M i l l e n n i u M Saison 3 virtuelle Française ÉPISODE 3sv02 : HYLIKON - seconde partie Écrit par Amrith & Sullivan LePostec amrith@wanadoo.fr & sullivanlp@ifrance.com PRECEDEMMENT DANS "MILLENNIUM" L'épidémie Marburg fut l'une des plus grandes catastrophes biologiques que connut l'humanité, plusieurs millions de morts sont à craindre. Frank Black de nouveau sur pieds est bien décidé à prouver la culpabilité du Groupe Millennium dans ce cataclysme et à venger la mort de Catherine. Peter Watts, qui s'est senti manipulé par le Doyen, quitte le Groupe et se joint à Frank pour dénoncer les agissements de Millennium. C'est alors qu'arrive de France un dénommé Roméo Luther, une Chouette qui soutient que les responsables de l'épidémie sont les Coqs désireux de prendre le contrôle du Groupe. Pendant ce temps le Groupe Millennium se déchire de l'intérieur et constate que de nombreux membres ont mystérieusement disparu durant l'épidémie. Le Vieil Homme semble comprendre ce qui se trame... Frank, Peter et Roméo s'en vont chercher Lara Means à l'hôpital, en vain, sa chambre a été saccagée et elle semble avoir disparu... TEASER SÉQUENCE 1 - CENTRE VILLE DE SEATTLE - EXT. JOUR Vue sur un coin de rue où se dresse un grand supermarché. Un homme assez jeune vêtu d'un imperméable gris y entre. SÉQUENCE 2 - INTÉRIEUR DU MAGASIN - JOUR Vue sur des rangées de vêtements disposées sur des tapis rouges. Il y a une foule incroyable. Un homme vêtu d’un imperméable, JAMES DUGGAN déambule entre le rayonnage des vestes et celui des pantalons. La caméra le quitte un instant pour filmer une MÈRE qui fait essayer de nouvelles chaussures à son FILS. MÈRE Alors, elles ne te serrent pas trop ? FILS (secouant ses pieds) Non, ça va. L'homme continue à marcher. En vue subjective, il croise des vendeurs et des couples auxquels il ne porte pas la moindre intention. L'objectif filme deux JEUNES FEMMES dont l'une vient de sortir d'une cabine d'essayage avec une robe beige à fleurs bleues. JEUNE FEMME EN ROBE Dis, tu penses pas que ça fait un peu folklorique ? SECONDE JEUNE FEMME (riant) Mais non c'est parfait Sandra, je te parie qu'il adorera ! Retour sur Duggan, il s'introduit dans l'arrière-boutique réservée au personnel, le visage inexpressif et contourne un amas de cartons. Il se retrouve dans un long couloir sombre. Il s'arrête devant un mur. La caméra fait un gros plan sur un couteau qu'il tient dans sa main. Dans un geste frénétique, il commence à graver quelque chose sur le mur. SÉQUENCE 3 - BUREAUX DE LA POLICE DE SEATTLE - INT. JOUR Vue sur un jeune POLICIER assis à un bureau dont le téléphone sonne. Il décroche avec une mine fatiguée. POLICIER Police de Seattle, j'écoute. HOMME Je tenais juste à vous dire que ce ne sont que de simples avertissements pour l'instant et que la véritable Justice ne saurait tarder. Le policier écarquille les yeux et pose sa main sur le combiné pour empêcher son interlocuteur d'entendre. Il fait des signes de la main à ses collègues en désignant le téléphone. POLICIER (agitant sa tête) Inspecteur, venez, encore un cinglé au bout du fil ! GIEBELHOUSE Passez-le moi, j'ai envie de me farcir du clown aujourd'hui. Et faites repérer l'appel. Giebelhouse saisit le téléphone et le place près de sa bouche. UN HOMME Monsieur c'est une bombe, elle est sur l'avenue principale... GIEBELHOUSE Oh ouais...une bombe j'en doute pas mon vieux, ça fait que la centième dont on nous parle et qui saute pas... UN HOMME Il s'agit du Juste des Justes, on l'appelle