un autre groupe d'enquêteurs privés. Ils se font appeler The Trust. SEQUENCE 31 - HOPITAL - CHAMBRE 11 20 - INT. JOUR ''11h32'' Giebelhouse pousse la porte de la pièce, revêtu d'une combinaison anti- contamination complète dont il porte le casque sous le bras. Il s'arrête près de l'entrée et le passe en observant Lara Means derrière ses murs de plastique. Il referme précautionneusement la fermeture éclair qui scelle le casque et avance vers le sas qui ouvre l'accès à Lara. Entendant les frottements du plastique, Lara lève vers l'entrée de sa chambre des yeux fatigués et apeurés. La jeune femme est amaigrie, très cernée, semble exténuée. Giebelhouse s'assoit sur une chaise à coté d'elle. GIEBELHOUSE Lara... Lara fixe Giebelhouse des yeux et semble concentrer ses forces pour pouvoir parler. LARA (articulant difficilement) Fr...Frank ! Frank ! GIEBELHOUSE Vous voulez lui parler ? LARA Frank ! Frank ! GIEBELHOUSE Vous voulez parler à Frank Black ? LARA (hochant presque imperceptiblement la tête) Frank ! Gros plan sur la mine consternée de Giebelhouse. SEQUENCE 32 - HOPITAL - SALLE D'ATTENTE - INT. JOUR Giebelhouse fait les cent pas dans la salle. Il aperçoit soudain Frank qui entre dans la pièce. GIEBELHOUSE Frank, je... FRANK (le coupant) C'est amusant, ton agent qui m'a interdit d'accéder à la fosse commune l'a fait en m'indiquant que cette affaire était la prérogative de la police de Seattle. Pourtant, il semblerait que tu bénéficie de collaborations extérieures. GIEBELHOUSE Qu'est-ce qui te prends? FRANK (s'énervant) Ce qui me prend? Une amie qui m'est très chère est allongée quelque part dans cet hôpital dont tu m'interdis l'accès. J'ai toutes les raisons de croire qu'elle est mourante. Tout ce que je peux faire pour l'aider, c'est mon travail. J'ai déjà eu à faire à ceux qui lui ont fait ça. Mais, sous des prétextes fallacieux, tu m'interdis d'enquêter. Ce qui me prend ?! Je ne supporte plus de rester assis à regarder les choses se passer. Je n'ai jamais pu le supporter. Tout au long de cette tirade, Giebelhouse a ouvert la bouche dans l'espoir d'entamer une réponse. Maintenant que Frank s'est tu et qu'il a finalement l'occasion de le faire, il est hors de lui. GIEBELHOUSE Des prétextes? As-tu seulement conscience de ce que tu me dis, Frank? Est-ce que tu comprends seulement... Sa voix s'étrangle. FRANK Est-ce que je comprends quoi, Gieb !? Ce qui est sûr, c'est que je ne comprends pas l'intérêt de refuser la collaboration de Millennium pour mieux accepter celle de The Trust. GIEBELHOUSE The Trust n'est pas impliqué, Frank! Toutes les preuves ne désignent pas The Trust. Par contre, elles accablent le groupe Millennium. Tu sais quoi, Frank? Tu n'es peut-être pas l'homme que je croyais. Giebelhouse tourne les talons et quitte la salle, s'en retournant vers le cœur de l'hôpital. SEQUENCE 33 - Q.G. DE MILLENNIUM - BUREAU DE WATTS - INT. JOUR PETER Entrez. Watts prend la pose derrière son bureau tandis que Roméo et Frank entrent dans la pièce. Frank, avec à peine un coup d'œil autour de lui, se dirige vers le bureau derrière lequel se trouve son ami. Roméo, lui, reste debout à scruter la décoration. ROMEO C'est coquet, chez vous. FRANK (désapprouvant) Luther! PETER Qu'est-ce que vous voulez ? FRANK Roméo et moi avons un rendez-vous avec une certaine partie...capable de nous en apprendre plus sur l'enquête en cours. PETER Frank, tu connais les instructions du Groupe. Frank fronce les sourcils, silencieux, tandis que Roméo qui contemplait un tableau se retourne pour fixer Peter l'air amusé. FRANK Peter... PETER Les incartades de ton ami Luther ont compromis un peu plus encore la position de Millennium. ROMEO Heu... Je suis là. PETER (comme s'il n'avait rien entendu) Nous devons garder un profil bas. Les yeux de Frank brûlent de fureur. Les répliques suivantes se font sans haussement de voix, mais sur un mode excessivement tendu. FRANK Et attendre quoi? Que Lara soit morte et qu'on ne puisse plus rien faire pour elle? PETER D'après ce que je sais, on ne peut déjà plus rien faire pour elle. FRANK On peut remonter les traces de ceux qui lui ont fait ça avant qu'elles ne disparaissent. PETER Reste en dehors de ça. Suzanne t'a donné des instructions. Frank s'adosse tout au fond de son siège. FRANK (las) Qu'est-ce qui... Peter!... PETER Dans ma position, Frank, je ne peux pas ignorer les ordres du Groupe et de son Conseil. Je ne suis pas de ceux qui méprisent une hiérarchie dont ils font partie. ROMEO Parlons-en, de votre position. Quels sales secrets se cachent derrière votre retour en grâce dans la hiérarchie du Groupe, hein? Quels sont vos projets avec Elisabeth Hallister? PETER Rien d'autre que ce qui a été annoncé. Travailler à l'union du Groupe. Roméo laisse échapper un gloussement. ROMEO (saluant Watts en faisant une courbette) Monsieur le Directeur de la Commission de Réflexion sur l'Union du Groupe. Et il quitte les lieux en claquant la porte. Frank plante des yeux sombres dans ceux de Peter, un long instant passe. Frank se lève lentement. FRANK Je... Je croyais que tu n'en étais plus là. Sans un mot de plus, il quitte la pièce à son tour. SEQUENCE 34 - PARKING SOUTERAIN - INT. JOUR La Jeep rouge de Frank se gare et lui et Roméo en sortent. Un peu plus loin, deux autres portières claquent en se refermant. Deux membres de The Trust sortent de leur propre voiture. Jeanne Cavelos, qui collabore avec Giebelhouse, et BRIAN DIXON. Brian s'approche de Frank et lui tend la main, tout en regardant Roméo en chien de faïence. BRIAN Frank... Je vous présente Jeanne Cavelos. (Jeanne et Frank se font un signe de tête) FRANK Voici Roméo Luther. Brian fixe Roméo sans bouger. FRANK (REPRENNANT) Vous pouvez avoir toute confiance en lui. BRIAN J'ai peur, Frank, que malgré nos avertissements, vous accordiez trop de confiance aux membres du groupe Millennium. Un regard tendu entre Brian et Roméo. FRANK Je réponds de lui, Brian. A contre-cœur, Brian acquiesce. FRANK Dites-moi, où en est votre enquête ? Brian se tourne vers Jeanne Cavelos. JEANNE Notre enquête ne fait que confirmer ce dont nous vous avions parlé en mai, Frank. Elle tend à Frank deux dossiers. Il en ouvre un et passe l'autre à Roméo. JEANNE (CONTINUANT) Voici les dossiers des deux corps identifiés. Ils partagent un point commun troublant. Nous avons retrouvé des traces de communication extérieures de ces deux candidats contre le groupe Millennium. Ils contestaient son autorité et se sont opposés à lui et à ses conclusions sur plusieurs dossiers. FRANK Vous pensez que le groupe lui-même les a éliminé ? Jeanne et Brian échangent un regard. Brian se tourne à nouveau vers Frank et hoche la tête. ROMEO Et Luminaires ? JEANNE (levant les yeux au ciel) Un outil de propagande. Une pure invention du groupe Millennium ... Plus particulièrement de la branche religieuse. Les... Coqs, je crois. Roméo secoue la tête. Frank l'observe en fronçant les sourcils. ROMEO Luminaires existe, j'en suis convaincu. BRIAN Frank... Vous devez savoir que nous avons tracé des mouvements bancaires sur un des comptes du groupe. Brian lui passe une feuille que Frank regarde sans comprendre. Une ligne de débit a été surlignée. FRANK A quoi correspond cette somme ? BRIAN (lui passant une autre feuille) A la commande d'une quantité énorme d'acide nitrique. Frank consulte le papier puis regarde Roméo, qui hausse les épaules. Le portable de Frank se met à sonner. Il décroche. FRANK Frank Black. SEQUENCE 35 - HOPITAL - COULOIR - INT. JOUR Alterné avec la séq. 34 L'Inspecteur Giebelhouse se trouve dans un couloir de l'hôpital, après l'espace de décontamination dans lequel on doit passer en combinaison après chaque visite à Lara. GIEBELHOUSE Frank, c'est moi. FRANK Oui, Gieb ? GIEBELHOUSE Ecoute, Frank. Excuses-moi de m'être emporté tout à l'heure. FRANK (se passant la main sur le front) Je comprends. GIEBELHOUSE Frank... Lara veut te parler... Elle ne veut parler qu'à toi. FRANK (gravement) J'arrive. RETOUR AU PARKING SOUTTERRAIN: Frank raccroche et se retourne vers Dixon et Cavelos. FRANK Il faut qu'on y aille. BRIAN (lui serrant la main) Bien sûr, nous ne nous sommes jamais rencontré. Frank fait signe que oui à Brian Dixon, salue Jeanne Cavelos d'un mouvement de tête et retourne vers sa voiture en compagnie de Roméo. ROMEO (bas, se penchant vers Frank) Luminaires existe, Frank. Je le sais. Frank regarde Roméo, le visage plein de questions, puis contourne sa Jeep pour se mettre au volant. SEQUENCE 36 - HOPITAL - CHAMBRE 11 20 - INT. JOUR ''18h03'' Lara Means a les yeux fermés, mais cette image véhicule tout sauf une sensation de repos. Le visage épuisé de la jeune femme est constamment parcouru de tics nerveux qui agitent ses yeux, sa bouche, qui plissent son front. Ses bras, qui reposent le long de son corps sur le matelas, sont secoués par des tremblements constants. Les draps du lit eux-mêmes s'agitent, du fait des mouvements de ses jambes. C'est son corps tout entier qui est pris de convulsions incontrôlées. Bruissements de plastique. Zip d'une grosse fermeture éclair. Lara ouvre les yeux. POINT DE VUE DE LARA : Deux silhouettes floues derrière le mur de plastique qui revêtent le casque de leur combinaison. La mise au point se fait lentement. POINT DE VUE OBJECTIF : Les deux silhouettes sont Frank et Giebelhouse. Tandis qu'une infirmière non loin note des relevés d'écran sur le dossier de Lara, un médecin, le DOCTEUR DEODATO s'approche et contrôle la mise en place de leur équipement. Le Docteur remarque la nervosité de Frank. DOCTEUR DEODATO N'ayez aucune inquiétude. Ces combinaisons répondent aux normes P4. Si vous respectez les protocoles que je vous ai expliqués, vous êtes en sécurité. Frank acquiesce sans avoir trop écouté. La source de sa nervosité est ailleurs. POINT DE VUE DE LARA : Les silhouettes se précisent. Alors qu'il se retourne vers le sas de plastique, s'apprêtant à rentrer, Frank devient finalement reconnaissable. POINT DE VUE OBJECTIF : Lara se redresse soudain sur son lit. LARA Frank ! DOCTEUR DEODATO (inquiet) Mademoiselle Means, restez tranquille. LARA (s'asseyant sur le bord de son lit) Fr...rank! Elle se lève. DOCTEUR DEODATO (criant) Mademoiselle Means! L'infirmière qui, comme le docteur, porte un simple masque respiratoire, regarde l'air terrifiée vers Lara. Reprenant ses esprits, elle appuie sur un bouton d'alarme. Dès lors, celle-ci se met à résonner dans la pièce. Lara s'avance vers le mur de sa bulle de plastique et appuie dessus. La surface transparente se tend sous le poids de ses mains. LARA Frank! FRANK Lara! Calmez vous! J'arrive, j'arrive! Lara tape sur la cloison de plastique. Le cube transparent vibre tout entier à chaque coup. DOCTEUR DEODATO (Hurlant) Elle va traverser la cloison! La porte de la chambre s'ouvre soudain violemment et frappe brutalement contre le mur. Trois HOMMES DU CDC en combinaison siglée entrent précipitamment dans la pièce. LARA (tapant encore) FRANK!! HOMME CDC #1 Dehors! Tout le monde dehors immédiatement! LARA (hurlant) Non! Non! Frank! Frank, Giebelhouse, l'infirmière et le docteur Deodato sont évacués manu militari par les agents du CDC tandis que Lara est en pleine crise d'hystérie. La porte de la chambre se referme. Lara s'acharne en hurlant sur la cloison transparente qui cède finalement, la bulle plastifiée s'effondrant autour d'elle. Elle se précipite vers la porte, fermée à clé. Elle la secoue en vain. Son visage déformé par la rage les cris et les pleurs regarde à travers la vitre de la porte, mais sans pouvoir voir personne. Se laissant glisser contre la porte, Lara s'effondre en pleurs. FONDU AU NOIR ACTE 3 SEQUENCE 37 - PORCHE DE L'HOPITAL - EXT. JOUR "28 décembre 1998 09h04'' Frank s'avance vers l'entrée de l'hôpital. En bas des marches, il remarque l'Intermédiaire, posté debout, les mains dans les poches, à mi-hauteur. FRANK J'apprécie modérément que l'on me suive à la trace. L'INTERMEDIAIRE (souriant) Ce n'est pas ce que je fais. Un temps. Frank semble hésiter puis s'approche de l'homme. FRANK Ce futur contre lequel vous m'avez mis en garde, quel est-il ? L'INTERMEDIAIRE Vous le savez. Un temps. Frank dévisage le jeune homme. FRANK On m'a dit que Luminaires n'existait pas. L'INTERMEDIAIRE Luminaires se prépare une nouvelle fois au millennium, dans le secret auquel ils sont habitués. Ne perdez pas de temps à douter de leur présence, Frank. La barre des 365 jours est proche. FRANK Dites-moi qui ils sont. Dites-moi où les trouver. L'INTERMEDIAIRE Ils sont par nature insaisissables. A chaque instant, sept rassemblements différents existent qui constituent Luminaires. Ces Groupes ne sont jamais les mêmes. A la seconde où vous remontez leur piste, ils ont disparu...Muté en une autre entité. Parfois ils créent un groupe à partir de rien, d'autres fois, ils noyautent une structure existante. On peut être le chef d'une des sept têtes de Luminaires sans même le savoir. Frank dévisage le jeune homme un instant. FRANK Je veux savoir qui vous êtes. L'INTERMEDIAIRE (Souriant) Il y a de nombreuses réponses à cette question. Peu que j'accepterai de vous donner. Disons...que je descends en droite ligne d'un Parfait. Un de ceux qui furent choisis pour recevoir les enseignements secrets du Christ. Ces enseignements qui seuls permettent une exégèse valide des textes sacrés. FRANK Vous prétendez m'aider. Vous ne faites qu'énoncer des généralités. L'INTERMEDIAIRE Je ne prétends pas être votre allié, Frank. Je cherche justement à vous convaincre que vous n'en avez aucun. Ce groupe Luminaires dont vous doutez de l'existence, un de ses membres marche pourtant à vos cotés, au sein de Millennium. Jamais vous ne l'avez soupçonné, parce que mieux que personne ces gens savent se fondre dans la masse. FRANK Alors dites-moi! Dites-moi de qui il s'agit! L'INTERMEDIAIRE Je ne suis là que pour vous apporter des questions. Pas des réponses. Frank secoue la tête et recommence à monter les marches. L'INTERMEDIAIRE (l'interpellant) J'ai une question pour vous! Frank s'arrête et se retourne. L'INTERMEDIAIRE (CONTINUANT) Selon ses dires, Roméo Luther a quitté la France pour enquêter sur l'épidémie de Marburg, parce qu'il suspectait les Coqs de Millennium d'être à l'origine de cette tragédie. Frank fronce les sourcils. L'intermédiaire sort de sa poche intérieure une feuille qu'il tend à Frank. Elle est siglée du logo d'Air France. L'INTERMEDIAIRE (tendant la feuille à Frank qui l'attrape) N'est-il pas étrange que sa réservation d'avion ait pourtant été faite avant que la première victime n'ait été découverte? Tandis que Frank consulte le document d'Air France, l'Intermédiaire descend les marches du porche et s'éloigne. SEQUENCE 38 - HOPITAL - BUREAU DU DR. DEODATO - INT. JOUR Frank et Giebelhouse sont assis face au Docteur qui se trouve derrière son bureau. DR. DEODATO Les nouvelles ne sont pas mauvaises. La frayeur d'hier soir se révèle avoir été partiellement injustifiée. GIEBELHOUSE Qu'est-ce que vous voulez dire? DR. DEODATO Les résultats complets des examens poussés effectués sur Lara Means sont tombés. Elle n'est plus contagieuse. FRANK Je croyais qu'on avait détecté chez elle la présence de Marburg...? DR. DEODATO (Prenant une inspiration) C'est le cas. Je crois que vous avez un minimum d'expérience de la variante de Marburg qui nous a frappé il y a six mois. Il s'agit d'une combinaison d'agents infectieux qui n'avait auparavant jamais été vue. D'une part, une molécule vivante, contenant de l'ARN : le virus classique de Marburg, une fièvre hémorragique mortelle et hautement contagieuse. D'autre part une molécule non vivante. FRANK Un prion. DR. DEODATO Effectivement. Le prion est une protéine normalement présente chez l'homme, mais dont la configuration spatiale... la forme, si vous préférez... a été changée. Cette protéine atypique contamine progressivement l'organisme entraînant une dégénérescence du système nerveux comme dans la maladie de la Vache Folle. FRANK Pour en revenir au cas de Lara Means... Vous laissiez entendre qu'elle ne représente plus un risque. Vous êtes en train de m'expliquer que la partie vivante de la variante de Marburg, cet ARN, a été expurgé de son corps ? Giebelhouse