M i l l e n n i u M Saison 3 virtuelle Française EPISODE 3sv05 : PROSERPINE Ecrit par Amrith, Olivier Laurent & Sullivan LePostec amrith@wanadoo.fr oliviertftlaurent@yahoo.fr sullivanlp@ifrance.com D'après une histoire de Sullivan. TEASER SEQUENCE 1 - IMMEUBLE DE DEVNIVI COMPUTERS - EXT. JOUR L'épisode s'ouvre sur un plan extérieur d'un immeuble très moderne. La légende nous indique : ''DEVNIVI COMPUTERS OLYMPIA, ETAT DE WASHINGTON 7 OCTOBRE 1998'' SEQUENCE 2 - DEVNIVI COMPUTERS, HALL D'ACCUEIL - INT. JOUR Au 17ème étage, la caméra filme un indicateur au-dessus de la porte de l'ascenseur, qui annonce l'arrivée de celui-ci. Alors que les portes s'ouvrent, la caméra se recule pour nous offrir un plan plus large de JAMES WELLINGTON, jetant un œil sur les gros titres du journal du matin tout en avançant hors de l'ascenseur. Dans les premières années de la quarantaine, Wellington a des cheveux d'un blond profond qu'il garde coupés très courts, et des yeux tout aussi clairs, soulignés par d'assez larges cernes. Il a probablement été beaucoup courtisé plus jeune, mais le temps semble l'avoir frappé prématurément. Il marche droit, pratiquement sans lever les yeux. Ces pas, il les fait chaque matin depuis longtemps. La caméra pivote, pour le suivre maintenant de coté, et nous faire découvrir en arrière plan le bureau de l'accueil, derrière lequel est assise CINDY. CINDY Bonjour monsieur Wellington. WELLINGTON (sans la regarder) Bonjour, Cindy. Toujours les yeux sur son journal, il ouvre la porte de son bureau et y entre avant de refermer derrière lui. SEQUENCE 3 - DEVNIVI COMPUTERS, BUREAU DE WELLINGTON - INT. JOUR James Wellington fait le tour de son bureau en jetant le journal sur l'un des deux sièges disposés pour accueillir des visiteurs. Puis il s'installe dans le sien, au large dossier en cuir. La caméra filme le premier plan - la plaque indiquant ''James Wellington, manager superviseur'' - tandis qu'il attrape le courrier du jour qui a été posé sur le bureau. Puis la mise au point s'adapte et l'on filme désormais Wellington, parcourant les enveloppes rapidement, sans les ouvrir. Rien n'attire son attention. Il repose les enveloppes et se relève donc, quelques secondes après s'être assis. Il est filmé quittant son bureau depuis la place qu'il vient de quitter. Dans le champ, une luxueuse horloge métallique posée sur le bureau nous indique qu'il est 8 heures 52. SEQUENCE 4 - DEVNIVI COMPUTERS, COULOIR - INT. JOUR James Wellington avance dans un couloir en direction de la machine à café, qui obstrue la partie gauche de l'image. En bas de l'écran, une main extrait de la machine un gobelet fumant. WELLINGTON (s'adressant à l'homme dont nous n'avons encore distingué qu'une partie de la silhouette) Bonjour. Wellington est souriant. Presque trop. Il y a un petit quelque chose d'un peu faux, une trop grande volonté de mettre l'autre à l'aise. WELLINGTON (continuant) Vous êtes nouveau ici, non ? Enfin, nous découvrons, avec le CONTRECHAMP, MEL WATERS, un jeune homme timide au milieu de la vingtaine. Ses yeux marron clairs sont souvent baissés vers le sol. Il a des cheveux blonds-roux, et son visage est parsemé de légères taches de rousseur. MEL Oui, je... C'est mon premier jour. Il lui tend la main. WELLINGTON James Wellington. Bienvenue parmi nous... MEL Mel. Mel Waters. Après avoir serré la main de Wellington, Mel s'apprête à porter à sa bouche le gobelet qu'il vient d'extraire de la machine. WELLINGTON (brusquement) Attendez !! Wellington a été brusque, surprenant. Waters s'est arrêté, un peu inquiet. James Wellington reprend, à nouveau souriant : WELLINGTON Cette foutue machine est mal réglée. Elle en a brûlé plus d'un. Mel écarte donc son gobelet de sa bouche. Il baisse les yeux. Wellington, lui, continue de le fixer comme il l'a fait depuis son arrivée. Waters tente un regard vers lui, et trouvant les yeux de son interlocuteur à nouveau fixés dans les siens, il les baisse à nouveau. WELLINGTON D'une certaine façon, je trouve que cette machine symbolise bien la patience dont chacun doit savoir faire preuve pour atteindre ses objectifs. Une vertu que j'attends chez mes collaborateurs. Les regards des deux hommes se croisent un autre instant, où Mel esquisse un sourire poli. Mais son malaise est croissant. WELLINGTON Vous sortez de vos études ? MEL Oui, je... J'étais à Seattle. Je suis venu parce que... C'est... Heu... WELLINGTON C'est...? MEL C'est ma tante qui m'a trouvé ce job ici. Je... WELLINGTON Ah... Citant pratiquement mot pour mot un passage de ''100 Trucs pour Réussir son Entretien d'embauche'', qu'il doit lire tous les soirs depuis six mois - et le faisant avec un manque de conviction pratiquement drôle : MEL Je suis très honoré de faire partie de cette entreprise active et dynamique chez qui j'ai retrouvé les valeurs qui me sont chères... WELLINGTON Mais c'est très bien de trouver du soutien chez ses proches. La famille... j'y accorde beaucoup d'importance, Mel. Nouvel échange de regards. Nouveau sourire de Mel. Cette fois, il n'est plus timide. Il est carrément crispé. MEL Je... Je ne voudrais pas qu'on m'attende. Je ferais mieux d'y aller. Mel jette un regard vers la poubelle disposée à coté de la machine à café, mais se ravise. WELLINGTON Bien, c'est une bonne chose. Après un signe de tête, Mel tourne les talons et s'éloigne. Il jette son gobelet de café plein dans la première poubelle qu'il rencontre dans le couloir. S'il espérait échapper à l'attention de Wellington, c'est raté. Le regard de celui-ci est toujours fixé sur lui, et le reste jusqu'à ce que Mel s'engouffre derrière une porte, et disparaisse. Wellington, filmé en plan rapproché garde les yeux sur le dernier endroit où Mel a été visible. SEQUENCE 5 - RUE D'OLYMPIA - EXT. NUIT ''21H32'' Mel Waters gare sa voiture devant un petit immeuble d'habitation. Tout le voisinage doit être constitué d'appartements minuscules pour célibataire. Le tout a une touche glauque post-moderne. De l'autre coté de la rue, James Wellington est assis au volant de sa voiture, dont les phares et le moteur son éteints. La caméra s'avance jusqu'à filmer son visage en gros plan. Il observe Mel qui sort de sa propre voiture, en plan assez large. Très gros plan du visage de Wellington, en léger ralenti. Plan rapproché de Mel, qui a probablement ressentit un regard. Il s'arrête et regarde autour de lui. Dans la pénombre, il ne peut pas distinguer qu'il y a quelqu'un dans la voiture non loin de lui. Insert sur les yeux de Wellington. POINT DE VUE DE WELLINGTON : En léger ralenti : Mel Waters reste encore un instant à observer. Sauf qu'il ne s'agit pas de Mel Waters. Il occupe la même place, près de sa voiture, il porte les mêmes vêtements, mais c'est un autre visage que Wellington distingue. Cet homme-là a le même âge, mais des traits plus fins. Ses cheveux sont d'un blond bien plus clair, de même que ses yeux... L'homme cesse finalement de scruter la pénombre et se retourne. On retrouve un plan objectif de Mel se dirigeant vers l'entrée de son petit immeuble. De l'autre coté de la rue, Wellington se prend la tête dans les mains. Comme en lutte contre lui-même. INSERT sur ses lèvres : WELLINGTON C'est mieux, c'est mieux. Wellington frappe deux ou trois fois sa tête contre son volant. De nouveau, INSERT sur ses lèvres : WELLINGTON C'est mieux pour toi. C'est mieux pour lui. Plan depuis l'extérieur de la voiture. La portière s'ouvre. C'est un homme déterminé qui s'extrait du véhicule. Toute trace de doute s'est éteint. Il s'avance d'un pas franc vers le petit immeuble. De sa manche, dépasse la lame d'un couteau... FONDU AU NOIR M i l l e n n i u M GARDER ESPOIR CROIRE AU FUTUR L'HEURE EST PROCHE ? "L'humanité marche à reculons vers l'avenir, les yeux tournés vers le passé." Guglielmo Ferrero ACTE 1 SEQUENCE 6 – VOITURE DE CAROL FINLEY – INT. JOUR L'épisode s'ouvre sur le visage de CAROL FINLEY, conduisant son véhicule en milieu urbain. Elle écoute la radio, avec une expression préoccupée sur le visage. JOURNALISTE RADIO A Seattle, les émeutes qui agitent les quartiers populaires sont entrées ce matin dans leur troisième jour, et les forces de l'ordre ne détectent aucun signe d'apaisement. Carol augmente le volume de l'autoradio. JOURNALISTE RADIO Le Maire a proposé hier de recevoir un représentant des habitants, afin d'obtenir le retour au calme. Mais cette offre a été rejetée dans l'heure. Les émeutiers ont fait savoir que tous connaissaient parfaitement leurs revendications, et que leur mouvement s'arrêterait à l'instant où les versements des assurances auraient été effectués. Ils ont tenu à rappeler l'extrême précarité dans laquelle beaucoup de familles vivent depuis près de cinq mois. L'épidémie virale de mai dernier, la plus mortelle de l'histoire de l'Humanité, a en effet laissé bien des familles déjà fragiles sans père ou sans mère, les privant de tous revenus. C'est particulièrement vrai à Seattle, où le terroriste Greg Maeda a initié la contamination. A ces mots, Carol lève un sourcil dubitatif et pousse un soupir : CAROL Le terroriste!... JOURNALISTE RADIO Craignant un effet boule de neige qui propagerait cette instabilité à travers le pays, le gouvernement fédéral s'est déclaré déterminé à obtenir le retour au calme dans les délais les plus brefs. Ce matin, les forces de police de tout l'état de Washington ont reçu l'ordre d'envoyer l'ensemble des forces disponibles à Seattle, où elles aideront les agents locaux et l'armée à sécuriser les quartiers pauvres. Carol tourne à une intersection et se retrouve dans la rue d'Olympia vue dans le teaser. Elle se gare devant l'immeuble de Mel Waters et coupe son moteur, ce qui éteint la radio. SEQUENCE 7 - IMMEUBLE D'APPARTEMENTS, OLYMPIA - INT. JOUR Une forte lumière verte emplit l'écran. Lentement, la caméra entame un travelling arrière. On découvre que la lumière provient d'un panneau "EXIT" qui surmonte une porte d'un gris pâle. La porte s'ouvre pour laisser entrer Carol. La caméra continue de la filmer de face alors qu'elle s'engage dans un étroit couloir. Elle passe devant deux policiers en leur faisant un petit hochement de tête. La caméra s'arrête et laisse Finley la dépasser. L'objectif se concentre toujours sur elle, tout en restant immobile. On peut maintenant voir vers où elle se dirige : Elle rejoint la porte ouverte d'un appartement. SUZANNE McCARLTON se tient devant cette porte aux côtés d'un autre policier en uniforme. Elle est au téléphone. La caméra se place maintenant derrière le policier qui se trouve à l'entrée de l'appartement. Carol entre dans le champ de la caméra. CAROL Alors? Suzanne raccroche son téléphone, l'air agacée. SUZANNE Je n'arrive toujours pas à joindre Frank. Je suis désolée de t'avoir dérangée comme ça, mais la Police a vraiment besoin du Groupe sur ce cas : la moitié de leurs agents viennent d'être envoyés à Seattle à cause du soulèvement. Ils sont totalement débordés. Les deux femmes entrent dans l'appartement... SEQUENCE 8 – APPARTEMENT DE MEL WATERS – INT. JOUR ...La caméra, placée