Kiele, vous connaissez Millennium, dites leur. L'inconnu raccroche et Giebelhouse énervé, renverse une pile de dossiers de la main. LE POLICIER Désolé, on a pas eu le temps de le localiser... GIEBELHOUSE (regardant par la fenêtre) Envoyez une patrouille sur la principale... SÉQUENCE 4 - INTÉRIEUR DU MAGASIN - INT. JOUR Vue sur une foule de personnes avec des sacs faisant la queue aux caisses du magasin. L'homme en imperméable ressort de l'arrière-boutique en passant sa main sur son visage. Il sort de sa poche un sifflet d'enfant et souffle à tue-tête à l'intérieur. Les gens se retournent vers lui avec un regard étonné. DUGGAN Voici qui nous sommes vraiment ! Certains d'entre nous sont des âmes pures qui méritent la clémence, mais beaucoup sont les envoyés de Satan lui-même, déguisés en braves gens ! Certaines personnes se mettent à rire. Un EMPLOYÉ se dirige vers James Duggan et pose sa main sur son épaule mais il continue son délire. DUGGAN (hurlant) Qui représente la Justice, qui tient à notre survie ? ! EMPLOYÉ James ! Qu’est-ce qui te prend ? Viens avec moi. DUGGAN (le regard totalement ahuri) Nous allons partir d'ici tous ensemble, voici qui nous sommes vraiment ! Vue sur le magasin qui explose violemment en plusieurs séismes dans une gerbe de flammes rouges presque fluorescentes. Les voitures garées devant sont propulsées plusieurs mètres plus loin tandis que des hurlements se font entendre de partout à l'intérieur. La caméra fait ensuite un plan sur l'édifice rongé par le feu et la fumée, et Parsemé de corps inanimés. M i l l e n n i u M GARDER ESPOIR CROIRE AU FUTUR L'HEURE EST PROCHE ? "Ne frappez point la Terre, ni la Mer, ni les Arbres, jusqu'à ce que nous ayons marqué au front les serviteurs de notre Dieu Véritable." APOCALYPSE CHAPITRE 7 VERSET 3. ACTE 1 SÉQUENCE 5 - 1145 HOURSEMAN AVENUE, SEATTLE - INT. JOUR Vue sur Frank Black, assis sur son fauteuil, les mains croisées. Peter Watts tourne en rond dans le salon tout en s'exprimant, tandis que Roméo Luther est accoudé à la fenêtre. PETER Selon son médecin, Lara à son admission à l'hôpital était atteinte de ce qu'on appelle communément une psychose paranoïaque chronique... Frank regarde sérieusement Peter, à l'écoute de chacun de ses propos. PETER Elle a subi un traitement lourd, semblable à celui que reçoivent les personnes épileptiques. Des doses massives de lithium, et des injections de benzodiazépines reviennent souvent dans la composition. Avec la quantité de tranquillisants que la direction lui imposait, elle devait être physiquement inapte à s'échapper. FRANK Nous sommes donc d'accord, elle a été enlevée. PETER (approuvant d'un hochement de tête) Mais par qui, Frank ? Je ne reconnais pas les méthodes du Groupe Millennium... Frank soupire et Roméo reste à la fenêtre à ne rien dire. FRANK Et ce mot inconnu, Pneuma... Qui l'a écrit ? PETER J'ai demandé une analyse graphologique à un ami. Le trait est fatigué, en proie à des doutes, tout laisse penser que Lara l'a écrit. Pneuma est un mot qui suivant les traditions religieuses peut se rapporter au souffle, ou bien à la vie... Gros plan sur le beeper de Roméo qui indique 2000. Ce dernier le prend dans sa main et regarde Frank avec un air amusé. ROMÉO Je suis déjà une star chez vous, j'arrive et immédiatement le Groupe demande à me voir. Vous permettez, j'utilise votre téléphone Frank. Roméo sort du salon. Peter le regarde s'éloigner puis s'adresse à Frank qui se lève de son fauteuil en se tenant le front. L'ambiance se fait