regarde alternativement le docteur et Frank, l'air perplexe. DR. DEODATO (souriant) Disons qu'elle a été tuée. Elle ne représente plus aucun danger. GIEBELHOUSE Mais le virus a été tué par quoi ? DR. DEODATO (haussant les épaules) Il est clair qu'une intervention extérieure est responsable de cet état de fait. Mais Lara Means reste soumise à la partie dégénérative de sa maladie, et c'est ce que ceux qui lui ont fait ça ont voulu. FRANK Si j'en juge par son état... Le prion a déjà fait chez elle beaucoup de dégâts ? DR. DEODATO Oui, c'est ce qu'il semblerait. C'est étrange, d'ailleurs car ces maladies mettent généralement de longues années à se développer... Je n'ai pas de preuves formelles, mais compte-tenu des délais impliqués, je suppose que les bourreaux de cette jeune femme ont eu recours à une sorte d'accélérateur biologique pour amplifier l'avancée de la maladie. FRANK (la voix basse) Et... Qu'est-ce que vous pouvez faire pour elle? DR. DEODATO (Secouant la tête) Il n'existe aucun traitement connu. En ce moment, elle est sous sédatifs. On ne peut rien de plus que soulager sa souffrance... SEQUENCE 39 - HOPITAL - CHAMBRE 11 20 - INT. JOUR La chambre n'a été débarrassée que partiellement de tout l'équipement de quarantaine qu'elle contenait. Un mur tout entier est encore couvert de bâches plastifiées. Frank ouvre doucement la porte et entre. Il referme derrière lui et reste là, observant Lara qui dort. Ses tremblements ont presque disparus. FLASH BACK THE TIME IS NOW (2x23) Lara est attachée sur un lit dans une chambre nue. Ses yeux ouverts fixent le plafond, ne battant qu'occasionnellement. Frank est assis sur une chaise, les yeux baissés vers le sol. FRANK Lara, vous êtes la seule - pas ma femme, ni ma famille - à avoir jamais compris. La seule. J'ai fait le chemin sur lequel vous vous trouvez. Oh, je sais qu'on peut y trouver la paix. Et si vous la trouvez, si vous la trouvez vraiment, je suis sûr que jamais vous ne reviendrez. RETOUR AU PRESENT : Frank est toujours près de l'entrée. FRANK J'ai tellement désiré que vous reveniez Lara. Et j'ai tellement désiré vous retrouver. Juste au moment où je n'y croyais plus, vous voilà. Frank s'avance et s'assoit sur un fauteuil installé à proximité du lit sur lequel Lara se trouve, les yeux fermés, respirant calmement. FRANK Et maintenant, avec ce que j'ai appris, je souhaiterais... Sa voix se casse. Il ferme les yeux. Il se redresse enfin, les yeux embués, et attrape la main de Lara. FRANK Vous méritiez tellement de trouver la paix, Lara. Vous le méritiez tellement. La jeune femme reste impassible... SEQUENCE 40 - PARKING DE L'HÔPITAL - EXT. JOUR Roméo est assis dans sa DS. Il scrute le rétroviseur et aperçoit Frank qui s'approche de lui. Il sort du véhicule et l'attend debout prêt de la portière. Frank arrive en marchant doucement, l'air soucieux. ROMEO Bonjour, Frank. Frank répond par un signe de tête. ROMEO (CONTINUANT) J'ai fait quelques recherches sur The Trust. FRANK (sec) Je vous ai dit que ce n'était pas nécessaire. ROMEO Et bien disons que je voulais le vérifier par moi- même. De toutes façons j'ai confirmé ce que vous m'aviez indiqué. Créé en 1996 par des ex du FBI tous plus réglos les uns que les autres. Y'a pas une tête qui dépasse. FRANK Hum. ROMEO Qu'est-ce qu'il se passe? FRANK Roméo, pourquoi êtes-vous ici? ROMEO Ici? FRANK Aux Etats-Unis. ROMEO (honnêtement surpris) Je vous l'ai dit. FRANK (presque agressif) Non, vous m'avez menti. ROMEO Qu'est-ce qui... FRANK A moins que vous comptiez m'expliquer qu'un don de prescience vous a permis de réserver votre avion avant que la première victime de Marburg ne soit signalée. Mais j'aurai du mal à y croire, venant de vous. Roméo baisse la tête en flanquant un coup de poing sur le capot de la DS. Les phares s'allument. ROMEO Vous avez fait des recherches sur moi?!!? FRANK Non, je n'ai rien cherché. ROMEO Je vous ai dis qu'en France, nous nous doutions que quelque chose allait se passer. FRANK Ce n'est pas ce que vous m'avez dit, et ne me prenez pas pour un imbécile! ROMEO Frank! Je vous avais demandé votre confiance, et vous me l'aviez accordée!! C'est le seul moyen de guérir le Groupe de ce qui le parasite! FRANK (froidement calme) On ne peut pas soigner quand on est soit même contaminé, Roméo. Roméo voudrait rétorquer quelque chose mais les mots ne parviennent pas à sortir de sa bouche. Frank se retourne et s'éloigne en direction de sa jeep. Roméo fiche un coup de pied dans la portière de sa DS. Le klaxon de la voiture se met à sonner en continu. ROMEO Frank ! Mais Frank monte à bord de son véhicule, claque la portière et s'éloigne sans un regard. SEQUENCE 41 - Q.G. DE MILLENNIUM - SALLE INFORMATIQUE - INT. JOUR Plan sur un écran d'ordinateur qui commence à charger une photo progressivement. Frank se trouve debout à coté de l'ordinateur. FRANK Je suppose que la qualité n'était pas parfaite, mais c'est tout ce que le système de surveillance de l'hôpital a pu me sortir. Assis devant le clavier se trouve ERIN SALMI, informaticienne pour le Groupe Millennium. C'est une petite femme ronde au visage figé sur une expression neutre. ERIN C'était suffisant pour travailler. Retour sur l'écran. C'est l'Intermédiaire qui figure sur la photographie. Erin appuie sur une touche. Une deuxième photo s'affiche. L'Intermédiaire y figure au volant d'une voiture sur une autoroute. La mention "MATCH" clignote en bas de l'écran. ERIN (CONTINUANT) Le logiciel de reconnaissance faciale a pu extraire un visage concordant à un taux de 90 %. Comme vous pouvez le constater, c'est une photo qui a été prise par un radar automatique. Elle date de deux ans. FRANK (fronçant les sourcils) C'est bien notre homme. Mais même en cas d'excès de vitesse cette photo ne devrait pas avoir été conservée, si? ERIN Dans des circonstances normales, vous auriez raison. Mais nous n'y sommes pas. C'est pour cela que je vous ai demandé de venir. Erin appuie sur une touche. S'affiche une photographie du véhicule que l'Intermédiaire conduisait sur la photo précédente, réduite à l'état de ferraille froissée et calcinée. ERIN Quelques minutes plus tard, cet homme était mort. Frank reste silencieux mais secoue la tête. Puis une idée lui traverse l'esprit: FRANK Vous connaissez le système informatique d'Air France? ERIN (elle fait une moue) Pas en particulier. Mais autant que je sache, c'est un système standard pour une compagnie aérienne. FRANK Niveau de sécurité? ERIN Plutôt Elevé. Frank sort de sa poche la feuille que lui a remis l'Intermédiaire. FRANK Ce document a été extrait par piratage, n'est-ce pas? ERIN (consultant la feuille) A moins qu'un employé de... FRANK (pointant la photo sur l'ordinateur) Cet homme ne travaillait pas pour Air France, ni nulle part dans l'aviation, n'est-ce pas? ERIN (perdue) Non. Mais je ne vous suis vraiment plus. FRANK C'est lui qui me l'a donné. Erin hoche la tête, elle réfléchit. ERIN Vous pensez que cet homme est un pirate informatique compétent. Frank hoche la tête. ERIN (CONTINUANT) Et? FRANK Et, si je ne me trompe pas, les centres de traitement téléchargent les images prises par les radars automatiques... ERIN (Fixant Frank comme si elle regardait au travers) Les données sont téléchargées et effacées des bornes toutes les heures. Si on avait pu identifier l'adresse IP d'une borne spécifique, alors je suppose qu'il est envisageable que quelqu'un ait pénétré la banque d'image et ait effectué un remplacement...ou une modification. FRANK (hochant la tête) Ensuite, il suffit que le corps retrouvé dans la carcasse n'ait pas été identifiable pour que cette photographie ait servi de base à l'identification du conducteur. ERIN Tout cela, ce n'est pas exactement à la portée de tout le monde. FRANK (hochant la tête) Il n'est pas tout le monde. Frank quitte la salle d'un pas pressé. SEQUENCE 42 - HÔPITAL - CHAMBRE 11 20 - INT. JOUR Le visage crispé et tremblotant de Lara Means regarde Frank arriver à ses cotés. FRANK On m'a dit que vous étiez réveillée. Lara esquisse un faible sourire. Ses sourcils se froncent, ses lèvres bougent. Elle essaie