derrière elles, nous montre un homme s'approcher d'elles, saluant hâtivement Carol d'un signe de tête discret. Il s'agit de L'INSPECTEUR JEREMY LONDON, la cinquantaine. Il est habillé en civil, mais un badge accroché au revers de sa veste d'un brun terne fait état de son statut. SUZANNE Inspecteur London, voici Carol Finley. Membre du Groupe MillenniuM, elle aussi. L'INSPECTEUR amène les deux femmes jusqu'au salon, où l'on aperçoit lors d'un rapide panoramique de la caméra le corps de Mel Waters, ramené en position fœtale. Deux policiers en tenue examinent le corps. INSPECTEUR LONDON La victime s'appelle Mel Waters, 24 ans. Un garçon « gentil, timide et réservé », d'après ses voisins et sa famille. Il venait d'arriver à Olympia pour un travail à Devnivi Computers. Je crois qu'il a été pistonné... Enfin bref, y'a rien chez lui qui semble sortir de l'ordinaire ou qui laisse à penser qu'il ait été mêlé à quoi que ce soit de...crapuleux. L'Inspecteur observe sa victime un instant. INSPECTEUR LONDON (pensif) De toute manière nous savons vous et moi que ce meurtre n'a rien de crapuleux, n'est-ce pas ? Dans le temps, on avait pas à gérer des merdes pareilles... Suzanne adresse à l'Inspecteur un regard compatissant. INSPECTEUR LONDON Bref, l'homme a été tué de quatre coups de couteau. L'un d'eux a atteint le cœur. Ensuite, le tueur a ramené sa victime en position fœtale... Suzanne s'approche du corps. Elle s'agenouille et l'observe. INSPECTEUR LONDON ...On a aussi retrouvé un jouet d'enfant à côté du corps. La caméra se centre sur Carol, qui se tient derrière Suzanne, observant la victime par dessus son épaule. Carol semble perplexe. CAROL Hummmmm ? L'inspecteur met un temps à comprendre ce que peut vouloir Carol. Il sort alors un petit calepin de sa poche, et en compulse les pages froissées et noircies d'une écriture brouillonne. Pendant ce temps, Suzanne, qui a revêtu une paire de gants, inspecte délicatement les poches de Mel Waters. Il n'y a rien. Après ce qui semble un long moment pendant lequel Carol n'a pas quitté des yeux le visage de la victime, la voix de l'Inspecteur s'élève enfin. INSPECTEUR LONDON Heu, c'était une figurine d'E.T., l'extraterrestre. Ca a fait fureur à l'époque de la sortie du film. Le labo l'a embarqué pour faire des tests, mais vous pourrez le voir, bien sûr, si... si vous voulez. CAROL (se retournant vers l'Inspecteur) D'autres détails sortant de l'ordinaire ? INSPECTEUR LONDON On a retrouvé des larmes sur les joues de la victime. Mais... CAROL (finissant sa phrase) ...Mais il ne s'agit pas des larmes de Mel Waters. Suzanne, qui continuait à examiner la victime, se retourne maintenant vers Carol, qu'elle observe en soulevant un sourcil interrogatif. L'Inspecteur London, quand à lui, reste stupéfait, se demandant vraiment maintenant qui sont ces gens... CAROL Ces larmes ont coulé des yeux du tueur, pleurant sur sa proie... Suzanne se tourne vers l'Inspecteur. Il lui confirme l'information en opinant de la tête. Suzanne se lève en sortant son téléphone. En se retournant, elle appuie sur une touche et le porte à son oreille. Elle fait quelques pas pour se trouver face à Carol, qui se trouve de l'autre coté de l'écran. Au centre, en retrait, l'Inspecteur London les observe, l'air toujours aussi ébahi. CAROL Suzanne, ce n'est pas de Frank dont nous avons besoin... Suzanne raccroche son téléphone, interrogeant Carol du regard pour qu'elle lui dise finalement ce qu'elle sait. CAROL Peter Watts... Il connaît cette affaire. SEQUENCE 9 - JARDIN DES WATTS - INT. JOUR ''DOMICILE DES WATTS, SEATTLE'' Deux paires de mains travaillent la terre, celles d'un homme et d'une jeune fille. La caméra monte lentement pour nous révéler les visages qui correspondent à ces mains. Il s'agit de PETER WATTS et de l'une de ses filles, CHELSEA. Ils restent tous deux silencieux. On distingue par-dessus l'épaule de Peter une voiture s'arrêtant devant la maison des WATTS. Chelsea se retourne une seconde pour voir qui arrive, mais ce n'est pas le cas de Peter. Carol Finley sort de la voiture. Nous suivons Carol alors qu'elle s'approche de Peter qui n'a pas cessé de jardiner. Elle s'arrête à quelques pas de lui. Il lève la tête. PETER (sans se retourner) Quoique tu aies à me dire... Cela ne m'intéresse pas. Peter se lève et Chelsea qui, maintenant, se refuse à regarder vers Carol l'imite. Tous deux commencent à se diriger vers la porte de sa maison. CAROL Peter... C'est important. Ce que je suis venue te dire, tu souhaites l'entendre. PETER (s'arrêtant, mais sans regarder Carol) J'en doute. CAROL Alors écoutes... et tu seras fixé. Peter se retourne finalement vers Carol, et les deux anciens amis s'échangent un long regard. SEQUENCE 10 - APPARTEMENT DE MEL WATERS, SALON - INT. JOUR La caméra nous montre Peter qui s'approche, suivi de peu par Suzanne. POINT DE VUE DE SUZANNE : Peter s'agenouille auprès du corps de la victime qui est recouverte d'un drap blanc. Il soulève ce drap. CONTRE-PLONGEE sur le visage de Peter. Son regard passe le corps en revue avec méthode, mais il semble plus affecté que d'habitude. Suzanne, debout, un mètre derrière Peter et légèrement sur sa droite, énumère les détails du crime, mais Peter n'y prête pas la moindre attention : SUZANNE Vous vous trouvez devant le corps de Mel Waters, âgé de 24 ans. Il n'est pas d'Olympia, mais de Seattle où il a terminé ses études au printemps dernier. Depuis... Tout au long de sa description, la voix de Suzanne devient de plus en plus diffuse, enrichie d'un écho de plus en plus puissant qui rend les mots difficilement compréhensibles. Ce filet de voix se perd de plus en plus dans le néant, alors que Peter est absorbé par la contemplation du visage de la victime. Des FLASHS violents et bruyants passent sur l'écran, interrompant à intervalle régulier un plan moyen de Peter derrière lequel on distingue Suzanne. Le spectateur aura peut-être le temps d'apercevoir différentes scènes de crime situées alternativement en intérieur ou extérieur. A chaque fois, Peter est dans la pièce, plus ou moins peuplée en policiers, etc. SEQUENCE 11 - FLASH-BACK 1987 – UNE CHAMBRE –INT. JOUR Le dernier de ces flashs ne nous ramène pas à ce plan de Peter et Suzanne. A la place, un très gros plan du visage impassible et fermé de Peter Watts. La caméra se recule en prenant de la hauteur, nous révélant un corps qui n'est pas celui de Mel Waters. Peter est habillé différemment, dans un style daté. Ce n'est pas Suzanne qui se tient debout, un mètre derrière lui, légèrement sur sa droite, mais Carol Finley. Elle croise soudain les bras d'un air à la fois inquiet et contrarié. Au premier plan, Peter frotte sa tête dans ses mains, comme pour se forcer à revenir à la réalité. SEQUENCE 12 - APPARTEMENT DE MEL WATERS, SALON - INT. JOUR A partir d'un plan large de la pièce, la caméra se rapproche jusqu'au gros plan du visage de Peter. Il apparaît consterné. SEQUENCE 13 - BUREAU DE POLICE D'OLYMPIA - INT. JOUR Suzanne entre dans le bureau de l'Inspecteur London. Elle est suivie de Peter dont le visage est figé dans une expression de mutisme. London, qui était assis derrière son bureau, se lève en signe de politesse avant de se rasseoir rapidement. SUZANNE Inspecteur London, je vous présente Peter Watts. Ce dernier va... La caméra s'approche de Peter. A nouveau, la voix de Suzanne se fait plus faible, comme si Peter ne l'entendait plus. SEQUENCE 14 - FLASH-BACK 1987 - BUREAU DE POLICE DE SEATTLE - INT. JOUR ''SEATTLE, 3 DECEMBRE 1987'' CAROL Je vous présente Peter Watts. Carol et Peter se trouvent tous deux dans le Bureau d'un Inspecteur, dans l'absolu similaire à celui de l'Inspecteur London. Ils se tiennent dans les mêmes positions que Suzanne, Peter et London dans la scène précédente. CAROL Mr Watts a travaillé au FBI pendant de longues années. C'est l'un des meilleurs agents de sa promotion. Il va travailler avec moi sur cette affaire pour le Groupe MillenniuM. La caméra passe de Carol à Peter. Ce dernier lance des regards hésitant vers CAROL la première. INSPECTEUR Très bien. Vous avez eu le temps de passer en revue les détails de l'affaire? Carol se tourne vers Peter : PETER WATTS (d'une voix hésitante) Les... Les victimes sont toutes proches les unes des autres physiquement. Cheveux blonds, peau pâle. Il marque un temps d'arrêt et lance un regard vers Carol, comme s'il cherchait un support. PETER (continuant) Toutes les victimes ont les yeux clairs, et elles ont toutes environ quinze ans. CAROL (enchaînant) Elles ont été recroquevillées dans une position fœtale. Et sur pratiquement chacune d'entre elles, nous avons retrouvé des larmes du tueur. A chaque fois, un jouet d'enfant était disposé près du corps. Carol se tourne vers Peter et lui lance un sourire plein de confiance, rassurant. Mais cela ne suffit visiblement pas à Peter. RETOUR AU PRESENT : SEQUENCE 15 - BUREAU DE POLICE D'OLYMPIA - INT. JOUR SUITE DE LA SEQUENCE 13 SUZANNE Peter? Peter... Peter! Peter semble soudain reprendre pieds dans le présent. Il relève la tête vers l'Inspecteur London et Suzanne. Ces derniers le regardent. Peter reste silencieux. SUZANNE Peter, l'inspecteur London passait en revue les détails de l'affaire. INSPECTEUR LONDON Oui... Dans l'hypothèse où le tueur aurait connu sa victime sur son nouveau lieu de travail, mes agents ont commencé à interroger ses collègues de travail. PETER Très bien... Axez vos recherches vers un homme blanc, d'au moins 35 ans - probablement déjà la quarantaine. Il partage probablement les caractéristiques physiques de ses victimes : cheveux blonds, yeux bleus. Ce n'est pas impossible du tout qu'il travaille, il a une vie sociale, une famille. Je dirais même qu'il est probablement marié. Ses collègues et amis vous le décriront comme sensible - voire émotif - doux, amical. Aucun d'eux n'a ne serait-ce que le moindre soupçon le concernant. London écarquille les yeux. INSPECTEUR LONDON Mais enfin... D'où est-ce que vous sortez tout ça ?! Peter dé zippe son blouson et en sort un dossier qu'il passe à l'Inspecteur. PETER Du profil psychologique que j'ai établi du tueur la première fois que j'ai enquêté sur cette série de meurtres, fin 1987, lors de ma première collaboration avec le Groupe MillenniuM. London feuillette le dossier et passe en revue des photos de scènes de crimes où l'on découvre des corps dans une position similaire à celle de celui de Mel Waters. PETER Il semble qu'après 10 ans de latence, ce criminel soit de retour. Et, cette fois, c'est moi qui l'arrêterai. SEQUENCE 16 - MAISON DE WELLINGTON - INT. JOUR Un homme, le VOISIN de James Wellington se tient devant la porte de la maison. La caméra le filme de dos alors qu'il appuie rapidement sur la sonnette qui se trouve juste à côté de la porte. Après quelques secondes, la porte s'ouvre et on découvre Wellington. Il entrouvre seulement sa porte ne laissant passer que son visage. VOISIN Excusez-moi de vous déranger... Je suis votre voisin d'à côté. Wellington ouvre plus grand la porte. WELLINGTON (souriant) Qu'est ce que je peux