silencieuse. PETER Si j'avais su qu'on en viendrait à avoir la collaboration d'une Chouette dans nos affaires... FRANK (clignant des yeux) Il dit être venu pour soutenir son camp, qu'en penses-tu... PETER Je ne suis pas au courant de ces histoires, Frank. FRANK Tu sais des choses sur Luther... Moi je ne sais rien Pete. PETER Je sais seulement qu'il a eu des ennuis en France, et que ce n'est généralement pas le genre de membres agités qu'affectionne le Groupe. Roméo revient dans la pièce en fourrant ses mains dans ses poches. Il se place à côté de Peter et parle comme s'il s'adressait au salon. ROMÉO Alors navré de vous laisser mais votre ancien patron veut me voir. Encore un Coq qui veut me mener la vie dure je suis sûr, mais je suis prêt à répondre à toute offense ! FRANK Étant donné les circonstances Luther, à votre place j'éviterai de marcher près du Groupe Millennium... PETER Je vous rappelle que ses membres restent nos seuls suspects potentiels. ROMÉO (hilare) Si même Watts se fait du souci pour moi, la planète va devenir plate comme vous le croyiez en un certain temps au sein des Coqs. Heureusement qu'on vous a apporté la lumière ! Peter ne veut pas entrer dans le jeu de provocation de Luther, il fait mine d'ignorer sa remarque et le regarde sortir par la porte, ses cheveux en pétard. PETER Frank, Luther ne m'inspire pas la moindre confiance. Il est encore membre lui et ça tu devrais t'en souvenir de temps en temps. En contre-plongée, Frank prend son manteau pendu à la rambarde de l'escalier. FRANK Peter, nous partons aussi. Lara n'a pas été enlevée au hasard et j'ai l'intime conviction qu'elle est encore vivante. On va la retrouver. PETER Et tu penses que nous devons chercher du côté de Millennium ? FRANK Non, cette fois nous allons chercher à partir des faits en eux-mêmes. SÉQUENCE 6 - QUARTIER GÉNÉRAL DU GROUPE MILLENNIUM - INT. JOUR Vue sur la main du Vieil Homme tenant sa canne avec fermeté. Il se tient près d'une tapisserie de la Renaissance représentant trois chevaliers combattant un dragon, qu'il regarde accompagné d'un homme en cravate. VIEIL HOMME Ces décisions ne m'appartiennent pas Monsieur Rockview, il faut en convenir avec le Doyen, c'est le responsable interne. ROCKVIEW Plus personne au sein des Chouettes n'a confiance en lui. L'épidémie Marburg, l'incertitude que le législatif a propagée à ce sujet ont conduit à une crise de nos effectifs. VIEIL HOMME (soupirant) Le Doyen a choisi la discrétion quant à l'antidote fourni par nos soins aux autorités, cela comportait ce risque : provoquer la méfiance de nos membres, Chouettes, tout comme Coqs... ROCKVIEW Notre section pense que l'épidémie est un acte délibéré destiné à nous faire accuser par les Coqs du Groupe, car quoi qu'on en dise le Doyen se range toujours du côté des plus nombreux. Quant à ces derniers, ils ont peur des secrets, du silence entretenu au sujet de Marburg. VIEIL HOMME (touchant la tapisserie du doigt) Les Chouettes françaises ont réagi au quart de tour... ROCKVIEW Je sais, les nôtres ont même envoyé Roméo Luther pour nous défendre face à une potentielle calomnie. Il a beau être un leader dans son pays, je crois qu'il ternirait notre image ici, il est instable et a quelques histoires assez moches à son palmarès. Un bruit de porte se fait entendre. Le Vieil Homme et Rockview se retournent et voient Carol Finley se diriger vers eux. CAROL J'ai parlé avec Karl Zinger au Doyen, nous courons non pas à un schisme cette fois, mais à une implosion totale du