de parler. Elle force, insiste. Aucun son ne sort. FRANK Ne forcez pas, Lara. N'essayez pas de surpasser vos forces. Lara fixe de ses yeux embués le visage de Frank en secouant la tête. C'est important, il faut qu'elle se surpasse. Il faut qu'elle parle. Il faut qu'elle lui dise. Ses muscles se contractent sous le coup de ses efforts. Sa main sert la couverture dans son poing, accompagnant son effort. Mais, toujours, aucun son ne sort. Frank attrape la main de Lara qui serrait la couverture et la prend dans la sienne. FRANK Lara, je comprends. J'imagine. Ce que vous avez à dire doit être important. Mais vous avez été soumise à rude épreuve. Vous êtes encore sous l'emprise de sédatifs. Ne demandez pas à votre corps ce qu'il ne pourra pas vous donner. Lara regarde Frank un long instant, l'air triste. Elle enlève soudain sa main de celle de son ami, et mime un geste d'écriture. Frank fouille dans ses proches et en sort un calepin et un crayon qu'il passe à Lara. Le visage de la jeune femme se contracte à nouveau sous le poids de l'effort et de la concentration. Puis, après un instant qui semble interminable tant il est pénible, il se relâche enfin. Frank attrape le calepin. Son visage reste inexpressif. Lara le regarde d'un air de plus en plus interrogateur. FRANK (secouant la tête) Je ne peux pas lire, Lara. Lara tend sa main tremblante et retourne le calepin vers elle. Nous constatons avec elle que sa tentative d'écrire s'est matérialisée en une série de traits maladroits sans sens. Lara jette le calepin sur le sol et, de rage, se met à pleurer. Frank la prend dans ses bras. FRANK Ce n'est rien. Ce n'est rien, Lara. Frank et Lara restent un moment l'un dans les bras de l'autre. DR. DEODATO (OFF) Les crises comme celle que Mlle Means vient de vivre sont inévitables. Elles se répèteront, avec une fréquence de plus en plus élevée. SEQUENCE 43 - HÔPITAL - COULOIR - UN MOMENT PLUS TARD - INT. JOUR Frank fait face au Dr. Deodato dans le couloir, non loin de la porte de la chambre de Lara. DR. DEODATO (CONTINUANT) Différents centres nerveux pourront être touchés. Tremblements, problèmes d'élocution, de vue, surdité passagère... La progression de la maladie est inexorable. FRANK Mais elle retrouvera la capacité de s'exprimer? DR. DEODATO Oui, entre chaque crise, elle aura des périodes d'accalmie où elle retrouvera le contrôle de son corps. Mais celles-ci seront de plus en plus courtes, et de plus en plus rares. D'après ce que je peux juger de la progression de sa maladie, la mort est inévitable à court terme. Frank hoche la tête tristement SEQUENCE 44 - RUE DE SEATTLE - EXT. NUIT Jeanne Cavelos marche d'un pas pressé dans une rue plutôt étroite de la ville. Elle porte sous le bras une sacoche. Un bruit derrière elle. Elle se retourne, l'air inquiète. Elle accélère le pas. Une ombre passe au dessus d'elle dans les passerelles d'évacuation incendie des immeubles. Elle accélère encore le pas, tout en sortant un portable de sa poche. Elle compose un numéro sur les touches mais avant qu'elle n'ait terminé, un objet en verre tombe sur le sol un mètre devant elle et se brise. La frayeur lui fait avoir un mouvement de recul. Elle lève la tête. Il n'y a rien, ni personne de visible. Son attention se porte à nouveau sur les bris de verre au sol. Au milieu d'eux, quelque chose qui brille plus fort. Une médaille d'argent. Jeanne s'accroupit en portant sa main à sa bouche, tandis que ses yeux s'humidifient et se mettent à refléter la lumière. SEQUENCE 45 - BUREAU DE REZNOR - INT. NUIT L'homme raide raccroche un téléphone qui se trouve non loin de l'entrée. HOMME RAIDE Elle est là. Reznor hoche la tête. Il est assis dans son bureau, les rideaux derrière lui ont été ouverts et un projecteur qui doit éclairer la façade du bâtiment dans lequel ils se trouvent illumine l'arrière, si bien que le chef de Luminaires apparaît masqué par le violent contre-jour. L'homme ouvre la porte du bureau pour y laisser rentrer... Jeanne Cavelos. Il fait signe à Jeanne de s'asseoir sur le fauteuil disposé un mètre devant le large bureau, et quitte la pièce. JEANNE (Inclinant la tête) Juste des Justes. KIELE J'ai tenu à vous rencontrer pour vous apporter du soutien dans votre mission. On m'a dit que les choses avançaient bien... JEANNE C'est le cas. L'inspecteur Giebelhouse me fait confiance. J'ai pu comme prévu jeter le discrédit sur le groupe Millennium. KIELE (hochant la tête) Je regrette toujours d'avoir à jeter ceux qui me sont fidèles dans le bourbier sinistre de ce monde malsain. Mais le Juste des Justes doit souvent faire ce qui est nécessaire plus que ce qui est plaisant. JEANNE Je le comprend très bien, Monsieur. KIELE Ne vous laissez pas corrompre par les chairs. Vous savez ce qu'il en est. Vous savez aussi que nul ne peut servir deux maîtres à la fois : ou il haïra l'un et aimera l'autre, ou il s'attachera à l'un et méprisera l'autre. JEANNE Je ne suis fidèle qu'au Juste des Justes. Je ne suis fidèle qu'à vous. KIELE Si quelqu'un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, son époux, ses enfants, ses frères ses sœurs et même sa propre vie, il ne peut être mon disciple. JEANNE C'est bien comme cela que je l'entendais, M. Reznor. Vous pourrez continuer à compter sur moi. KIELE (fixant Jeanne) C'est heureux que les choses aient changées depuis toutes ces années. Il lui fait un sourire carnassier. SEQUENCE 46 - BUREAUX DE LUMINAIRES - COULOIR - INT. NUIT Jeanne Cavelos sort du bureau de Reznor et se retrouve seule dans un couloir. Elle pousse un profond soupir et s'adosse contre le mur en soufflant. SEQUENCE 47 - PIECE SOMBRE - INT. NUIT Sous un autre angle, la même image de Jeanne adossée au mur apparaît sur un écran de contrôle vidéo. SEQUENCE 48 - BUREAUX DE LUMINAIRES - COULOIR - INT. NUIT Jeanne se redresse. Elle met ses mains dans ses poches. Ses sourcils se froncent. La tenant du bout des doigts, elle sort de sa poche la chaîne fine et le médaillon que l'on vient de voir. Le visage de Jeanne Cavelos se contracte. Elle se met à pleurer et quitte les lieux d'un pas très rapide. SEQUENCE 49 - PIECE SOMBRE - INT. NUIT Sur l'écran vidéo, on voit Jeanne disparaître au bout du couloir. L'homme raide observe la scène, l'air soucieux. Puis, brusquement, il quitte la pièce. SEQUENCE 50 - HOPITAL - COULOIR - INT NUIT. Aux cotés de Giebelhouse, Frank marche d'un pas rapide dans les couloirs de l'hôpital. GIEBELHOUSE Cela fait environ une demi-heure qu'elle a commencé à parler. Elle se borne à répéter des chiffres en boucle. Personne ne comprend, Frank. SEQUENCE 51 - HÔPITAL - CHAMBRE 11 20 - INT. NUIT Frank et Giebelhouse arrivent dans la chambre de Lara où une infirmière est également présente. Lara et Frank échangent un sourire. La jeune femme ne lui laisse pas le temps de dire un mot. LARA F-f-f-rank. t-t-t-rei... t-trei-ze, quarante-n-n-n-euf. Frank fronce les sourcils, attendant de voir s'il y a autre chose. LARA T-t-rei-ze, qua-quarant-t-e-neuf. FRANK (à l'infirmière) Est-ce qu'il y a une Bible dans cet hôpital ? Gieb, s'il te plaît, trouve moi une Bible, dépêche-toi. Tandis que Giebelhouse sort de la pièce, Frank se retourne vers Lara. Elle acquiesce avec un sourire qui semble lui demander un terrible effort. Puis, elle recommence à essayer de parler. LARA M-m-m-a... M-m-m-at-t-t-t... FRANK Matthieu, Lara ? Matthieu chapitre 13, verset 49 ? Le soulagement s'affiche sur le visage de Lara. Elle fait simplement signe que oui de la tête et cesse ses pénibles efforts pour parler. Frank s'approche d'elle, prend sa main entre les siennes et lui fait un sourire chaleureux. A cet instant, Giebelhouse revient dans la chambre avec une Bible en main. Il la passe à Frank qui en compulse les pages. FRANK Matthieu, chapitre 13, verset 49 : ''A la fin du monde, les anges arriveront, et ils sépareront les mauvais d'avec les justes, et les jetteront dans la fournaise de feu. Là seront les sanglots et les grincements de dents''. Giebelhouse affiche une expression perplexe, mais Frank et Lara échangent un regard lourd de sens. FONDU AU NOIR ACTE 4 SEQUENCE 52 - Q.G. DE