faire pour vous? VOISIN Je suis en train de préparer un repas pour mes enfants, et je viens de me rendre compte que j'avais oublié d'acheter du sucre. Est-ce que vous... WELLINGTON (l'interrompant, toujours souriant) Ne bougez pas. Wellington quitte l'entrée pour se diriger vers la cuisine, laissant la porte de chez lui grande ouverte. Le voisin profite de cet instant pour jeter des regards curieux vers les intérieurs de Wellington. L'appartement est très bien rangé, propre, agréable. Des couleurs assez vives et assorties avec goût agrémentent l'ensemble. Wellington revient finalement, portant une petite boite de métal. WELLINGTON (tendant la boite) Voilà de quoi rétablir la paix dans votre foyer. VOISIN (souriant) Merci beaucoup... Vous me sauvez la vie. Vous ne pouvez pas savoir à quel point cela peut être épuisant de s'occuper d'une famille. Vous avez bien de la chance... Le visage de Wellington se ferme, tout à coup. Il prend congé de son visiteur d'un simple signe de tête, et referme la porte. Il se retourne et s'appuie dos à la porte, les yeux fermés. Il reste un instant là, sans bouger. Puis il se dirige vers son salon. Wellington va s'asseoir dans un fauteuil. Il attrape un cadre qui se trouve sur une petite table basse. Il a l'air affecté. La caméra s'approche lentement de lui, puis le contourne pour se placer au- dessus de son épaule. On distingue alors la photo qui se trouve dans le cadre. James Wellington y est présent, son bras enlaçant une femme, blonde, elle aussi. Entre eux deux se tient leur fils de quatre ou cinq ans, qu'on devine assis sur une haute chaise. Une jolie famille blonde... FONDU AU NOIR ACTE 2 SEQUENCE 17 – APPARTEMENT DE MEL WATERS, SALON - INT. JOUR Vue sur une série de photographies prises par la police sur les lieux du crime. Peter regarde les clichés étalés sur une table sans rien dire, tandis que déambulent derrière lui des policiers examinant une nouvelle fois le hall. En vue subjective, nous passons d'un polaroïd présentant le corps de la victime replié en fœtus à la photographie de la figurine d'E.T laissé sur les lieux du meurtre. Suzanne observe Peter par l'embrasure de la porte, toute aussi silencieuse que lui. La caméra fait alors un fondu sur Peter passant douloureusement sa main sur son front. SEQUENCE 18 – FLASHBACK 1987 - MAISON RURALE - EXT. JOUR Vue sur Peter, assis sur le perron en bois d'une maison rurale. Peter a sa tête dans ses mains, immobile depuis plusieurs minutes sur les marches. Carol Finley sort de la maison et le retrouve, lui faisant dos. Elle adopte une moue sévère puis hume l'air humide environnant avant de parler. CAROL C'est Finley. Il va bientôt se mettre à pleuvoir. PETER (désintéressé) J'arrive. Peter enlève ses mains de son visage, laissant apparaître une mine excessivement fatiguée. CAROL Qu'est-ce qui ne va pas Peter ? PETER (morose) Question-piège... CAROL Tu as l'air de souffrir, ma question était altruiste. Ton instabilité émotionnelle sur cette affaire n'a échappé à personne. Pas à moi en tout cas. PETER Je ne suis plus candidat. Mes états d'âme sont les miens. CAROL (soupirant) Comme tu voudras. On t'attend à l'intérieur pour commenter son mode opératoire. SEQUENCE 19 – APPARTEMENT DE WATERS, SALON - RETOUR AU PRESENT - INT. JOUR Occupé par ses photos, Peter se retourne soudainement vers Suzanne. PETER (gêné) Je ne vous avais pas vue. SUZANNE Je sais. Vous sembliez ailleurs. Peter regroupe rapidement les photos en une pile unique et referme le dossier sur la table. Alors que Suzanne s'approche de lui, il tente d'égayer son visage. SUZANNE Le fil vous menant à la sortie du labyrinthe est rompu. PETER Qu'est-ce que vous voulez dire ? SUZANNE Je ne veux pas que vos problèmes déteignent sur notre travail. Expliquez-moi en quoi cette affaire est si particulière pour vous. Car c'est bien le cas, n'est-ce pas ? Peter arbore alors un sourire clairement antipathique. PETER (calmement) Vous, vous êtes vulnérable à ces choses ? Je ne pense pas. La compassion est une notion abolie au sein de l'élite du Groupe, ceci explique cela... Suzanne s'appuie sur la table, écoutant Peter avec un regard neutre. PETER (poursuivant) L'insensibilité permet de ne pas craindre sa propre mort. Et de mener à bien les guerres les plus sanglantes sans remords. SUZANNE (secouant la tête d'un air morne) J'ai passé des années à me forger une carapace, pour me mettre à l'abri de l'empathie. Chaque déni de drame amène sa pierre à l'édifice de ce bouclier mental. Ensuite la mort devient un élément naturel et rationalisé, conception qui protège votre psychisme. La souffrance me choque juste assez pour que je daigne la combattre. Mais jamais au point de m'identifier à qui que ce soit. Les vices du monde extérieur ne peuvent plus m'atteindre. PETER (défiant) Il y a toujours un trou par lequel l'air passe dans la combinaison. SEQUENCE 20 - DEVNIVI COMPUTERS, BUREAU DE WELLINGTON - INT. JOUR Vue sur deux silhouettes de dos interrogeant James Wellington à son bureau. Les Inspecteurs RIVAIL et KARDEC tiennent tous deux un calepin en mains, notant de manière presque synchronisée ce que James leur raconte. WELLINGTON J'ai des responsabilités vous savez. Créer des liens entre les différents organes, c'est un peu mon travail ici. KARDEC (timide) Et... vous connaissiez déjà la victime ? WELLINGTON (les mains croisées) De vue seulement. Mel Waters venait de rejoindre l'équipe. KARDEC Vous étiez où le soir de son arrivée monsieur Wellington ? WELLINGTON (embêté) Je suppose que j'étais chez moi. KARDEC (avalant sa salive) Si l'on interroge vos voisins, ils confirmeront ? WELLINGTON ... ça je ne pense pas. RIVAIL (sceptique) Donc, vous n'avez aucun alibi valide en ce qui concerne le soir du meurtre ? WELLINGTON (désarçonné) Attendez. En fait, je suis resté tard au bureau, j'avais du boulot en retard. Puis ensuite le soir j'ai fait le tour de la ville en voiture... pour écouter la radio... Les deux inspecteurs se regardent mutuellement, peu convaincus. Ils rangent néanmoins leur calepin dans leur poche de blouson et se dirigent vers la sortie du bureau. L'objectif filme un instant la scène en plongée. RIVAIL Bien James, nous avons fini pour le moment. On a d'autres salariés à voir aujourd'hui. Nous vous interdisons bien évidemment de quitter la ville jusqu'à la résolution de l'affaire. James se lève précipitamment de son bureau. WELLINGTON Entendu. Les deux inspecteurs sortent de la pièce. James les observe et bloque son regard sur Kardec dont les cheveux blonds camouflent une partie du front. James est alors pris de tremblements incontrôlés. SEQUENCE 21 – APPARTEMENT DE WATERS, SALON - INT. JOUR Peter et Suzanne sont assis sur la table à discuter de l'affaire. Ils sont visiblement physiquement éprouvés par le cas. SUZANNE Vous pensez que l'on peut essayer de déterminer la provenance du jouet ? PETER (passant un doigt sur sa moustache) Une perte de temps. Ces jouets datent de toute évidence de plusieurs années, on ne retrouvera pas leur origine avant plusieurs semaines. SUZANNE La position fœtale des victimes est caractéristique soit du tueur désorganisé soit du tueur fasciné par l'image que donnent les médias des crimes en série... PETER A l'époque de la première série de meurtres, l'hypothèse d'un tueur à la recherche de sa mère génétique avait été avancée. Cette hypothèse s'appuyait sur les précédents travaux du Dr. Brussel, pionnier du profilage. Mais il est aujourd'hui évident qu'il ne s'agit pas de ce genre d'assassin qui est à l'œuvre. Soudain l'Inspecteur Rivail entre dans le hall en s'exclamant haut et fort pour que tous les policiers l'entendent. RIVAIL (grognant) Vous savez ce que c'est de rentrer bredouille ? SUZANNE (intéressée) Comment ça, vous n'avez pas progressé ? RIVAIL Non madame, la société a onze de ses salariés incapables de fournir un alibi correct, mais aucun d'entre eux ne correspond un tant soit peu à nos critères de recherche. Je crois que cette fois c'est l'impasse pour vous. Vus Les sous-effectifs, on a pas les moyens de creuser onze pistes aussi improbables. Suzanne regarde Peter avec un air interrogateur. SEQUENCE 22 - CHAMBRE D'HOTEL - INT. NUIT Vue sur Peter, assis au bout du lit de sa chambre d'hôtel. Il broie du noir seul dans l'obscurité de la pièce, seulement éclairée par une petite lampe de chevet. Pensif, il tourne doucement sa tête vers le téléphone puis en saisit le combiné. Il compose alors lentement un numéro. Après quelques sonneries, Frank Black arrive au trot vers son téléphone posé sur le meuble du hall. Il décroche soudainement l'appareil. FRANK (essoufflé) Frank Black. De l'autre côté du fil, Peter reste muet, comme saisi par la honte. Frank tapote sur le meuble du bout des doigts. FRANK (poursuivant) Il y a quelqu'un ? Peter raccroche le combiné avant d'avoir répondu. Frustré et culpabilisant, il passe lourdement sa main sur son visage. L'objectif filme son regard se noyant dans le vide... SEQUENCE 23 - FLASHBACK 1987 - COULOIR INCONNU - INT. JOUR Peter marche dans un couloir mal éclairé, comme au ralenti. L'ancien QG du Groupe Millennium, rustique, montre ses premiers signes de vieillesse. Soudain d'une porte adjacente déboule MIKE ATKINS, encombré d'une pile de dossiers. Mike accélère alors le pas pour rejoindre Peter. ATKINS Hé Peter, déjà là ? Peter arrête sa marche et se retourne vers son collègue. PETER (esquissant un sourire) Salut Mike. Tu veux que je t'aide à porter ta paperasse ? ATKINS (cynique) Tu me prends pour un vieillard ou quoi ? Où en est ton enquête sur ce malade ? PETER (soupirant) Nulle part. Je n'y arrive pas, et je me demande si ma place est vraiment avec vous, au sein du Groupe. Le Mal ne nous craint pas autant que je l'aurais cru. Mike pose ses dossiers à terre et se redresse en étirant son dos. Le vétéran de Millennium a vu plus d'un membre se décourager. ATKINS Je sais que cette affaire n'est pas facile pour toi, mais ça n'est pas le moment d'abandonner. Si même des gens comme toi se découragent, alors sur qui la justice pourra-t-elle compter ? Le Mal s'en retrouverait grandi, si tu laissais tomber. PETER (fourrant une main dans sa poche) J'aimerais être certain que le Mal a peur de nous... ATKINS Peter, le Mal n'a peur de rien. Mais notre action ralentit son processus de destruction et tant que le Groupe sera là, il restera peut-être un espoir. Est-ce que tu comprends ? Peter adresse un air déjà plus confiant à son ami, en guise de réponse. ATKINS (poursuivant) Mais bien sûr. Nous pouvons agir sur les évènements. Est-ce que tu as déjà entendu parler d'un certain Frank Black à Quantico ? PETER (interloqué) Non, jamais. ATKINS Il a dirigé plusieurs années l'unité d'enquête sur les crimes sexuels, c'est un agent du FBI. Il a fait sa thèse sur le comportement des schizophrènes en milieu carcéral. C'est lui qui a mis au point la typologie désormais classique des tueurs sadiques, en démontrant la valeur érogène de la violence physique pour ces individus. Frank Black passe sa vie entre la traque des meurtriers et ses