Groupe. Tarder à disséminer l'antidote pour duper Watts et le conserver parmi nous a échoué, regagnons la confiance de nos membres, peu importe la discrétion. VIEIL HOMME J'ai connu Peter alors qu'il nous aimait plus que sa propre famille, je ne peux admettre qu'il puisse nous quitter définitivement. Pour Frank c'est différent, son départ était prévisible, mais compte tenu de son Don, tout aussi embêtant... CAROL Si la crise n'était qu'au niveau des membres... Non, nos structures se dissolvent également et il me paraît clair qu'il s'agit d'une aubaine pour nos ennemis. ROCKVIEW (remettant sa cravate en place) En tout cas la propagation du virus s'est faite, il est presque certain que c'est un de nos membres qui s'est retourné contre nous, sinon le coupable n'aurait pu accéder à nos souches. On avait pourtant convenu de s'en débarrasser dès 88 nom de dieu... CAROL J'ai évoqué au Doyen la possibilité d'un infiltré des Luminaires dans nos rangs... Rockview scrute Finley en croisant les bras. Le Vieil Homme soupire en abandonnant pour la première fois des yeux la tapisserie. ROCKVIEW (pouffant) Très bien Carol, je vous laisse annoncer vos théories à tout le monde, vous m'excuserez je n'adhère pas à votre version, mais si je vois un fantôme je saurai à qui m'adresser maintenant. VIEIL HOMME Luminaires...je ne rejette aucune hypothèse. C'est une supposition captivante mais certains détails historiques la contestent, ils ne sont plus actifs depuis bien longtemps. CAROL Tout ce que je peux vous dire est qu'ils ne semblent pas avoir peur de nous... SÉQUENCE 7 - QUARTIER GÉNÉRAL DU GROUPE MILLENNIUM - INT. JOUR Vue sur une table couverte de plats et de nourriture. Le Doyen y est assis en train de manger quand Roméo entre dans la pièce. Le sol est marbré mais loin d'être propre, couvert de traces de chaussures. LE DOYEN (souriant) Roméo Luther je présume, asseyez-vous je vous en prie ! ROMÉO (se tenant à distance) Je suis très bien debout, merci. LE DOYEN Vous voulez manger quelque chose ? ROMÉO Non, la situation actuelle du monde ne me donne pas faim. LE DOYEN D'accord. Alors je vais aller droit au but : un attentat terroriste a eu lieu dans un magasin du centre ville de Seattle. Ce domaine a été votre spécialité dans le passé, il me semble. Je vous demande donc d'examiner les lieux dans la journée. Vous disposerez du matériel de... ROMÉO (l'interrompant) Vraiment navré, je ne peux pas. J'enquête déjà sur le fléau biologique de ces derniers jours, je trouverai les responsables ainsi que la raison de la récession du virus. Et comme vous savez, chaque chose en son temps. Roméo tourne les talons et s'apprête à repartir quand le Doyen frappe du poing sur la table. LE DOYEN Vous êtes sur le territoire des États-Unis et vous êtes donc sous ma juridiction au sein du Groupe ! Je n'aimerais pas devoir vous renvoyer dans le centre de la France et répandre quelques vérités à votre sujet dans la section américaine des Chouettes. Obéissez, sinon ça sera l'autarcie pour vous ! En plongée, Roméo fait demi-tour et se rapproche du Doyen, se penchant sur lui. ROMÉO (souriant) Expulsez-moi et la branche française se soustraira à votre Contrôle ; expulsez-moi et je dénoncerai vos actions ; expulsez-moi et vous perdrez tout moyen de réintégrer Frank Black dans votre foutu puzzle... LE DOYEN (étonné) En tant que membre de Millennium, vous n'avez plus rien à faire avec Frank Black. C'est une entrave à notre progression désormais. ROMÉO Oh non, j'ai encore des choses à faire avec