MILLENNIUM - SALLE DU CONSEIL - INT. JOUR "29 décembre 1998 10h07" Frank fait face, debout, aux treize membres du Conseil réunis. Suzanne et Elisabeth semblent mener les débats. Roméo a la tête baissé. Un stylo à la main il semble gribouiller nerveusement sur un papier posé sur la table devant lui. SUZANNE Frank, est-ce que vous confirmez que je vous ai expressément demandé de vous tenir à l'écart de cette affaire? FRANK Vous me l'avez demandé, oui. Sans m'offrir la... ELISABETH Et est-ce que vous confirmez que Peter Watts vous a personnellement réitéré ces instructions? FRANK (après un silence, sec) Je confirme. SUZANNE Et vous avez passé outre? FRANK Je dois répondre à cette question? ELISABETH Vous êtes libre de mener votre défense comme vous l'entendez. Et nous serons libre de prendre notre décision. FRANK (provoquant) Alors j'aimerais vous poser quelques questions à mon tour dans le cadre de ma défense, Elisabeth. ELISABETH (un sourire de malice sur les lèvres) Faites. FRANK Est-ce que vous me confirmez que ce Conseil serait intéressé d'en apprendre plus sur le fonctionnement de Luminaires ? Est-ce que vous me confirmez qu'il aimerait connaître la raison pour laquelle plusieurs centaines de nos membres ont été enlevés ? Ainsi que la raison de leur mort ? Ce Conseil souhaite-t-il savoir pourquoi les espoirs principaux de Luminaires reposaient sur Lara Means, et pourquoi elle n'aura pas été en mesure de les satisfaire ? Le visage d'Elisabeth Hallister se referme. Les autres membres du Conseil s'échangent des regards. FRANK (CONTINUANT) Quand le Conseil sera disposé à entendre ces informations, alors qu'il me convoque pour me remercier d'avoir poursuivi mes investigations. Frank tourne les talons et s'apprête à quitter les lieux. LE DOYEN Frank Black! Frank s'arrête et se retourne vers le Doyen. LE DOYEN (CONTINUANT) Ce Conseil et moi-même sommes dans les meilleures dispositions. Hallister lance un regard noir au Doyen, puis baisse les yeux vers ses dossiers. Frank reprend sa place initiale. FRANK Pour Luminaires, l'humanité est séparée en deux groupes. Les Hylikons, la vaste majorité, et les Pneumas. C'est-à-dire les Impurs et les Purs. Seuls les seconds sont dignes de survivre au millennium. La question dès lors est de savoir comment séparer les deux groupes. Dans un premier temps, des événements naturels, des cataclysmes, ou Marburg, sont supposés opérer une première sélection. Le dirigeant du groupe, le Juste des Justes, est aussi habilité à désigner des Impurs. Ensuite... les choses se compliquent. CAROL FINLEY Et c'est là qu'interviennent nos disparus. Et Lara Means. FRANK ''A la fin du monde, les anges arriveront, et ils sépareront les mauvais d'avec les justes, et les jetteront dans la fournaise de feu. Là seront les sanglots et les grincements de dents''. CAROL FINLEY L'Ange de Lara... FRANK Ils voyaient en elle un Média. Ce qu'ils attendaient d'elle, ou d'un des autres, c'est que son Ange désigne les Pneumas. D'après les informations que leur taupe au sein de Millennium leur a communiquées -- cette même taupe qui a indiqué à la police l'emplacement de la fosse commune depuis ces locaux -- ils savaient que Lara était celle qui avait les visions les plus fulgurantes. C'est pourquoi ils ont tout mis en oeuvre pour l'enlever. SUZANNE Mais il y a eu l'intronisation... FRANK (Acquiesçant) Son Ange est parti. Ils ont attendu, espéré. Mais ils ont fini par admettre l'évidence. Après l'intronisation, Marburg... Lara n'était plus la même, et son Ange l'avait abandonnée. Alors elle n'était plus rien. Rien d'autre qu'un des instruments de leur vengeance contre Millennium. ELISABETH Vous prétendez avoir des informations. Vous n'avez rien à présenter au Conseil que du charabia partisan. Vous pensez que nous ne pouvons pas voir votre jeu? Vous ne cherchez qu'à mettre votre propre soit-disant Don en valeur au travers de ceux des disparus. Vous cherchez à vous faire croire indispensable. FRANK Elisabeth, peut-être est-il utile de vous rappeler que j'avais quitté Millennium. J'aurais alors participé à cette enquête en toute légalité au sein de The Trust. Et je bénéficierai d'une structure qui me soutiendrait dans mes recherches pour identifier les sept groupes au travers desquels Luminaires existe en cet instant. CAROL Sept groupes? FRANK ...En perpétuelle rotation. C'est leur mode de fonctionnement. Celui qui leur a permis de se préparer sans que personne ne suspecte leur existence. Frank finit sa phrase et le silence s'est installé dans la salle du Conseil. Les ténors du Groupes sont comme figés l'espace d'un instant. Ils viennent d'apprendre quelque chose de nouveau. Le silence est brisé par le bruit du papier qu'on froisse. C'est Roméo qui, le regard toujours baissé, fait de la feuille devant lui une boule compacte. FRANK Comme vous le voyez, il nous reste des sujets d'investigation. J'ignore bien ce que ce Conseil pourra souhaiter. Mais pour ma part, je compte m'y atteler dès maintenant. Cette fois, Frank sort de la salle sans être retenu. Les membres du Conseil laissent passer un temps en s'échangeant des regards. ELISABETH Mesdames et messieurs, il me semble clair que Frank Black dispose d'un contact au sein de Luminaires. Je propose que nous mettions tout en oeuvre pour arrêter cet homme. Elisabeth fixe de son regard perçant ses collègues du Conseil... SEQUENCE 53 - Q.G. DE MILLENNIUM - COULOIR - INT. JOUR La salle du Conseil se vide. Nous commençons par voir passer Suzanne qui hâte le pas. Roméo sort parmi les derniers, avançant tranquillement. Il regarde autour de lui. Constatant qu'il n'y a plus personne à portée de vue, il pénètre dans une salle dont il pousse la porte. SEQUENCE 54 - Q.G. DE MILLENNIUM - SALLE DE CONFERENCE - INT. JOUR Roméo referme la porte derrière lui et s'adosse contre la porte en sortant son téléphone portable. Fondu enchaîné sur... SEQUENCE 55 - BUREAU de REZNOR - INT JOU ...Le tableau qui figure dans le bureau de Reznor. L'homme raide est au téléphone. HOMME RAIDE Entendu. Je transmets ces informations. Il raccroche. Kiele Reznor le fixe, les mains jointes, d'un regard inquisiteur. KIELE Qu'y a-t-il? HOMME RAIDE Ce que nous suspections. Frank Black vient de faire un petit laïus devant le Conseil de Millennium. Une source le renseigne sur nous. KIELE (calmement) Qu'on lui règle son compte. SEQUENCE 56 - APPARTMENT - INT. JOUR Nous sommes dans un petit appartement meublé à la hâte du centre de Seattle. Une main ouvre la porte. C'est Frank Black qui se tient devant l'entrée. Nous sommes chez l'Intermédiaire. Il regarde Frank avec un air de panique sur le visage. L'INTERMEDIAIRE Comment est-ce que... ? FRANK Ca n'a pas été facile. Frank fait un signe de la main pour que l'intermédiaire l'invite à entrer. Le jeune homme jette des coups d'œils dans le couloir et s'écarte pour le laisser passer, bien content de pouvoir refermer sa porte. FRANK (CONTINUANT) Ca n'est jamais facile de retrouver les morts. L'INTERMEDIAIRE Qu'est-ce que vous voulez? FRANK Vous le savez. L'INTERMEDIAIRE Je ne peux pas... FRANK Bien sûr que vous pouvez. Vous vous êtes assez protégé. Il est temps de prendre un risque. L'INTERMEDIAIRE Que je prenne un risque? Est-ce que vous avez seulement conscience du nombre de ceux qui vous surveillent, Frank ? Frank esquisse un sourire. FRANK Et vous, êtes-vous bien au courant du nombre de gens qui sont déjà morts ? L'INTERMEDIAIRE Bien sûr. FRANK Mais ce n'est pas grave, c'est ça ? Ce ne sont quelques millions d'Hylikon qui ne méritent pas qu'un Pneuma de votre envergure risque sa vie pour eux ? L'INTERMEDIAIRE Pourquoi est-ce que vous croyez que j'ai pris contact avec vous ? FRANK Ce n'est pas assez ! L'INTERMEDIAIRE C'est tout ce que... FRANK Ce n'est pas assez !!! Un instant de tension silencieux entre les deux hommes qui se fixent du regard. Un grand bruit. La porte de l'appartement s'effondre sur le sol. En un instant, une dizaine d'agents de police a investi les lieux et prend possession de l'Intermédiaire qui se débat en hurlant. Frank assiste à la scène l'air dépité et