dépressions nerveuses. PETER Frank Black... ATKINS (haussant les épaules) Tout ceci pour dire que malgré les obstacles, nous devons lutter. Et nous reposer sur les quelques personnes chaleureuses qui nous entourent. Le Mal exploitera tes failles et tes regrets pour limiter tes possibilités : tiens-lui tête. SEQUENCE 24 - CHAMBRE D'HOTEL - RETOUR AU PRESENT - INT. NUIT Vue sur les mains croisées de Peter, toujours assis sur son lit. Peter regarde le réveil sur la table de chevet et y lit : 02h47. Peter a cogité plus de trois heures sans s'en apercevoir. Il regarde une dernière fois le sol pour conclure sa réflexion. PETER (morne) Ce monde ignoble... il faudra l'éteindre comme l'on éteint une télé. SEQUENCE 25 - ROUTE 117 - EXT. NUIT Vue sur une bouche grande ouverte et criant de douleur. Sur une route abandonnée bordée par les herbes hautes, l'Inspecteur Kardec vient de recevoir un coup de couteau dans le plexus. Perché sur son corps, James Wellington plante une seconde fois l'arme dans le tronc de sa victime hurlante. Le jeune homme se débat mais perd de plus en plus de force au fur et à mesure que son sang fuit de ses plaies. L'objectif se place subjectivement derrière les yeux du tueur, qui tout en violentant l'Inspecteur Kardec verse des larmes de tristesse incessantes qui tombent sur le visage de l'homme ensanglanté. Un troisième coup de couteau. James continue à pleurer et à gémir : sous ses yeux fous, le visage de sa victime se métamorphose, comme en proie à l'élasticité, devient une figure plus mince et plus blonde, le même qu'il voyait dans le teaser. James voit un autre homme subissant ses attaques, qui dans un dernier râle sent son poitrail éclater au terme d'une quatrième et dernière lame pénétrant son ventre. L'Inspecteur Kardec est mort. James rentre son couteau dans sa veste et enlace sa victime un instant en gémissant. WELLINGTON (secouant un peu le corps) On... on allait pas se quitter comme ça, je te l'avais dit... Séchant son visage avec sa manche, James enlève son pull au cadavre et le roule sous le sien. Il saisit ensuite les jambes du corps et les remonte contre son ventre : la caméra fait un plan sur l'Inspecteur Kardec, replié en position fœtale dans une flaque de sang. Puis, Wellington attrape dans la poche intérieure de son blouson un wagon de train miniature. Il le pose à coté du corps, à la hauteur de son visage. WELLINGTON Tiens, Matthew. C'est pour toi. Il t'accompagnera jusque là-bas. Tu verras... Tu y seras en paix... James se griffe alors le visage et titube jusqu'à la route. Il se met à courir maladroitement sur le bitume nocturne en ne cessant de geindre. FONDU AU NOIR ACTE 3 SEQUENCE 26 - ROUTE 117 - EXT. NUIT L'écran est noir mais l'on entend la pluie tomber à grosses gouttes. En plan fixe, l'on voit la silhouette de Peter, agenouillé au bord de la route, comme en position de prière. Derrière lui, Suzanne se tient debout et droite, bras croisés et examinant l'attitude étrange de Peter. Un peu plus loin, quelques policiers bouclent le périmètre en faisant de grands gestes de la main. Le ciel matinal n'est alors qu'une couverture de nuages noirs et figés. La caméra fait un plan sans artifices sur le regard inexpressif de Suzanne puis tourne autour d'elle jusqu'à se placer sur son épaule : Peter est à genoux, de dos, sur le bord du chemin au milieu des herbes trempées. Devant lui, le corps d'un jeune homme replié en posture fœtale, les genoux remontés sur son torse nu et ensanglanté. Le cadavre immobile de l'inspecteur a ses cheveux balancés par le vent alors que Peter le contemple, les yeux plissés de peine et la bouche hésitante. L'objectif fait un gros plan sur la joue de la victime, arrosée de la pluie effaçant les larmes du meurtrier. Peter finit par regarder le sol en soupirant. Un AGENT DE POLICE avec un chapeau s'approche de Suzanne, toujours stoïque, et s'adresse à elle doucement. AGENT Dites, vous ne pouvez pas rester éternellement au milieu de la route comme ça. On doit transporter le corps. SUZANNE (l'air morne) Oui, un instant. AGENT (désignant Peter avec le menton) Ben, ça fait presque un quart d'heure qu'il regarde le corps sans bouger, alors... Suzanne jette brusquement un regard glacial au policier. Il hoche la tête et retourne à ses occupations sans insister. Suzanne entrouvre la bouche et ferme les yeux, visiblement agacée. SUZANNE (sèchement) Watts. Peter ne répond pas, son visage ne réagit pas à l'appel. La pluie énervée frappe son blouson noir, provoquant un bruit assourdissant. SUZANNE Vous comptez rester ici longtemps ? PETER Personne ne vous contraint à me suivre. SUZANNE (esquissant un sourire) Je me fais du souci pour vous. Si vous souhaitez que le coupable soit retrouvé, il va falloir bouger d'ici. PETER Cet homme... quatre coups de couteaux... SUZANNE Il était inspecteur de police, il connaissait les risques de son métier. Tout comme vous connaissez les vôtres. Je vous le répète : partons. Peter enlève délicatement un cheveu blond collé au front du jeune homme mort. Ses mâchoires se durcissent un instant puis il se relève doucement du sol, son pantalon maculé de terre et ses poings serrés. Il se tourne vers Suzanne, cachant son air dépité par un visage neutre. PETER Faites ce que vous voulez, vous n'avez pas besoin de moi. Cette fois, Suzanne saisit violemment le bras de Peter. SUZANNE (énervée) Vous venez avec moi ! PETER (haussant un sourcil) Et pourquoi je vous obéirais ? SUZANNE Parce que je veux la vérité. Toute la vérité. Vous allez me raconter tout ce que vous savez. SEQUENCE 27 - UNE RUELLE INCONNUE - EXT. JOUR Vue sur un mur pouilleux et sale dans une ruelle déserte. Soudain, une main s'y agrippe convulsivement alors que l'on entend un léger râle l'accompagner. L'objectif suit lentement la courbe du bras jusqu'à dévoiler James Wellington, se réveillant au milieu de nulle part, l'air apeuré et ses cheveux blonds désordonnés. L'homme se redresse maladroitement, manquant de basculer, complètement perdu. Il avale sa salive en regardant les alentours de la ruelle poisseuse et abandonnée. Des détritus jonchent ses pieds. James tente d'avancer malgré ses jambes branlantes, sa mémoire défaillante. Une musique rock résonne dans les quartiers voisins, seul signe de vie des alentours. Prenant appui sur le mur avec sa main, James y laisse une trace de sang marron. Les yeux pétrifiés, il regarde alors ses mains tâchées et tremblantes, puis s'enfuit en courant. Nous voyons alors un gros plan sur un couteau rougeâtre et dégoulinant, couché sous un lot de papiers journaux déchirés. SEQUENCE 28 - ROUTE 117 - EXT. JOUR Vue sur une voiture de police roulant sous la pluie battante. La caméra suit le véhicule en plongée jusqu'à ce qu'il passe devant un abri en bois. Là, l'objectif redescend à l'horizontal jusqu'à une table rustique où Suzanne met ses notes en ordre. Peter est appuyé contre une poutre de bois soutenant l'abri de fabrication artisanale. La pluie lui gicle dessus sans retenue, sans qu'il ne ressente rien. SUZANNE J'ai demandé à ce qu'on vienne nous chercher. En attendant je n'ai rien de mieux à vous proposer que cet abri rudimentaire. PETER (antipathique) Non, si vous m'avez amené ici c'est uniquement pour me poser vos questions. Inutile d'inventer toujours plus de mensonges, le Groupe s'en charge très bien tout seul. Suzanne pose ses notes sur le coin de la table et croise ses mains. SUZANNE Alors, montrez-moi que vous valez mieux qu'eux et dites-moi. PETER Finley vous a déjà tout dit. SUZANNE (secouant calmement la tête) Carol Finley m'a simplement dit que je ne devais pas vous brusquer sur cette affaire. Quel est le problème, vous n'arrivez pas à cerner le tueur, c'est ça ? Peter pouffe d'un rire presque inquiétant en levant la tête, puis replonge son regard vers le sol avec un demi-sourire. La caméra fait un plan large de l'abri fait de planches de bois, siégeant sous les averses de pluie et le ciel noir. Suzanne se lève de son banc en silence, prédisant les paroles de Peter. PETER (le visage fatigué) Au contraire...je connais les motivations du tueur, je comprends ce qui l'anime. Je sais tellement qui il est...qu'il me hante depuis une éternité. Cet enfoiré m'imprègne, à tel point que j'en ressens l'envie de m'arracher la peau. Suzanne écoute Peter, décontenancée. PETER (poursuivant) Il tue des hommes semblables les uns des autres, Suzanne. Toutes ses victimes sont d'âge similaire, blonds, soignés. C'est son signe particulier. En tuant ces hommes, il renie quelque chose qui l'a profondément marqué... Et à chaque nouvelle vague de meurtres, l'âge moyen de ses victimes augmente. Il augmente toujours du nombre d'années passées sans commettre de méfaits. SUZANNE (concentrée) Ce qui veut dire...que ce sont des substituts. Evidemment... PETER (le visage endolori) Il tue son fils. Encore et encore. Il tue son fils à chaque étape de sa vie, à l'infini... Il est obsédé. SUZANNE (écarquillant les yeux) Mais vous aussi, vous semblez obsédé par ces meurtres. Au moins autant que l'assassin. PETER (soupirant) Je ne peux pas concevoir un tel psychopathe. On ne peut pas vouloir tuer son propre fils. On ne peut même pas y penser. Pas sans l'influence du millennium... SUZANNE (souriant) Vous avez un fils, Peter ? Peter regarde tristement Suzanne en guise de réponse. La pluie perd peu à peu de son intensité, mais les nuages sont toujours plus sombres. Un instant, la scène est filmée en plongée, les deux collègues séparés par une table en bois. SUZANNE Je comprends...n'interprétez pas ça comme un échec personnel. On ne vous a pas laissé le choix. PETER (mal à l'aise) J'ai prié un nombre incalculable de fois, et... SUZANNE (gênée) Inutile de m'en dire plus, désolée de vous avoir forcé la main. PETER (lentement) Dieu m'a infligé ce qu'il pensait être la juste répartie de mes erreurs. Aujourd'hui je n'ai plus la moindre...possibilité de concrétiser ce désir. SUZANNE Dieu porte aussi le nom de destin, de hasard, de chance ou de malheur. Vous ne devez pas vous en prendre à vous-même Peter. Certains membres de Millennium vous le diront, l'injustice divine existe : les hommes bons ne vivent pas heureux. Les monstres sont tellement plus convaincus de leurs actes que nous. Vous n'avez pas de fils en effet, mais... PETER (intrigué) Mais ? SUZANNE Mais vous pouvez sauver les fils des autres. Sauver des familles. En me suivant, et en m'aidant à mettre la main sur cet homme. En passant à l'attaque et en refusant d'être une victime. Un déclic se produit dans le regard de Peter. Suzanne fixe son interlocuteur en attendant une réponse. Peter adopte un air pensif puis finit par obtempérer d'un mouvement de tête. SEQUENCE 29 - DEVNIVI COMPUTERS, HALL - INT. JOUR Vue sur Peter, assis sur une chaise de la salle d'attente. Penché en avant et les mains croisées, Peter scrute le mur qui lui fait face en attendant le retour de Suzanne. Il pousse un soupir douloureux en se frottant la joue. SUZANNE (OFF) Je l'ai. Peter se retourne vers Suzanne puis se lève immédiatement, les bras