cet homme, des faits vous concernant à narrer. Frank est le seul à s'opposer à votre tyrannie, et ce depuis bien avant que vous lui preniez sa femme. Je m'associe à lui, indépendamment des services que je dois vous rendre. LE DOYEN Allez regarder les décombres de l'attentat Monsieur l'impertinent Luther. Et si Frank ou Peter se mêlent de vos affaires, il est de votre devoir de les en éloigner au plus vite, n'est-ce pas ? ROMÉO Non, mon devoir est de mettre des criminels en cage, n'était-ce pas le vôtre ? Roméo tape dans ses mains et se retire de la pièce. SÉQUENCE 8 - CENTRE VILLE DE SEATTLE - EXT. JOUR Vue sur les vestiges noirs du commerce, les lieux sont encerclés par la police et parcourus de rubans jaunes ; le ciel est gris, quelques gouttes d'eau en tombent sur les enquêteurs. Giebelhouse scrute morne et pensif les cadavres carbonisés dans la cabine d'essayage, couchés en position fœtale. GIEBELHOUSE Bordel de merde, ils ont essayé de se protéger dans les cabines... Un policier se dirige vers l'inspecteur au petit pas. LE POLICIER Inspecteur, y a un type qui prétend appartenir au Groupe Millennium et... GIEBELHOUSE Mouais je sais, laissez le passer. Vêtu d'une cravate grise et d'un blouson marron, Luther enjambe la bande jaune et rejoint Giebelhouse en mettant une main dans sa poche. ROMÉO Nos chemins se croisent à nouveau inspecteur... GIEBELHOUSE (méfiant) On m'a dit que vous viendriez... ROMÉO (examinant le sol) Plusieurs têtes de fonte, c'est signe d'une explosion principale qui en entraîne d'autres plus petites à sa suite. GIEBELHOUSE Ouais...bref c'est une bombe. On a cinq survivants, mais on m'interdit de les voir pour l'instant, tout semble indiquer qu'elle a sauté près des guichets, car la partie arrière a été moins touchée. On y a d'ailleurs trouvé quelque chose, suivez-moi je vous prie. Roméo approuve d'un hochement de tête. SÉQUENCE 9 - INTÉRIEUR DU MAGASIN - INT. JOUR En vue subjective, Luther et Giebelhouse avancent dans les sombres coins brûlés de la zone commerciale. Luther mâche insouciant du chewing-gum mais s'arrête devant le corps squelettique et carbonisé d'un jeune enfant, gisant par terre. ROMÉO (ne manifestant aucun sentiment dans sa voix) Vous avez dit 81 morts dans l'explosion, combien d'enfants ? GIEBELHOUSE L'équipe en a dénombrés une dizaine, on en a perdu un après l'avoir sorti des restes, sa peau était presque bleue, les médecins lui ont fait des injections de brocaïne, sans succès. Et encore, c'est une chance que les clients n'aient pas été plus nombreux... ROMÉO Après les derniers événements planétaires, peu de gens ressentent le besoin de s'acheter des chaussettes neuves...montrez-moi, ce que vous avez trouvé. Giebelhouse pénètre dans un long couloir à l'arrière, fait quelques pas puis s'arrête devant un mur. Il braque une lampe torche sur une inscription gravée. "KIELE REZNOR EST DE CEUX QUI AGISSENT, SANS COMPROMIS" ROMÉO Il a écrit ça à l'abri de la déflagration : il voulait qu'on le Voit. C'est une provocation. Peut-être Kiele Reznor est-il son nom ? GIEBELHOUSE (haussant les épaules) On a cherché et on a eu aucune indication là-dessus... Tenez, juste à vos pieds il y a les derniers fragments de l'engin explosif, on a rien touché, on attendait des experts. Luther s'accroupit et étudie du regard les morceaux de ferrailles épars. La caméra s’approche de ses doigts balayant le sol poussiéreux. ROMÉO (écarquillant les yeux) Je connais le type de fabrications... J'ai déjà croisé cette forme