perdu. Trois agents de police emmènent le jeune homme hors de l'appartement. D'autres commencent à fouiller son appartement. L'INTERMEDIAIRE Si vous m'emmenez je suis un homme mort, est-ce que vous comprenez ça ?! Frank ! Frank, expliquez-leur ! L'homme et les agents disparaissent dans l'encadrement de la porte. Deux AGENTS D'INTERVENTION se sont approchés de Frank. AGENT INTERVENTION #1 Monsieur Black. Vous voulez-bien nous suivre, s'il vous plaît. Frank les regarde sans réagir. AGENT INTERVENTION #2 (lui montrant le chemin de la sortie d'un geste de la main) Nous préférerions que tout se passe bien, Monsieur. Avec un mouvement rageur, Frank prend à son tour le chemin de la sortie de l'appartement, piétinant la porte qui jonche le sol. Il débouche dans le couloir. Et son visage se fige dans une expression de rage contenue. Le long du mur, assistant à l'intervention, se trouvent Elisabeth Hallister... et Peter Watts. SEQUENCE 57 - BATIMENT DE LA SURETE PUBLIQUE - SALLE D'INTERROGATOIRE - INT. JOUR L'Intermédiaire, menottes aux poignets, est assis devant une table de bois. En face de lui, debout les deux mains à plat sur la table se trouve Elisabeth Hallister. Giebelhouse se trouve debout contre le mur au fond de la salle. ELISABETH Veuillez décliner votre identité. L'Intermédiaire a les yeux rouges, qu'il garde baissés. Il est calmé, maintenant. Calmé mais silencieux. ELISABETH (REPRENANT) Votre nom ? L'INTERMEDIAIRE Dieu est si grand qu'il dépasse toute science. Vous prétendez sonder sa profondeur, pénétrer la perfection du Puissant ? Elle est plus haute que les cieux. ELISABETH Vous louez votre appartement sous l'identité de Mark Millar. Mais selon nos informations, vous vous appelez Stephen Danreuther, déclaré mort dans un accident de voiture le 20 novembre 1996. Silence. ELISABETH (CONTINUANT) Vous avez prétendu devant Frank Black avoir des informations sur ceux qui se font appeler Luminaires. L'intermédiaire relève les yeux vers Elisabeth. ELISABETH (CONTINUANT) (menaçante) Je vous jure que vous allez parler. Les deux se regardent. L'INTERMEDIAIRE Que le renouvellement de votre jugement vous transforme et vous fasse discerner quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, ce qui lui plaît, ce qui est Parfait. ELISABETH Répondez à mes questions ! L'INTERMEDIAIRE Je parlerai...a une condition. SEQUENCE 58 - BATIMENT DE LA SURETE PUBLIQUE - COULOIR - INT. JOUR Un instant plus tard, Giebelhouse et Elisabeth sortent de la salle d'interrogatoire. GIEBELHOUSE Allez le chercher. ELISABETH Non, il... GIEBELHOUSE J'ai dit: allez le chercher. Vous n'êtes ici que parce que vous avez monnayé vos informations. Faites pas trop de vagues si vous ne tenez pas à repartir aussi vite. Je suis pas vraiment d'humeur à collaborer avec des rigolos qui se croient encore au Far West. C'est clair? ELISABETH (l'air mauvais) Très clair. Les deux partent dans les deux directions différentes du couloir. SEQUENCE 59 - BATIMENT DE LA SURETE PUBLIQUE - SALLE D'ATTENTE - INT. JOUR Frank est assis, le dos droit, les bras croisés. Il fixe d'un regard assassin droit devant lui. Vers le siège d'en face, sur lequel se trouve Peter Watts, assis penché vers l'avant, les avant-bras appuyés sur les genoux. Il regarde le sol, l'air absent. FRANK Tu as l'air d'avoir honte de toi, Peter. Tu as fait quelque chose pour ça? PETER Frank... Silence. FRANK Quoi? Un court instant d'une extrême tension. Les visages des deux hommes sont contractés à l'extrême. PETER Ne me regarde pas ainsi, comme si tu étais la dignité incarnée. Ne me regarde pas comme si tu n'avais pas aussi, en ton temps, fait tes compromis. C'est un de ceux là qui m'a fait retourner vers le groupe, Frank. FRANK Tu oses me faire porter la responsabilité de tes choix ?! PETER Je tiens juste à te mettre face à tes contradictions. Tu n'es pas la blanche colombe pour laquelle tu veux te faire passer, Frank. Tu ne l'as jamais été. Hallister apparaît à l'entrée de la pièce. Elle observe une seconde les deux hommes face à face, qui ne l'ont pas remarquée. Puis : ELISABETH (sèche) Frank, suivez-moi. SEQUENCE 60 - BATIMENT DE LA SURETE PUBLIQUE - BUREAU DE GIEBELHOUSE - INT. JOUR Giebelhouse entre dans son bureau. Jeanne Cavelos s'y trouve, l'attendant. JEANNE Inspecteur. GIEBELHOUSE Excusez-moi de vous avoir fait attendre... JEANNE J'ai vu que Millennium est ici. Un temps. GIEBELHOUSE Oui. JEANNE J'ai du nouveau sur l'affaire Inspecteur. Peut-être de quoi remettre cela en cause. GIEBELHOUSE Compte-tenu des événements, j'en doute. Moi aussi, j'ai pas mal avancé. SEQUENCE 61 - BATIMENT DE LA SURETE PUBLIQUE - EXT. JOUR L'air préoccupé et le regard bas, Jeanne Cavelos sort du bâtiment, troublée et tendue. Elle a le regard posé bas et avance droit devant elle sans vraiment se préoccuper de ses pas. Elle est pratiquement au point de foncer dans quelqu'un quand elle s'arrête soudain. L'homme face à elle est immobile. Elle lève les yeux vers lui. C'est l'homme raide, le second de Reznor. Cavelos fait un pas en arrière. JEANNE Vous êtes venu pour... (ses yeux s'écarquillent) Ce n'est pas moi ! Ce n'est pas moi, je n'ai rien dit. Ils ne se doutent de rien pour moi. De rien. J'ai fait tout ce que vous m'avez dit. HOMME RAIDE Alors... Qui ? Elle baisse les yeux. Un temps. JEANNE Mon fils. L'homme s'avance et attrape Jeanne par la taille. Son autre main, dissimulée entre eux, tiens un revolver braqué vers elle. JEANNE C'est vrai! Il est en vie. Ils l'ont arrêté. Il est ici. L'homme se détend presque imperceptiblement. HOMME RAIDE Alors tout n'est pas perdu...pour vous. SEQUENCE 62 - BATIMENT DE LA SURETE PUBLIQUE - SALLE D'INTERROGATOIRE - INT. JOUR Frank est assis face à l'intermédiaire. Elisabeth et Giebelhouse sont debout derrière Frank, dans la pénombre du fond de la salle. FRANK (une feuille à la main) Je crois que, maintenant, vous pouvez me dire qui vous êtes...Stephen. L'INTERMEDIAIRE (agacé) Ce nom n'est rien. Pas plus que Mark Millar, c'est un écran de fumée. FRANK Qui cache ? L'INTERMEDIAIRE Comprenez-vous ce que cela représente d'avoir su préserver sa ligne généalogique depuis 2000 ans ? En terme de transmission des savoirs, des secrets, il n'y a pas d'équivalent. FRANK Et tout cela aboutit à vous. L'INTERMEDIAIRE A moi. FRANK Et pourtant, vous êtes hylikon. L'INTERMEDIAIRE (furieux) Non ! Le Juste des Justes l'a dit, mais je sais maintenant qu'il peut se tromper. FRANK Pourquoi ? L'INTERMEDIAIRE Parce que je suis ici, en vie. Parce que j'ai résisté. FRANK Vous avez résisté au traitement que Luminaires vous a fait subir, c'est ce que vous essayez de me dire ? A sa tentative de vous reprogrammer comme il l'a fait avec celui qui a initié l'épidémie en mai dernier ? L'INTERMEDIAIRE Je savais que cela ne pouvait pas être vrai. Je savais que j'étais un pneuma. Alors j'ai lutté. J'ai pris ce qu'il y avait à prendre, les connaissances et le reste... Mais je suis resté moi. FRANK Et vous avez pu mettre en scène votre mort. L'Intermédiaire acquiesce. FRANK (REPRENANT) Il y a quelque chose que je ne comprends pas : pourquoi le...Juste des Justes s'est-il trompé ? Pourquoi vous a-t-il pris pour un Impur ? L'INTERMEDIAIRE Parce que ma mère l'a dupé. Il ne l'avait pas autorisée à enfanter. Elle s'est laissé aller à cet égoïsme... Celui de faire naître dans ce monde ignoble et déliquescent... Sans avoir de véritable raison pour cela. Frank, même ça ne change rien à ce que je suis, l'héritage que je porte. Les connaissances transmises oralement depuis deux millénaires qui furent confiés par le Christ aux Parfaits qu'il avait sélectionnés. SEQUENCE 63 - BATIMENT DE LA SURETE PUBLIQUE - EXTERIEUR DE LA SALLE D'INTERROGATOIRE - INT. JOUR Nous observons la scène à la travers le miroir sans teint. Le haut-parleur n'a pas été activé, on n'entend donc pas d'autre son que celui d'une personne qui s'approche à pas feutrés. Une main de femme se pose sur le verre. La caméra s'éloigne et nous dévoile le reflet du visage de Jeanne Cavelos entre Frank et l'Intermédiaire. Son visage est fermé, sans expression. Sa main droite se porte à