tombants. PETER Vous avez isolé quelques suspects potentiels ? SUZANNE (montrant une liste de noms barrés) James Wellington. Il correspond au profil idéal que vous m'avez dressé tout à l'heure, regardez : la quarantaine, du grade, il est dans le département de management, célibataire endurci depuis son divorce, et surtout...il est blond et avait parlé à la dernière victime peu avant le crime. Sceptique, Peter passe en revue les noms inscrits sur le morceau de papier. Suzanne semble ennuyée que Peter doute de ses recoupements. PETER Mmm, à mon avis ça n'est pas le seul employé répondant à ces critères dans cette boîte... SUZANNE (souriant) Certes, mais selon le patron c'est le seul qui ne soit pas venu travailler depuis hier... Peter et Suzanne se dévisagent un instant. SEQUENCE 30 - ROUTE MONTAGNEUSE - EXT. JOUR Une voiture noire file sur une route bordée d'arbres pleureurs sans feuilles. Au volant, Peter règle le rétroviseur en jetant un regard à Suzanne assise à sa droite. Cette dernière est au téléphone, prenant en vitesse des notes sur un calepin. La caméra nous montre Peter plissant les yeux afin de comprendre la conversation que Suzanne mène avec la police de l'autre côté du fil. SUZANNE (regardant Peter) Oui, bien sûr... On s'y rend... A côté de moi... Oui... Mettez vos hommes en alerte... Merci... Suzanne raccroche puis enfile sa ceinture de sécurité. Peter s'impatiente et attend des explications que Suzanne ne donne pas, tapotant sur le volant avec son doigt. Il réagit. PETER (énervé) Dites, vous allez me dire ce qu'il y a de vous-mêmes ou bien je dois vous demander ? SUZANNE Ils ont les résultats préliminaires. J'avais demandé qu'on me transmette les informations susceptibles de nous aiguiller, et concernant le passé de ce monsieur Wellington. Et on vient de me les donner. PETER Son fils est mort, n'est-ce pas... SUZANNE (approuvant) Exactement. Je ne sais pas encore comment, mais les dossiers ne mentent pas. Son fils s'appelait Joshua. Il est décédé il y a quinze ans... c'est-à-dire cinq ans avant les tous premiers meurtres. PETER (en sueur) Et merde ! Peter donne un violent coup de poing dans le volant qui fait dévier le véhicule de son axe. Suzanne se redresse vivement sur son fauteuil en protestant, quand soudainement une voiture manque de percuter la leur dans un concert cacophoniques de klaxons énervés. Le véhicule de Peter et Suzanne frôle la pente descendante de la route mais Suzanne tire rapidement le volant vers elle. SUZANNE Calmez-vous Peter bon sang ! Vous voulez nous tuer ? PETER (réalisant son erreur) C'est bon, je suis désolé. La voiture semble se comporter à nouveau normalement. SUZANNE Garez-vous et laissez-moi conduire à votre place. PETER Non, je peux très bien continuer. SUZANNE (énervée) Garez-vous ! Peter n'a pas envie d'insister davantage. Il réduit progressivement sa vitesse et dirige la voiture vers le bas-côté, près des arbres bruns et dégarnis. L'objectif filme quelques secondes le véhicule noir stagner silencieusement au milieu des fougères. Puis Peter en sort soudainement, suivi de près par Suzanne. Peter semble s'éloigner un peu, marchant d'un pas bancal dans les herbes hautes et donnant brusquement un coup de pied dans la terre. PETER (riant) Je n'y crois pas ! C'est incroyable ! Ne sachant pas comment réagir, Suzanne reste appuyée contre le capot de la voiture sans rien dire. Elle observe sombrement Peter lui faire part de sa folie intérieure. PETER (mettant son visage dans ses mains) Nom d'un chien, c'est la fin. Je vais voir la fin de cette histoire ! On va foutre ce salopard derrière les barreaux, vous y croyez, vous ? C'est trop facile pour être vrai. A qui le mérite Suzanne, au Groupe Millennium ?! Suzanne esquisse un faux sourire. SUZANNE Non, à vous Watts. Peter laisse tomber ses bras et scrute Suzanne avec un mélange de contentement et d'incrédulité. L'on voit alors un plan en plongée des deux individus isolés sur le bord de la route. SEQUENCE 31 - DOMICILE DE WELLINGTON - EXT. JOUR Une voiture grise avance doucement sur l'allée d'une résidence luxueuse. James Wellington la conduit, en sueur et perturbé. Il semble haletant et son véhicule fait un écart volontaire sur le gazon de la propriété. James se gare maladroitement devant son garage, s'apprêtant à rentrer chez lui. La caméra fait alors un gros plan sur le rétroviseur que l'homme regarde également, les yeux écartés : la voiture noire de Suzanne et Peter est déjà là, elle semble surveiller les lieux. Dans la voiture noire arrêtée un peu plus loin sur le trottoir, Suzanne au volant observe calmement la scène. Peter à côté d'elle se retient de bondir, accoudé à la vitre dans une position inconfortable. Le tueur n'est toujours pas sorti de son véhicule. SUZANNE Mais qu'est-ce qu'il fait ? PETER Il nous a repérés je pense. Pris de convulsions et poussant un gémissement, James enclenche brusquement la marche arrière et son véhicule dérape sur plusieurs mètres de gazon. Il soulève plusieurs kilos de terre puis rafle toute la longueur d'un mur du voisinage, pour tenter de fuir. PETER (bondissant sur son siège) McCarlton ! Suzanne appuie d'un coup sec sur la pédale d'accélérateur et fonce sur la voiture de James alors qu'il essayait de se remettre droit sur la route. Les deux véhicules entrent vite en collision et la vitre de Suzanne explose sous l'impulsion du choc. La voiture de James gicle en plein milieu de la rue au milieu d'un monceau de verre brisé, laissant retentir une alarme stridente. PETER (criant à Suzanne) Ca y est on l'a ! Peter ouvre en fracas sa portière et saute de son véhicule fumant. Il court vers l'engin accidenté et saisit violemment James par le col en le tirant de son siège. WELLINGTON (paniqué) Lâchez-moi, vous vous prenez pour qui ?! Je vous connais pas, foutez-moi la paix ! PETER (serrant le col encore plus fort) Pourquoi ? Pourquoi est-ce que vous faites ça ?! WELLINGTON (hurlant) De quoi vous parlez, vous êtes malade ! PETER (plaquant son interlocuteur sur le capot) Espèce de salaud, ça vous fait quoi de planter votre couteau dans leur chair ?! Est-ce que tu as peur du sang qui coule des plaies que tu t'amuses à creuser ?! T'en as rien à foutre, hein ?! WELLINGTON Vous êtes un flic c'est ça ?! Vous n'avez pas le droit de faire ça ! PETER (secouant James) Et toi, tu avais le droit de faire ça ?! Est-ce que... SUZANNE (OFF) Ca suffit Watts, vous n'obtiendrez rien comme ça. Peter relâche la pression un instant en haletant. L'homme qu'il maintient de force semble trop apeuré pour se débattre et se remet à trembler contre le capot. La caméra fixe le visage de Peter : sa haine s'est changée en spleen ambiguë. SEQUENCE 32 - COMMISSARIAT D'OLYMPIA, WASHINGTON - INT. JOUR James Wellington est assis à une table métallique, enfermé dans une pièce close. Bras croisés, appuyé contre son reflet dans le miroir sans teint, Peter regarde l'interrogatoire du criminel mené par Suzanne, assise en face de lui. James piétine nerveusement le sol en regardant Peter de l'autre côté de la pièce. Suzanne sort la photo d'un torse ensanglanté et la pose sur la table. SUZANNE Bon, on reprend depuis le début... WELLINGTON J'ai déjà tout dit. Je ne sais pas. SUZANNE Cet homme... Vous le connaissez n'est-ce pas ? Peter jette un regard assassin à James en inspirant fort. WELLINGTON (grognant) Vous voulez me tendre un piège, c'est ça ?! SUZANNE (présentant une nouvelle photo) Il s'appelle Mel Waters, l'une de vos nombreuses victimes. Mais vous êtes un acharné, ça ne vous a pas suffi dans un laps de temps si court. Et hier vous avez récidivé sur l'Inspecteur Kardec...0 James se gratte la joue, la face teintée d'incompréhension. WELLINGTON Aucune idée. Je... je connais de bons avocats vous savez ! SUZANNE (le visage ferme) Arrêtez votre manège, les flics ont retrouvé chez vous des mèches de cheveux appartenant à d'anciennes victimes, dans un tiroir de votre bureau. Vous les collectionniez ? WELLINGTON (agacé) Ca suffit... Je ne comprends rien à vos histoires... Peter secoue la tête, manifestant un air de dégoût expressif. SUZANNE (reprenant vite le fil du discours) Vous souffrez en les tuant, c'est si intolérable que vous vous mentez à vous-même. Mais pleurer ne permet pas d'oublier. WELLINGTON Co... comment ?! SUZANNE Vous n'avez aucun alibi pour hier n'est-ce pas ? Que faisiez-vous, recommencez... WELLINGTON (ensuqué) Je n'en sais rien... J'en sais rien bon sang, je ne m'en souviens plus ! En fait je ne sais même pas de quoi vous me parlez depuis tout à l'heure ! PETER (OFF) Cette manie que les criminels ont de ne pas se souvenir de leurs activités de la veille... James se retourne vers Peter, dont les mains ont rejoint les poches de son blouson. L'air grave, ce dernier se dirige vers la porte et sort de la pièce sans se retourner. Suzanne reste muette un instant, tapotant ses ongles sur la table. WELLINGTON Votre partenaire ne semble pas dans son état normal... En tout cas, il m'a agressé, et je ne me tairai pas face à ce que vous savez être une brutalité policière ! Suzanne ramasse tranquillement ses papiers et les rassemble dans une chemise noire, sans prendre la peine de lever les yeux vers James. Ce dernier tape du poing sur la table. WELLINGTON (surexcité) Bon d'accord, le jeunot je le connaissais, c'était un collègue de bureau, mais c'est tout ! Je ne sais pas comment il a été tué, on ne s'est vus qu'une seule et unique fois ! SUZANNE (calmement) Je pensais plutôt qu'il s'agissait de votre fils. WELLINGTON (énervé) Je... Je demande à sortir d'ici ! SUZANNE (impassible) Vous lui laissez un jouet. Un wagon de locomotive... Un froid immédiat envahit la pièce. Les mains de James sont prises de tremblements incontrôlables qu'il essaye de cacher avec peu de talent. Peter observe sans bouger l'homme qui pleure ses meurtres. Alors que James parle, l'objectif fait un long et lent travelling sur le visage de Peter, couvert d'ombres agitées et démoniaques. WELLINGTON (avalant sa salive) Mon fils est mort. J'ai oublié ça... c'est ma vie privée ! De quoi vous mêlez-vous ?! Et... et c'est bien normal que des gens meurent ! Il y aura toujours des crimes, et avec ou sans flics ça continuera... vous voyez, vous ne servez à rien... il y a des choses qui doivent se produire... à un moment donné... de manière inconditionnelle, on se met pas au travers de ça ! Vous faites une erreur, vos analyses sont fausses et je ne suis pas un assassin, mon avocat n'est pas n'importe qui, il ne laisse pas passer les bavures, vous le regretterez ! Je ne comprends même pas l'accusation ! Suzanne regarde finalement l'interrogé puis se lève de table, l'air hautain. SUZANNE Pour vous ce sera la perpétuité. WELLINGTON (postillonnant) Oh non madame, c'est vous qui allez tomber de haut ! Je n'ai pas une seule goutte de sang sur les mains, je ne pense pas que vous les flics puissiez en dire autant ! Vous pensez servir la justice ? Alors retrouvez votre coupable et ne persécutez pas les gens comme moi ! Peter ne peut pas entendre la suite des propos de