d'explosifs... SÉQUENCE 10 - HÔPITAL PSYCHIATRIQUE DE SEATTLE - INT. JOUR Vue sur une série d'écrans noir et blanc. Un membre du service de sécurité de l'hôpital assis à une chaise dévisage Frank et Peter. LE GARDIEN Attendez, vous n'êtes pas du FBI, ni de la police, vous n'avez donc pas le droit à ces informations ! J'ai l'enregistrement que vous demandez, mais revenez avec une autorisation, je fais mon job ! FRANK (fronçant les sourcils) Appelez l'inspecteur Giebelhouse au commissariat. Je suis son collaborateur, combien de fois devrais-je vous le répéter ? PETER Vous devez nous faire voir ces documents, ils risquent de tomber entre de mauvaises mains et concernent plus de personnes que ce que vous croyez. LE GARDIEN (grimaçant) Bah, je veux pas d'ennuis moi alors faites ce que vous voulez puis filez d'ici ! Peter saisit la vidéo de surveillance dans l'armoire d'à côté et l'insère dans un magnétoscope. Très vite, l'écran gris montre des malades déambulant dans le couloir. LE GARDIEN C'était au beau milieu de l'après-midi, la sonnerie s'est enclenchée, et les portes des cellules des malades se sont ouvertes. A ce débit elles ne peuvent être déverrouillées qu'électroniquement, le coupable devait donc connaître le code d'ouverture des cellules... La caméra fait un gros plan sur l'écran, où trois hommes de dos habillés en infirmiers entrent dans la chambre de Lara Means avec des seringues. FRANK (le regard morose) Et dans la pagaille de ces malades évadés et de ces médecins qui courraient partout, vous n'avez pas pu voir ni empêcher cet enlèvement... LE GARDIEN (stupéfait) Ils avaient bien préparé leur coup en tout cas, certains patients sont encore planqués dans des bouches d'aération, on en retrouve chaque heure, et si vous voyiez mon salaire... Peter met l'image sur pause alors que l'on voit plus ou moins nettement le visage des ravisseurs tandis qu'ils ressortent de la cellule en transportant Lara, amorphe. L'un des trois hommes est le terroriste ayant fait sauter le magasin. PETER C'est suffisamment consistant pour débuter. Ils m'ont l'air trop organisés pour travailler pour des gangsters bas de gamme, en tout cas on sait à quoi ils ressemblent. Frank a soudain de violentes visions : - un homme au visage indéterminé assis à une table, les mains croisées - une rivière où flottent des cadavres rosés par centaines FRANK (avec un ton déprimé) Ils l'ont droguée puis transportée dans un camion. Ils sont persuadés qu'elle est la solution à leur problème, et ils l'ont battue pour qu'elle coopère. PETER Ils se sont parfaitement fondus dans le décor durant leur intervention, je pense qu'il faudrait vérifier le personnel médical de l'hôpital lui-même. FRANK (clignant des yeux) Nous allons identifier ces hommes et les retrouver. Ils connaissent l'origine et l'issue de toute l'épidémie, il est nécessaire qu'ils nous parlent. FONDU AU NOIR. ACTE 2 SÉQUENCE 11 - HÔPITAL PSYCHIATRIQUE DE SEATTLE - INT. JOUR Vue sur des dossiers du personnel comportant les photos des kidnappeurs. Le médecin chef du bâtiment tourne autour de Frank et Peter assis à son bureau. MÉDECIN CHEF James Duggan, Greg Maeda et Alex Gordon : ils ont été admis ici en tant qu'infirmiers il y a environ quatre mois, et à seulement quelques jours d'écart. Cependant, j'aimerais préciser que notre établissement ne portera pas la responsabilité de... FRANK Ces trois hommes n'avaient pas de problèmes dans leur travail ? MÉDECIN CHEF Au vu des commentaires des membres du service, ils étaient des employés