l'intérieur de la veste. Elle en sort un revolver... SEQUENCE 64 - BATIMENT DE LA SURETE PUBLIQUE - SALLE D'INTERROGATOIRE - INT. JOUR Retour à l'intérieur de la salle d'interrogatoire. FRANK Vous savez ce que j'attends de vous... Vous m'avez parlé de sept groupes... L'INTERMEDIAIRE Je vous ai dit que, parfois, un groupe existant pouvait être noyauté par Luminaires. Ils en prennent le contrôle, le détournent pour leurs desseins, en toute discrétion. Laissez-moi ajouter qu'on peut être un ancien du FBI, un ami de Frank Black, et n'y voir que du feu. Elisabeth fronce les sourcils. FRANK Est-ce que... Est-ce que vous parlez de Millennium ? L'INTERMEDIAIRE (souriant) Les choses ne peuvent pas être aussi simple entre Millennium et Luminaires, Frank. Non, je parle de ceux qui ont cherché à vous faire rentrer dans leurs rangs... sans savoir qu'ils étaient alors les pantins d'autres forces puissantes. Je parle de The Trust. Frank se recule pour s'adosser sur sa chaise. Giebelhouse a soudain l'air très inquiet. Mais une toute petite seconde passe... ...Et un coup de feu est tiré. La glace sans teint brisée en milles morceaux épars vole en éclat dans un vacarme clinquant. Sur le sol, l'Intermédiaire porte la main à sa poitrine sanglante. FONDU AU NOIR SEQUENCE 65 - HÔPITAL - CHAMBRE 11 20 - INT. JOUR ''48 heures plus tard, 31 décembre 1998, 13h37'' Lara est étendue dans son lit, l'air peut-être encore plus fatiguée, plus cernée, que lorsqu'on l'a vue précédemment. On frappe à la porte. Frank entre. LARA Elle est là ? Frank hoche la tête. Il tient la porte du bout des mains et s'écarte pour laisser entrer Jordan. Elle montre sa tête puis s'avance timidement. Lara tapote de sa main fragile le coté de son matelas pour lui faire signe de s'asseoir à coté d'elle. La petite fille attrape la main de Lara. Frank s'éclipse dans le couloir. On le voit observer la scène à travers la petite vitre carrée de la porte. LARA (voix faible) Tu vas bien ma chérie ? Jordan hoche la tête. JORDAN Mais je suis triste pour toi. LARA Ne le sois pas. Ce n'est pas grave. Un temps. LARA (REPRENANT) Je voulais te parler, Jordan. Tu sais... Tu sais que je voyais certaines des choses que tu vois. JORDAN Moi aussi, des fois, j'ai peur de l'ange. LARA Justement, je voulais te dire de ne pas avoir peur. Je voulais te dire que tu es plus forte que lui. C'est vrai, il peut s'imposer quand il veut, même quand tu n'as pas envie de le voir, mais tu apprendras à vivre avec lui. Si tu as peur... Si tu as peur alors il ne viendra plus que pour t'annoncer ce que tu ne veux pas savoir. JORDAN Je l'ai vu cette nuit. LARA C'est vrai ? JORDAN Cette fois il ne m'a pas dit de choses qui font peur. LARA (souriante) Et qu'est-ce qu'il t'as dit ? JORDAN De te dire qu'il était désolé de t'avoir quitté, mais qu'il était obligé. La main de Lara se contracte dans celle de Jordan. Elle regarde un instant la fillette, les yeux grands ouverts... Avant de commencer à être prise de tremblements, puis de convulsions. Frank entre dans la pièce. Il prend Jordan dans ses bras et se dirige vers la porte de la chambre. Suzanne se trouve dans l'encadrement. Elle prend Jordan dans ses bras. Frank pose un baiser sur la joue de sa fille et referme derrière lui. Il se retourne vers Lara. Il s'approche d'elle lentement. LARA (articulant difficilement) F... Faites-le... pour moi. Gros plan de Frank Black alors qu'il s'avance au ralenti vers Lara. Fondu enchaîné sur : SEQUENCE 66 - HÔPITAL - COULOIR - INT. JOUR ...le banc placé en face de la porte de la chambre 11 20, Suzanne est assise et regarde Jordan, elle aussi assise de l'autre coté, tout au bout du banc. La petite fille regarde la porte de la chambre avec un air grave. SUZANNE (chaleureuse) Tu es une petite fille mystérieuse toi, hein ? C'est comme si Jordan ne l'avait même pas entendue. La porte de la chambre s'ouvre. Frank en ressort, Jordan s'approche et Frank la prend dans ses bras. JORDAN Elle va me manquer. Frank adresse un regard à Suzanne, toujours assise sur la banc. Puis il s'éloigne tandis que Jordan pleure sur son épaule. SUZANNE (dans un murmure) C'est au monde qu'elle va manquer. SEQUENCE 67 - Q.G. DE MILLENNIUM - BUREAU DU DOYEN - INT. JOUR Le Doyen est assis à son bureau. Il prend une feuille blanche et la pose devant lui. Il attrape un marqueur. Un instant de réflexion. Le Doyen inscrit dans une écriture large : ''NOUVELLE DONNE'' Il prend la feuille et la place sur le receveur d'envois du Fax. SEQUENCE 68 - Q.G. DE MILLENNIUM - COULOIRS - INT. JOUR Sortant de son bureau, le Doyen s'avance le visage presque jovial. Il se dirige vers les ascenseurs, qu'il appelle. Celui-ci s'arrête à l'étage, les portes s'en ouvrent. Elisabeth Hallister se trouve à l'intérieur. Ils se disent bonjour d'un signe silencieux de la tête. Il y a du dédain dans leurs regards. Tandis qu'elle sort de la cabine, le Doyen y entre et appuie sur le bouton -1. Nous suivons Hallister qui s'avance dans le couloir que vient d'emprunter le Doyen en sens inverse. Elle entre dans son bureau. La porte se referme et la caméra se rapproche lentement de la plaque qui porte son nom et l'ouroboros du Groupe. ELISABETH (OFF) L'enquête est finie. Le Français a essayé de la relancer avec la police à partir des informations qu'il avait récolté... SEQUENCE 69 - Q.G. DE MILLENNIUM - BUREAU D'ELISABETH HALLISTER - INT. JOUR Dans le bureau, c'est avec John Harrison, la Chouette de son petit groupe de conspirateurs, que parle Elisabeth. ELISABETH (CONTINUANT) Mais l'agent de Luminaires a méthodiquement effacé toutes les traces pendant qu'elle collaborait avec l'Inspecteur Giebelhouse. JOHN Alors Luminaires reste hors de notre portée. ELISABETH (soupirant) Pour l'instant. Mais nous n'avons pas tout perdu. Il y a de l'eau dans le gaz entre le Français et Frank Black. Il avait essayé de le prévenir de notre décision à l'issue du Conseil, mais Frank n'a pas pris l'appel. Résultat, le Français est aussi furieux envers Frank que Frank envers lui... La Chouette hoche la tête. JOHN J'aimerais que tout cela soit notre seul souci. ELISABETH Vous parlez... JOHN (Hochant gravement la tête) De Peter Watts. Qu'un Coq puisse s'approcher d'aussi près de nos affaires... Vous savez mieux que moi ce qui est en jeu. ELISABETH (rassurante) Les séculiers ont pu garder leur secret ces derniers mois, ils continueront. Et une fois le Doyen tombé... Quand une Chouette aura pris sa place, alors cela n'aura plus d'importance, nous ne pourrons plus être détruits. JOHN Même par Peter ? ELISABETH (Enigmatique) Peter ? Vous savez... le meurtre du Doyen ne pourra pas rester impuni. Et son visage affiche alors un large sourire. SEQUENCE 69 - Q.G. DE MILLENNIUM - SOUS-SOL - INT. JOUR La porte de l'ascenseur s'ouvre au niveau -1. Nous sommes dans un couloir sombre, dans lequel le Doyen s'engage. Le Doyen s'avance d'un pas lent et solennel. Il s'arrête devant une lourde porte. SEQUENCE 70 - CELLULE DU GROUPE - SOUS-SOL - INT. JOUR Dans la cellule entièrement plongée dans le noir, la porte qui s'ouvre fait entrer une lumière qui révèle une silhouette assise à même le sol. La caméra s'approche lentement du Doyen dont le visage est presque entièrement dans la pénombre. Contre champ sur l'Intermédiaire. Simplement vêtu d'un pantalon noir, son torse est presque entièrement recouvert d'un bandage. Il regarde le Doyen. Il y a de la terreur dans ses yeux. SEQUENCE 71 - VILLA BOURGEOISE - EXT. JOUR Par dessus la Jeep rouge garée au bord de la route, on filme Frank s'avançant légèrement hésitant vers la maison. Il sonne à la porte. Un HOMME EN CHEMISE lui répond. Il est visiblement en train de s'apprêter pour la soirée du réveillon. HOMME EN CHEMISE Entrez, elle vous attend. Frank s'avance à l'intérieur. SEQUENCE 72 - VILLA - ENTREE - INT. JOUR HOMME EN CHEMISE (faisant un geste de la main) La porte au fond du couloir. Elle est ouverte. FRANK Merci. SEQUENCE 73 - VILLA - CHAMBRE - INT. JOUR Frank entre dans la chambre. Une femme se trouve dos à lui, assise dans un fauteuil roulant. FEMME Bonjour Frank. D'un mouvement rapide, elle