Wellington. Sans broncher, il entend soudainement un cri strident et monstrueux couvrant toute forme de dialogue humain l'espace de quelques secondes. Un cri impossible à identifier, provenant de nulle part. Un hurlement sinusoïdal. Suzanne regarde Peter, qui arbore une moue ennuyée. Elle se lève, une pile de papiers sous le bras, et tous deux sortent de la salle d'interrogatoire. immobile. SUZANNE Je ne vous remercie pas de votre aide. Peter adresse un regard faussement surpris à Suzanne. La caméra fait un plan de quelques secondes sur James, effondré sur sa table et apparemment effrayé. PETER (pensif) Les monstres ont des visages ordinaires. SUZANNE Les menteurs aussi. PETER Il n'en fait pas partie. SUZANNE (interloquée) Pardon ? PETER (sûr de lui) James Wellington pense sincèrement tout ce qu'il a dit. Sans rien ajouter, Peter tourne les talons et se dirige vers la porte. Suzanne l'interpelle. SUZANNE Watts, c'est terminé, nous avons résolu cette affaire ! Mais Peter ne l'écoute pas. Il sort de la pièce et marche d'un pas décidé dans un long couloir gris et luisant, l'objectif le filmant de face tandis qu'il sort son téléphone de son blouson. SEQUENCE 33 - AEROPORT DE SAN FRANCISCO - INT. JOUR Vue en contre-plongée sur Peter, assis sur un banc. Le champ de la caméra s'élargit et dévoile un accueil d'aéroport peuplé de sièges en plastique sur lesquels plusieurs personnes attendent, sans communiquer entre elles. L'ambiance morose qui entoure Peter n'est pas enrayée par les messages des haut-parleurs à l'intention des touristes. Deux jambes apparaissent au premier plan de l'écran, se postant devant Peter. PETER (se levant) Frank ! Ca a été le trajet ? Frank se tient face à son ami, un sac de voyage marron accroché à son épaule. Son visage perplexe ne retient pas une certaine amertume. FRANK (doucement) Tu aurais dû m'appeler, je serais venu de suite. PETER (gêné) J'avais...besoin de faire le point tout seul sur cette affaire. FRANK Mais maintenant je suis là. Un plan global montre les deux hommes se scrutant en silence, solennellement. SEQUENCE 34 - RESIDENCE INCONNUE, PLUTONIA STREET -EXT. JOUR Vue sur une maison d'une rue chic. SEQUENCE 35 - INTERIEUR DE LA MAISON - INT. JOUR Frank et Peter sont assis côte à côte sur un canapé en cuir, au milieu d'un salon finement aménagé. Face à eux, TAMARA WELLINGTON, une femme d'une quarantaine d'années, répond à leurs questions, assise sur un fauteuil. FRANK Donc votre mari - James Wellington - voulait un enfant à tout prix. Depuis plusieurs années. TAMARA (regardant le sol) On avait essayé... Toutes les techniques médicales possibles. James n'acceptait pas le fait d'être stérile, il avait vu des couples chez qui cela avait marché, donc il voulait absolument essayer, il croyait beaucoup en la science. Mais rien ne s'est produit, durant longtemps... FRANK Puis vous êtes tombée enceinte...sans trop savoir comment. TAMARA Un miracle monsieur Black. On nous a soudainement offert l'enfant que l'on nous avait si longtemps refusé. James et moi avions décidés de ne pas chercher à connaître d'autres raisons que celles d'un cadeau de la providence. L'objectif s'arrête sur le visage de Peter. Les sourcils froncés tristement, Peter écoute concerné les paroles de Tamara. Frank remarque l'attitude de son collègue mais ne dit rien. Le regard de Frank croise soudain une photo de famille posée sur le meuble derrière Tamara : James, Tamara et leur fils Matthew au zoo. Frank est soudainement assailli d'images violentes : - un toboggan sur lequel dégouline un filet de sang - des agents du FBI sortant une glacière d'une rivière - un main plante quatre coups de couteau dans un corps. Chaque coup est accompagné d'un bruitage de coup de feu. Peter a remarqué l'état anxieux de Frank et se force à reprendre la parole. PETER Votre fils... que s'est-il passé ? Tamara avale sa lèvre inférieure et hésite un instant. Les yeux toujours rivés vers le bas, la femme commence à avoir un regard humide. Frank voit sa douleur, la bouche entrouverte. TAMARA (avec retenue) L'affaire...l'affaire du Bras d'Acier , vous vous souvenez ? PETER Il s'agissait d'extrémistes proches des réseaux mafieux et opposés au gouvernement. Leur groupe avait lancé une attaque en pleine rue et avait été encerclé par les forces de l'ordre. Il y eut plusieurs dizaines de morts durant l'affrontement... TAMARA (un sanglot dans la voix) Joshua était l'un des trois enfants présents dans le jardin public, situé à proximité des lieux, à avoir été touché... Quatre balles l'ont atteint. Il est mort sur le coup, alors qu'il faisait du toboggan. On ne s'en est jamais remis...surtout James... FRANK (attristé) James a fait une dépression nerveuse puis a sombré dans la paranoïa. TAMARA James... James n'a pas admis la mort de son fils. Il est devenu incohérent, brutal, il était fou. Je ne vois pas d'autres mots pour ça. Il a commencé...à insinuer que Matthew n'était pas mort, que quelqu'un l'avait kidnappé pour l'élever à sa place... jusqu'à en être totalement persuadé. Son fils était encore vivant, il avait simplement été séquestré contre son gré, par d'autres parents stériles voulant un enfant... Et un matin, James est parti. Je ne l'ai pas retenu. Il m'a simplement laissée, en amenant avec lui une caisse de jouets qui appartenait à notre fils... Frank et Peter se taisent, visiblement gênés de rappeler de mauvais souvenirs à leur interlocutrice. TAMARA Aujourd'hui...je dois dire que...je pense avoir fait la paix avec tout ça. SEQUENCE 36 - PLUTONIA STREET - EXT. JOUR Vue sur Frank et Peter marchant sur le trottoir bordé de nombreuses résidences. FRANK (faisant des gestes avec les mains) Wellington rassemble toutes les caractéristiques du tueur psychotique. Un individu stable, dont la cruauté de l'évènement imprévisible vient faire chavirer la raison, au-delà de toute logique. Au final, sur la forme c'est assez courant. PETER Donc, tu penses que Wellington ne ressent aucun plaisir à tuer ses victimes ? Ou bien qu'il n'éprouve aucune haine, aucun désir envers les proies qui représentent son fils ? Frank se frotte le menton. Peter accélère soudainement le pas et vient se poster devant Frank, qui s'arrête automatiquement. PETER (poursuivant) Qu'est-ce qu'il y a Frank ? FRANK Il y a quelque chose d'autre Peter... Ce n'est pas simplement du désespoir et de la folie qui habitent la tête de cet homme. C'est plus important que ça. PETER Tu as vu, n'est-ce pas ? Tu as vu que j'étais relié à tout ça. FRANK (baissant la tête) Je n'ai rien vu de particulier. Peter pose une main sur l'épaule de Frank, qui ne réagit pas. PETER (sérieusement) Tu dois me le dire. FRANK Je regrette, je n'ai rien vu. PETER Dans ce cas, je crois que ça viendra. Frank, j'ai la conviction que l'on me surveille de haut dans cette enquête. Que rien n'est dû au hasard ici, et que si le Groupe Millennium m'a confié cette affaire en 87 c'est qu'il y avait certainement une bonne raison à cela. Dusse t'elle être hors de notre portée, imperméable à nos raisonnements et invisible à nos sens, il doit y avoir une force qui transcende les barrières de nos esprits pour conférer du sens aux chemins de ce que nous appelons hasard. Sur ce, Peter devance Frank et reprend sa marche jusqu'à sortir hors du champ. Stoïque et l'air pensif, Frank met plusieurs secondes avant de faire un pas dans la direction de Peter. FONDU AU NOIR ACTE 4 SEQUENCE 37 - BUREAU DE CAROL FINLEY - INT. JOUR On frappe à la porte. Carol Finley appuie sur un bouton de son clavier. L'écran avec l'ouroboros apparaît, masquant ce sur quoi elle travaillait. ''IL RESTE 447 JOURS'' est inscrit au centre du cercle. CAROL Entrez. Peter ouvre la porte et entre dans le bureau. PETER Carol, il faut que je te parle. CAROL C'est urgent ? PETER Oui. Peter s'avance dans la pièce et s'assied sur un fauteuil devant le bureau. PETER C'est à propos de l'affaire. L'affaire de 1987. C'est seulement à ce moment que Carol consacre réellement son attention à Peter et se rend disponible. CAROL Qu'est-ce qui te tracasse, Peter ? PETER Je venais d'entrer en contact avec le Groupe. C'était ma première enquête avec lui... CAROL (avec un brin de condescendance) Peter... J'espère que tu ne te tiens pas pour responsable de cet échec ? Tu n'étais pas seul sur cette affaire. Si le tueur est resté en liberté, c'est de notre responsabilité à tous. PETER Je le sais. CAROL Je crois que tu viens de l'arrêter, non ? PETER J'ai arrêté un suspect. Peter secoue la tête. PETER Ce n'est pas de ça que je suis venu te parler. CAROL Qu'est-ce que tu veux, alors ? PETER Je veux savoir pourquoi le Groupe a choisit de me mettre sur cette affaire. Carol se recule dans son siège, en prenant une profonde inspiration. CAROL Ca remonte à loin, Peter. PETER Je suis bien placé pour savoir que le Groupe garde des archives sur tout. CAROL (après une profonde inspiration) La vérité, c'est que c'était un accident. PETER Comment ça, un ''accident'' ? CAROL Un problème informatique, un bug quelconque. Ton dossier a été interverti avec celui d'un autre membre, et tu as été appelé sur cette enquête. Peter la regarde fixement, sans rien dire. CAROL C'est pour ça qu'il n'a jamais été fait mention dans ton dossier de ta faiblesse psychologique lors de cette affaire. Peter hoche la tête plusieurs fois, rapidement. Il se lève de sa chaise. CAROL Peter... Je devrais peut-être te dire qu'il y a eu certaines rumeurs à ton sujet à l'époque. Certains ont murmuré que l'inversion était le fait du Patriarche. Ca a fait courir pas mal de bruit de couloir autour de Vous deux à l'époque. Peter lui jette un dernier regard et quitte la pièce. SEQUENCE 38 - COULOIR DU GROUPE - INT. JOUR Frank attend dans ce couloir, près de la porte. Peter sort de la pièce d'un pas pressé, sans s'arrêter. Il avance rapidement dans le couloir, la caméra le précède, en travelling arrière. Frank fait quelques pas en courrant pour rattraper son ami. FRANK Alors ? PETER Alors quoi ? FRANK Tu as obtenu les réponses que tu attendais ? PETER Non. Juste d'autres questions, et la certitude de savoir... FRANK Quoi ? PETER Où se trouvent mes réponses. On retourne à Olympia, Frank. SEQUENCE 39 - CIMETIERE D'OLYMPIA - EXT. JOUR Gros plan sur une pierre tombale. On y lit : ''MATTHEW WELLINGTON, 1974 - 1882'' Le SON D'UN BULLDOZER se fait entendre, alors que la caméra s'éloigne de la tombe pour nous le révéler, creusant le sol. La vue devient plus générale encore, et nous découvrons Peter et Frank, debout non loin de là, assistant à l'exhumation. Plan plus serré de Peter et Frank. Ce que ce dernier observe, ce n'est pas tant le bulldozer au travail que son ami. Ses sourcils sont froncés en une expression inquiète. PETER J'ai peur, Frank. Un silence. FRANK De quoi as-tu peur ? Après un autre instant de silence, Peter commence enfin une réponse. Elle se fait de moins en moins hésitante. Au cours de son monologue, il regarde droit devant lui, sans affronter le regard de Frank. Régulièrement, sont insérés des plans montrant la caméra s'avancer très lentement vers le trou que creuse le bulldozer. PETER J'ai peur...de trouver ici la réponse à laquelle je m'attends. J'ai peur...de tout. Peur du monde qui m'entoure, peur du Groupe. Et plus que tout, j'ai peur de moi-même. Je suis orphelin. J'avais un guide et un protecteur, une figure rassurante sur laquelle je comptais pour me protéger des périls d'un monde perdu dans une spirale d'autodestruction. Le jour où je me suis réveillé pour découvrir qu'il m'avait abandonné...a marqué le début d'un vagabondage aussi bien physique que spirituel. A trop errer dans les abîmes du doute, à la recherche vaine d'une preuve concrète de l'intangible, je me suis perdu moi-même. Je marche dans les pas de ceux que je plaignais tant il y a peu. Pourtant, ce que j'avais pu imaginer de la terreur d'une vie impie n'est rien face à la réalité. Tout n'y est plus que déambulations vaines, agitation vide de sens, et fatalité implacable qui ne laisse plus de place au moindre espoir. La lueur est toujours là, quelque part en moi. Elle ne demande qu'un souffle pour être ravivée. Je le sens lorsque je suis provoqué, lorsqu'on me pousse dans mes derniers retranchements. Dans ces moments, des réponses instinctives sortent de ma bouche. Je réalise alors qu'une partie de ce que j'étais est toujours vivante. Ces deux moi sont en conflit, et me posent un dilemme. Je veux retrouver une certaine paix intérieure. Le prix à payer est-il une vie d'aveugle, à la merci d'un guide en qui on a placé une confiance absolue mais imméritée ? J'ai surtout peur face à ma famille, Frank. Comment les protéger quand je vis moi-même dans une telle insécurité ? Peter se tourne enfin vers Frank, qui soutien son regard mais sans dire un mot. L'échange silencieux dure plusieurs secondes, souligné par une musique mélodique. FRANK Tu as des doutes, Peter. Un impie ne doute pas. Je sais que tu sais ça. Tu n'es pas aussi perdu que tu veux bien le croire. La caméra continue de se rapprocher du trou béant de la tombe de Matthew Wellington. CONDUCTEUR DU BULLDOZER (à l'attention de Peter et Frank) Hey ! FRANK Qu'est-ce qui se passe ? Peter commence à s'avancer. On repasse au plan de la caméra qui s'avance vers le trou. Elle l'atteint, cette fois, et bascule vers le fond, nous révélant 3 bons mètres de profondeur vide. Sur ces images nous entendons : CONDUCTEUR DU BULLDOZER (OFF) Ca fait un moment que j'creuse. Y'a pas d'cercueil là-dedans. Depuis le fond de la tombe vide, nous filmons Peter en CONTRE-PLONGEE, qui se tient debout, le visage fermé, tout près du trou béant... SEQUENCE 40 - CELLULE DE WELLINGTON, PRISON D'OLYMPIA - INT. JOUR James Wellington est assis sur le coté de son lit, la tête dans les mains, immobile. Un grésillement se fait entendre, la porte de la cellule s'ouvre. Un gardien se tient dans l'entrebâillement de la porte. Il a des cheveux très noirs et touffus, la peau presque mate. GARDIEN Wellington ! Pas de réaction. GARDIEN Wellington, j'te cause ! Wellington sort sa tête de ses mains et la tourne vers le gardien que, dès lors, il ne quittera plus des yeux. GARDIEN Lève-toi. Y'a des gens qui veulent te voir. Après une seconde, Wellington se lève lentement. Le gardien se rapproche de lui pour lui passer des menottes. James tourne la tête autant que possible pour le suivre des yeux. GARDIEN Qu'est-ce qu'il y a, Wellington ? James se retourne vers le gardien, pour le fixer droit dans les yeux, face à face. WELLINGTON Savez-vous que les coïncidences n'existent pas. Cette phrase est probablement censée se suffire à elle-même. Wellington reste silencieux, et ne baisse pas le regard. GARDIEN Allez, avance ! Le gardien retourne Wellington en le poussant d'un geste rapide et brutal, et le fait avancer. SEQUENCE 41 - SALLE D'INTERROGATOIRE - INT. JOUR James Wellington entre dans la salle. Le gardien qui l'a accompagné reste à l'extérieur, devant la porte. Tout est filmé par des plans assez larges, pas encore de gros plans. Wellington n'a fait qu'un pas à l'intérieur de la pièce, qu'il balaie du regard. Ses yeux passent sur Frank, marquent une pause sur Peter, et s'arrêtent finalement sur un jouet d'enfant posé sur la table : un camion de pompier, usé par le temps. FRANK Asseyez-vous, monsieur Wellington. L'homme s'exécute, d'un pas hésitant. Toute son attitude témoigne de son malaise et d'une certaine crainte. WELLINGTON Qu'est-ce que vous voulez ? Je vous ai déjà dit tout ce que j'avais à dire. PETER Nous sommes allées au cimetière, James. Nous recueillir sur la tombe de votre enfant. WELLINGTON Laquelle ? PETER Celle où il a été enterré il y a 15 ans. WELLINGTON Vous vous êtes recueillis devant une pierre et de la terre. Pas sur une tombe. PETER C'est ce que nous avons découvert. WELLINGTON (à lui-même) Rien d'autre que de la terre. Rien d'autre. FRANK Pourtant, il y a eu un enterrement, une cérémonie publique. WELLINGTON (relevant la tête) Et alors ? FRANK On aurait du trouver un cercueil, James. Au moins un cercueil, même vide. PETER Mais il n'y avait rien. WELLINGTON Vous insinuez quelque chose ? Gros plan : PETER (peinant à garder son calme) Vous avez creusé cette terre de vos main. Poignée de terre après poignée de terre, vous avez mis à jour le cercueil de votre enfant, et vous l'avez fait disparaître. Retour à des plans plus larges : WELLINGTON (Il commence à craquer) Mon fils n'a jamais reposé dans cette terre. S'il avait vraiment été tué il y a 15 ans, tout aurait été tellement plus simple. PETER Je veux bien croire que vos mains n'étaient pas guidées par la conscience à laquelle je fais face en ce moment. Il n'empêche qu'elles sont couvertes de sang. WELLINGTON Non, je vous ai dit que... La voix de Wellington se casse. Il s'arrête et reste silencieux. Après un instant pendant lequel Peter le fixe, énervé, presque haletant, c'est Frank qui reprend. FRANK James... J'aimerais que vous me parliez de ce qui se trouve posé sur cette table. Pas de réaction de Wellington. A partir de cet instant, la conversation se poursuit en gros plans. FRANK S'il vous plaît... James lève des yeux humides vers le camion posé au centre de la table. WELLINGTON (dans un souffle) C'est trop dur. FRANK (doucement) Vous ne l'avez pas revu depuis 10 ans...mais vous connaissez ce jouet, n'est-ce pas ? Wellington le regarde fixement. FRANK N'est-ce pas ? WELLINGTON C'était un jouet de mon fils. FRANK Vous savez pourquoi il est sur cette table ? Wellington lève vers Frank un regard totalement perdu. FRANK Nous l'avons retrouvé aux cotés d'une victime. Aux cotés d'un fils. Le regard de Wellington s'agite et se trouble encore un peu plus. FRANK Vous possédiez ce camion ? WELLINGTON Oui, je... J'ai emporté des jouets de mon fils. C'est la seule chose qui me rattachait encore à lui. FRANK Vous l'aviez avec vous, ce soir là, en 1987... Frank pose sur la table le wagon de train vu à la fin de l'acte 2. FRANK (continuant) Et vous aviez celui-ci l'autre soir. Frank pose sur la table la figurine d'E.T. FRANK (continuant) Le 7 octobre, c'est celui-là que vous avez emporté. Vous les avez posés près des corps. Pourquoi ? Un silence. Les yeux de Wellington s'agitent, et témoignent d'une agitation interne chez l'homme. D'une révélation qui lui apparaît à lui-même. WELLINGTON (dans un murmure) Je l'ai fait ! FRANK (doux, acquiesçant) Oui. WELLINGTON Mon Dieu ! Je l'ai fait ! FRANK Oui, je le sais... Je vous demande pourquoi, James. Wellington semble soudain se souvenir... WELLINGTON (il prend une profonde inspiration) ...Pour l'aider. Pour que cela soit plus facile. Je voulais qu'il parte doucement, sans douleur. Je l'aimais vous savez. Je ne voulais pas le tuer, mais c'était mon seul choix. Peter se frotte une main sur le visage. Frank observe Wellington... VISION INTERNE DE FRANK: Sur fond de la voix d'un jeune enfant chantonnant la mélodie d'une comptine, INSERT sur une main qui s'avance vers une silhouette humaine. La main enserre la silhouette et, alors que le point se referme, celle-ci se désagrège, comme en poussière qui se faufile par les interstices entre les doigts. RETOUR sur le visage de Frank. Nous sommes revenus à des plans un peu plus larges. Frank a haussé un sourcil, mais n'a pas quitté Wellington des yeux. PETER Pourquoi vous êtes vous senti obligé de les tuer ? Pourquoi tuer votre fils ? Le comportement de Wellington a changé. Son corps s'exprime de manière différente, plus nerveuse. L'agitation qui n'était jusque là qu'intérieure habite maintenant ce corps, par spasmes. WELLINGTON (parlant entre ses dents serrées) On me l'avait volé ! Il était mon fils ! Il était à moi. Je ne pouvais supporter... Je ne pouvais pas le laisser vivre une vie de mensonge. Elevé par de faux parents, des usurpateurs qui entretenaient un mensonge. Ils avaient corrompus son âme. Rien n'aurait pu être arrangé. Rien n'aurait pu effacer le mensonge, les années passées avec les autres qui auraient du être vécues auprès de Tamara et moi. Plus rien n'aurait ramené mon fils à la raison, n'aurait effacé son amour pour d'autres. Quels étaient mes choix ? Gâcher sa vie en lui révélant une vérité qu'il n'aurait pas pu accepter ? Non, je préférais le voir mourir. Même si je l'aimais. Peter ne peut pas en supporter plus. Il frappe violemment la table de sa main, mettant le camion de pompier en mouvement. PETER Bon sang ! Est-ce que vous réalisez que vous avez tué onze personnes ?!! Wellington lève vers Peter un regard vide d'émotion ou de sens. Le camion a roulé jusqu'au bord de la table. Il tombe vers le sol contre lequel il s'écrase. Deux roues sont éjectées vers l'extérieur. Frank tire sur la manche de Peter et lui fait comprendre sans dire un mot qu'il est inutile de rester plus longtemps. Les deux se lèvent et se dirigent vers la sortie de la pièce, sous le regard toujours neutre d'un Wellington devenu terriblement effrayant. Frank frappe, le Gardien leur ouvre la porte. Frank sort en premier, suivi par Peter, qui jette d'abord un dernier regard vers Wellington. Le gardien rentre alors dans la pièce pour ramener le prisonnier à sa cellule. Il a capté l'attention de Wellington qui, à nouveau, le suit des yeux dans chacun de ses mouvements... SEQUENCE 42 - COULOIR DE LA PRISON - INT. JOUR Frank et Peter marchent cote à cote, quittant la prison. FRANK Cette fois, c'est terminé, Peter. Cette affaire est terminée. PETER Sans soutes. Ca ne m'empêche pas de me poser des questions. Ni de me demander pourquoi tout a été si vite cette fois. FRANK Peter... PETER Nous avons enquêté sur cette affaire pendant des mois. Pas seulement moi, les meilleurs du Groupe. Pourtant il nous a toujours échappé. Et là, en quelques jours... FRANK Ces choses ne s'expliquent pas. Il peut arriver... PETER Tu n'arriveras pas à me faire croire à un hasard. FRANK Ce n'en était peut-être pas un. Il est possible que cet échec ait été causé par un certain manque de lucidité provoqué par des blessures encore trop fraîches chez toi... Peter jette un regard surpris à Frank, comme s'il demandait comment son ami avait pu dire ça. Frank n'a d'ailleurs pas