retourne son fauteuil vers son visiteur. Il s'agit de MAUREEN MURPHY, avec qui Frank avait collaboré quand elle travaillait pour Millennium. FRANK Bonjour Maureen. Je suis content de voir que vous avez l'air d'aller bien. MAUREEN (souriante) En effet... J'aimerais en dire autant de vous. Frank baisse la tête. MAUREEN (REPRENANT) Asseyez-vous, Frank. Il va s'asseoir. Elle rapproche son fauteuil jusqu'à lui. FRANK Je suis venu vous voir... Je... Je devais parler à quelqu'un. Tellement de choses se bousculent dans mon esprit. Une amie à moi est morte aujourd'hui. Je ne voulais pas, mais j'ai fait ce qu'elle m'a demandé...pour elle. Peut-être ma seule amie. Catherine, Lara... J'ai l'impression que ceux sur qui je pouvais vraiment compter disparaissent. MAUREEN Ceux sur qui vous pouvez vraiment compter...? FRANK Les autres... Je suis venu vous voir, Maureen, parce que j'avais besoin de parler à quelqu'un qui connaisse le Groupe, qui puisse le comprendre, mais qui pourtant ne soit pas immergé dans ses politiques. J'étais perdu et j'ai pensé à vous. MAUREEN (désignant son fauteuil) Il est certain que depuis deux ans, je n'ai pas vraiment pu être utile au Groupe. FRANK J'ai l'impression... de ne plus pouvoir faire confiance à personne. Avant, même dans les pires moments il y a toujours eu au moins une personne à qui je pouvais me raccrocher. Mais... Mais Lara n'est plus là. Peter s'est tellement perdu lui même que je ne sais pas si je pourrai le retrouver. Roméo... Il m'a demandé ma confiance, mais je sais maintenant qu'il m'a menti. Alors je pense, je réfléchis. Par exemple à cette affaire où une Foi qu'il nie posséder l'a fait se précipiter en avant au risque de sa vie. Et je réalise que je ne connais presque rien de lui. Que mes impressions initiales... Peut-être que cette fois-ci elles m'ont trompé. MAUREEN Vous ne croyez plus en vos talents ? FRANK Cela n'a rien à voir. Je me suis déjà trompé. Je me tromperai encore. Je ne peux pas avoir la vanité de me croire infaillible, surtout maintenant. J'ai plus que jamais toutes les raisons de croire qu'un traître me côtoie. Alors je doute et je me méfie. MAUREEN Et votre superviseur ? FRANK Suzanne est prise dans la hiérarchie du Groupe, dans ses luttes. Je doute d'elle comme de tout le monde. Je repasse les événements en revue. Cet homme qu'elle a tué en France... Pourtant elle a toujours été franche avec moi. Elle a mis un point d'honneur à me dire la vérité sur les aspirations de Millennium. Je crois que je commence à avoir confiance en elle, même si je sais qu'elle est totalement fidèle à l'idéologie du Groupe. MAUREEN Frank... Millennium est en quête d'un monde meilleur. Mais il est lancé dans cette quête avec une telle détermination qu'inconscient et aveugle, il peut parfois fermer les yeux sur les dommages collatéraux. Elle fixe Frank du regard. Elle prend sa main entre les deux siennes. MAUREEN (CONTINUANT) C'est aux cœurs purs tels que vous de savoir tirer les leçons et de veiller à éclairer son chemin. Vous le savez. Vous êtes revenu vers le Groupe pour ça. FRANK (fronçant les sourcils) Peut-être, je... MAUREEN C'est parce que *vous* êtes Millennium que Millennium peut agir. Vous pouvez faire de lui ce qu'il a besoin d'être. Le Groupe doit se soigner de ses démons. Alors seulement il pourra expurger ceux du monde. FRANK Il en va ainsi de tous les médecins, n'est-ce pas? MAUREEN Le moment est venu, Frank. Je veux dire... Le Patriarche vous a rappellé pour que votre voix soit écoutée. Les combats ont commencé. Les moments les plus difficiles sont devant vous, mais vous devez être le meilleur. Vous devez changer le monde, et utiliser cette chance d'être entendu. (Elle prend une profonde inspiration) Ton moment est venu, Frank. Ne te laisses pas aller. Ta dernière chance est arrivée. SEQUENCE 74 - VILLA - EXT. SOIR Frank sort de la maison de Maureen Murphy. Le crépuscule tombe. Il marche le regard droit devant lui. Bande-son : 'Butterflies and Hurricanes'. ''Best, you've got to be the best Il avance au ralenti vers la caméra. ''You've got to change the world. Son visage emplit bientôt l'écran. ''And use this chance to be heard. SEQUENCE 75 - MANOIR - EXT. NUIT Suzanne gravit les marches du perron d'une large bâtisse luxueuse. Son téléphone portable se met à sonner. SUZANNE McCarlton. SEQUENCE 76 - DOMICILE DE ROMEO - INT. NUIT Alterné avec la séq. 75. Roméo est assis sur le sol, adossé contre le bas d'un canapé cabossé. Par terre à coté de lui, une pizza dans sa boite de livraison refroidit. Il a reposé par dessus la part qu'il a à peine entamée. Il a troqué dans sa main sa pizza contre une bouteille de whisky. ROMEO Bonjour Suzanne. C'est Roméo Luther. SUZANNE Luther ? Qu'est-ce qu'il se passe ? ROMEO Rien... Rien... Je voulais juste vous souhaiter une bonne année. SUZANNE (regardant sa montre) Vous avez... Trois heures et demi d'avance, Roméo. ROMEO Ouais. Après... Après j'étais pas sûr d'être en état. SUZANNE Roméo ? ROMEO J'aurais pas voulu oublier de penser à vous. J'ai plus tant que ça de gens à qui penser, vous savez. SUZANNE Je dois y aller. ROMEO Ouais, ouais. Filez. Amusez-vous. SUZANNE (pensant qu'il va raccrocher) Roméo ! ROMEO Oui ? SUZANNE Merci. Et bonne année à vous. Elle raccroche en souriant. Puis elle reprend son chemin vers la large porte. SEQUENCE 77 - MANOIR - HALL - INT. NUIT Dans le hall, face à l'entrée, on remarque tout de suite une large bannière sur laquelle est représenté un isocaèdre à plat, dénué de toute fioriture. Suzanne passe devant et entre dans une pièce sur sa gauche. SEQUENCE 78 - MANOIR - GRANDE SALLE - INT. NUIT De nombreux convives habillés chic sont rassemblés pour réveillonner. Dans la salle, d'autres isocaèdres sont visibles aux murs. Suzanne s'avance en slalomant entre les attroupements, cherchant quelqu'un du regard. Elle trouve, enfin. Son visage s'illumine d'un grand sourire. SUZANNE Je suis si heureuse de vous revoir. La caméra pivote autour de Suzanne, venant se placer face à elle ; seul le dos vêtu de noir de son interlocuteur est donc visible. HOMME (OFF) Moi de même, Suzanne. Moi de même. Un homme de service passe à proximité. La main de l'homme se tend et attrape une coupe qu'il tend à Suzanne. SUZANNE Merci. Pendant ce temps, la caméra a achevé sa rotation et nous révèle le visage de l'interlocuteur de Suzanne : Kiele Reznor... KIELE Je peux imaginer l'étendue de votre sacrifice. Vivre au quotidien au milieu de ces porcs infâmes et mauvais. Partager leur barbarie et leur bêtise. Vous plus que tout autre, Suzanne, connaissez l'injustice que fut, pour nos âmes, d'être précipitées sur cette Terre puante. Suzanne baisse les yeux. KIELE (CONTINUANT) (levant sa coupe) Mais votre calvaire, notre calvaire, prendra bientôt fin. Il ne reste que 365 jours. Ils trinquent. SUZANNE Puissent-il me permettre de trouver le média. Suzanne semble gênée, elle est ramassée sur elle-même, garde les yeux baissés, rien à voir avec la femme que nous connaissons. KIELE Qu'y a-t-il, Suzanne ? Elle cherche ses mots, hésite. Quand elle prend finalement la parole, on sent qu'elle formule là, pour la première fois, un aveu énorme. SUZANNE Parfois... Il m'arrive d'avoir peur. De ne pas... Elle s'arrête. Kiele Reznor s'approche d'elle. Il pose sa main contre son visage, son pouce devant l'oreille, sa main sur la nuque, il approche son visage marqué par le temps tout près de la jeune femme. Tenant ainsi son visage, il la force à le regarder droit dans les yeux. La scène a quelque chose d'incestueux, profondément malsain. KIELE Vous compterez parmi les élus. Je peux déjà imaginer la scène, le moment où le Médiateur, illuminé de sa vision, hurlera votre nom que l'Eon aura glissé à son oreille. Le Juste des Juste n'a aucun doute à votre sujet. Kiele Reznor esquisse un sourire forcé. Suzanne, quelque peu rassurée, répond elle-aussi par un sourire un peu plus affirmé. Après un gros plan silencieux de chacun des deux interlocuteurs, la caméra fait un plan large. Leurs deux silhouettes se dessinent sur le fond d'une toile représentant un isocaèdre. FONDU AU NOIR FIN