l'air de posséder la réponse. Ils n'ont pas le temps d'aller plus loin. Deux gardiens déboulent d'une porte devant eux, et courent vers l'endroit d'où ils viennent. C'est à ce moment qu'une alarme se déclenche. Frank et Peter échangent un bref regard et s'accordent silencieusement pour faire demi-tour et repartir vers les profondeurs de la prison... SEQUENCE 43 - AUX ABORDS DE LA SALLE D'INTERROGATOIRE - INT. JOUR Il y a là un attroupement de gardes de la prison qui restent immobiles, choqués, à regarder au travers du miroir sans tain de la salle d'interrogatoire. Frank et Peter s'approchent au point de voir par eux-même ce qui s'est passé dans la pièce. SEQUENCE 44 - SALLE D'INTERROGATOIRE - INT. JOUR L'image nous montre un gros plan du reflet de James Wellington dans le miroir. La caméra recule jusqu'à obtenir un gros plan du visage réel de l'homme, qui arbore une expression désolée. Au second plan, flou, on s'aperçoit vaguement qu'il est à genoux au coté de son GARDIEN. On nous montre des plans successifs de la main droite de Wellington, déplaçant les membres de sa victime pour - on le devine - lui faire adopter une position fœtale. Puis il prend un peu de recul. De sa main gauche, roule le barreau de chaise qu'il a arraché pour en faire l'arme du crime. Cette main gauche se déplace vers la victime et passe doucement dans sa chevelure très sombre. Le visage de James Wellington est triste, mais pas déchiré. Cette fois, il ne verse pas de larmes sur sa victime. WELLINGTON (murmurant) C'est mieux. C'est mieux... SEQUENCE 45 – EXTERIEUR DE LA SALLE D'INTERROGATOIRE - INT. JOUR Peter fait un mouvement pour entrer. Les gardes de la prison s'interposent. FRANK Laissez... Il a eu celui qu'il voulait. Il n'est plus dangereux, maintenant. Plus pour le moment. Avec un peu de réticence, les gardes laissent donc Peter avancer. SEQUENCE 46 – SALLE D'INTERROGATOIRE - INT. JOUR Peter se précipite sur Wellington, l'attrape par les épaules, et le tire jusqu'à l'autre bout de la pièce, contre le mur. Wellington reste les yeux sur sa victime. PETER Pourquoi ?! Peter attrape le visage de Wellington et le force à le regarder. PETER Pourquoi vous en prendre à lui ?! Il n'est pas votre fils. WELLINGTON Non. PETER Alors pourquoi ! Dites-moi ! WELLINGTON Pour que vous compreniez, Peter. Peter a un mouvement de recul violent. Il scrute le visage de James Wellington avec des yeux habités par la terreur. PETER Mon nom, comment ?... WELLINGTON Vous vous souvenez de Ludovic Gein ? Ce tueur que vous avez arrêté en 1991 ? PETER Il est mort depuis. WELLINGTON (souriant, chaleureux) Non. Il est là, en moi. Il a parfois d'intéressantes conversations avec Bradley Claxton, d'ailleurs. Vous vous rappelez ? 1994, une intéressante année... Ces deux là, Jeremy London, Udo Kier - vous vous en souvenez peut-être sous le nom du 'Los Angeles Slasher' - Dan Rosen, Simon Forpitt. Ils sont moi. Peter dévisage Wellington avec un air de démence au fond des yeux... SEQUENCE 47 – EXTERIEUR DE LA SALLE D'INTERROGATOIRE - INT. JOUR Un homme en costume-cravate, que l'on suppose être le DIRECTEUR de la prison, arrive sur les lieux en beuglant. DIRECTEUR Vous allez rester là les bras ballants encore longtemps ?! Ramenez ce salopard dans sa cellule ! SEQUENCE 48 – SALLE D'INTERROGATOIRE - INT. JOUR PETER (doucement) Qu'est-ce que vous vouliez que je comprenne ? Deux gardes sont entrés dans la pièce pendant la réplique. Ils écartent Peter et repassent des menottes à Wellington. Ils le poussent pour le mettre en mouvement vers la sortie. WELLINGTON Il n'est pas mon fils. Juste avant de quitter la salle, Wellington lance : WELLINGTON Il aurait pu être le vôtre. Peter reste à regarder l'embrasure vie de la porte un instant, interdit. SEQUENCE 49 – EXTERIEUR DE LA SALLE D'INTERROGATOIRE - INT. JOUR Wellington, escorté par les gardes, passe devant Frank. WELLINGTON (à Frank) Je l'ai fait pour le bien de Peter. Il valait mieux qu'il meure plutôt que Peter vive en continuant de l'ignorer. Les gardes poussent Wellington pour le faire continuer à avancer. Frank retourne son regard vers la salle et Peter, au travers de la vitre. Mais Un CRI se fait alors entendre. Le même que Peter avait légèrement entendu plus tôt, lorsqu'il interrogeait Wellington. Un cri strident, inhumain, et douloureux. Il provient de Wellington, dont on distingue la silhouette en contre-jour. Il se débat avec violence et les deux gardes ont du mal à le maîtriser. Ils le font finalement en ayant recours à la violence. Un GARDE AGE se tient à coté de Frank et observe la scène avec lui. GARDE AGE Comment un homme peut en arriver là ? FRANK Il n'y a plus trace d'Humanité chez cet homme depuis longtemps. Frank détourne son attention de Wellington... SEQUENCE 50 – SALLE D'INTERROGATOIRE - INT. JOUR Peter est maintenant agenouillé aux cotés de la victime. Son visage est toujours fermé, mais au fond de son regard, on lit l'amorce d'une explosion à venir... Sa main, doucement, écarte le col du corps qui repose près de lui. On découvre, sur le cou, une tache de naissance aux ton bruns, informe. Alors que le visage de Peter se décompose, la caméra s'en éloigne pour se rapprocher de son propre cou. Le pull de Peter nous laisse apercevoir une autre tache de naissance. Alors que le téléspectateur en est laissé à s'interroger sur la similitude plus ou moins avérée de ces deux taches, nous passons par le truchement d'un fondu enchaîné à un plan d'ensemble qui nous montre Peter enserrant le corps dans ses bras. Nouveau fondu enchaîné, pour passer au gros plan du visage du Gardien. Ses yeux sont fermés, la vision n'est pas horrifique. Une larme tombe sur sa joue. On comprend qu'elle a coulé de l'œil de Peter. Elle roule sur le visage du Gardien... Nous observons maintenant la scène depuis l'embrasure de la porte. La caméra entame un travelling arrière qui nous révèle la silhouette de Frank, de dos, observant son ami sans réussir à rien faire de plus. Peu à peu, les silhouettes rétrécissent alors que l'embrasure de la porte finit par se résumer à un rectangle gris... FONDU AU NOIR SEQUENCE 51 - Q.G. DE MILLENNIUM - INT. JOUR Une salle de conférence. Peter est assis à coté de Frank autour d'une assez grande table ronde. De l'autre coté, se trouve Suzanne. L'assemblée est silencieuse. Peter est morne et las. Il vient de finir de raconter la suite de l'affaire à Suzanne. SUZANNE Peter... Tout ce que j'espère, c'est que vous réalisez maintenant à quel point il est important que vous retourniez dans le giron du Groupe. Silence. SUZANNE Peter ? PETER Je ne sais pas. Et si... SUZANNE Et si quoi, Peter ? PETER Et si c'était justement l'inverse. Je n'arrive pas à croire aux coïncidences. Surtout dans cette affaire. SUZANNE Qu'y voyez-vous alors ? Quelle volonté se dessine derrière ces faits, selon vous ? PETER J'ai...l'intuition ou le sentiment que l'on cherche à me jeter dans les bras du Groupe. Que c'est là...la volonté de l'ennemi... Suzanne reste sans voix. SUZANNE Mais enfin... Ca n'a pas de sens. PETER En êtes-vous sûre ? SUZANNE Pourquoi voudrait-il ça ? PETER Nous rassembler. Nous garder à l'œil... Ce sont des objectifs possibles. Peut-être probables. Et si... Et si rien n'était une coïncidence ? Surtout pas la renaissance du Groupe au cours du siècle écoulé ? Si tout cela avait été voulu dans l'objectif, peut-être de faciliter une destruction finale et totale des forces de résistance. Rassembler dans une même structure l'essentiel des enquêteurs les plus...doués nous autorise une grande puissance d'attaque. Mais n'est-ce pas aussi une incroyable vulnérabilité ? FRANK Peter... Peter s'arrête. Lui et Suzanne retournent leur attention vers Frank, qui est énervé... FRANK Tu lis beaucoup trop dans cette affaire. Tu brode sans fin autour de quelques coïncidences malheureuses et occulte la réalité, cherchant à y plaquer un message qui te serait personnel, qui expliquerait autant ton échec d'autrefois que ta réussite d'aujourd'hui... Ca et...toutes les fêlures que tu portes. Mais rien... absolument rien dans cette affaire ne s'oppose de manière déterminante aux hypothèses les plus simples. SUZANNE C'est-à-dire ? FRANK Un cas de tueur psychotique atteint d'une schizophrénie aiguë. Un cas parmi d'autres. PETER (fermement) Frank, as-tu une explication, ou au moins une hypothèse, à me fournir pour expliquer que ce fou dangereux que tu décris n'ait pas tué pendant dix ans ? Frank agite sa main d'un geste de dédain. PETER (continuant) Frank, peux-tu m'expliquer logiquement la position fœtale dans lequel le tueur laissait ses victimes, en t'appuyant sur ton profil ? Frank n'a pas de réponse. PETER Non ! Parce que ce fait n'a rien à voir avec James Wellington. Ce n'est qu'une représentation des forces qui le manipulent, la manière dont elles considèrent l'Humanité. Même pas des enfants : des fœtus. Presque des choses. Frank agite la tête, certainement pas convaincu mais, tout de même, troublé. PETER Si tu es aveugle à tout cela, Frank...alors il est peut-être temps de t'interroger sur tes fréquentations. Peter se lève et quitte la pièce, laissant Suzanne et Frank face à face. La première observe d'abord le second en silence, puis : SUZANNE (presque un murmure) Dites-moi Frank... Que pensez-vous *réellement* de tout cela ? Frank relève la tête. FRANK Non, dites-moi ce que *vous* pensez... SUZANNE Hummm. Je suis certainement d'accord avec Peter sur un point. Vous devriez faire preuve d'un meilleur jugement en ce qui concerne vos relations amicales... En s'appuyant de ses deux mains sur la table, Frank se lève à son tour et quitte la salle. SEQUENCE 52 - DOMICILE DE PETER WATTS - INT. NUIT La famille Watts est attablée et dîne. Peter est troublé, totalement ailleurs. CHELSEA Tom m'a dit que Kristen n'avait pas l'intention de revoir Michael. TAYLOR Je veux bien croire qu'elle l'ait dit. Pour le reste... On verra. Les trois filles rient. Barbara fronce les sourcils, et le calme revient immédiatement à table. Les filles sourient et s'échangent des regards amusés. Soudain, la cuillère de Peter tombe de sa main. Elle s'écrase dans son assiette de soupe, encore pleine. Si bien que lui et la table s'en trouvent copieusement éclaboussées. Cette fois, le silence est total, l'amusement a disparu. Taylor, Chelsea, Irene et Barbara regardent Peter, l'air inquiet. Celui-ci a attrapé une serviette et s'affaire, un peu maladroitement, à nettoyer quelque peu les dégâts. Mais Peter s'arrête brusquement. Il lève les yeux vers son épouse et ses trois filles et les regarde un instant silencieusement. PETER Je... Je ne suis pas sûr de vous dire assez souvent à quel point je vous aime, et à quel point je suis heureux de toutes vous avoir. Les quatre femmes de la maison ne savent pas trop comment réagir. PETER Sans vous...je ne suis rien. Il esquisse un sourire. En un instant, celui-ci se communique à ses filles et à sa femme. L'incident clos, le repas reprend à la table des Watts. Un plan large nous le laisse découvrir quelques instants, puis : FONDU AU NOIR. FIN