modèles. Pas un seul reproche à leur faire. PETER (ironique) Si l'on excepte l'état anomique dans lequel ils ont mis votre établissement psychiatrique... FRANK Les criminels du trio partagent les mêmes caractéristiques : assez jeunes, propres sur eux, perfectionnistes. Cet air soigné suggère qu'ils agissent pour le compte d'un groupe puissant... PETER Une mafia quelconque, une secte, un conglomérat politique... Gros plan sur le portable de Frank qui se met à sonner. Frank décroche, nous le voyons parler en contre-plongée en alternance avec Roméo. FRANK (souriant sarcastiquement) C'est encore vous Luther, n'est-ce pas ? ROMÉO Hé oui le petit français qui emmerde le monde, c'est toujours moi. FRANK Vous avez du nouveau, je présume ? Un temps de silence se fait sentir. ROMÉO C'est exactement ça, je vous prie de me rejoindre sur la principale ça va vous intéresser je pense. Et comme je sais que Watts ne peut plus se passer de moi... Roméo raccroche brusquement et Frank jette un regard perplexe à Peter. Ce dernier ne dit rien, il se lève de sa chaise et ré-enfile son blouson. SÉQUENCE 12 - CENTRE VILLE DE SEATTLE - EXT. JOUR Vue sur la voiture de Frank et Peter qui se gare devant les lieux consumés. Frank en sort le premier suivi de Peter ; ils se dirigent en plongée vers ce qui fut l'entrée du magasin quelques heures auparavant. Un commissaire vient se poster devant eux. COMMISSAIRE Je regrette, cette zone n'est pas autorisée au public, si vous n'avez pas de badge allez-vous en. Frank s'apprête à rétorquer quand Giebelhouse interpelle son collègue. GIEBELHOUSE Hé c'est bon, laisse les passer ils sont avec moi. LE COMMISSAIRE Tu vois, je veux bien collaborer avec Millennium ou le FBI, mais pas avec des électrons libres sortant de je ne sais où et ne répondant de rien à personne. GIEBELHOUSE (grognant) J'en prends la pleine responsabilité, ça te va comme ça ? Le commissaire approuve bon gré mal gré, tandis que Giebelhouse fait signe à Frank et Peter d'approcher. Luther les rejoint en trottant. PETER Qu'est-ce que nous faisons là, Luther ? GIEBELHOUSE (parlant tout seul dans son coin) Je donnerais cher pour être chez moi à jouer avec mes mômes ! ROMÉO Un attentat à la bombe s'est produit ce matin, comme vous l'avez certainement constaté, et le Doyen a insisté pour que je donne mon avis... FRANK (regardant tourmenté les décombres) Et vous en avez tiré des conclusions ? ROMÉO L'explosif utilisé était un mélange classique de trinitrotoluène et de glycérine amplifiée, pour simplifier elle fonctionne par combinaison des flux. C'est un type de fabrication d'origine soviétique je pense, en tout cas je suis déjà tombé une fois sur ce genre de matériel en France, une bombe que mon équipe n'avait pas pu désamorcer... Frank est assailli de rapides images : - des gens hurlant dans les flammes - le mot HYLIKON griffonné sur un morceau de papier PETER Luther, c'est un drame, mais vous n'êtes pas sans savoir que nous enquêtons actuellement sur une autre affaire, nous ne pouvons pas nous mêler de ça... FRANK Si Peter, Luther a raison il y a un rapport entre cet attentat et l'épidémie. LUTHER (souriant) Je savais qu'on se comprenait Frank, c'est épatant ! Et maintenant que les psychologues sont intervenus, je pense que vous adoreriez entendre le témoignage d'une survivante... SÉQUENCE 13 - CENTRE VILLE DE SEATTLE - EXT. JOUR Vue sur une jeune femme assise dans une voiture d'ambulance, en train de pleurer. Frank entre dans le véhicule en faisant signe à Peter et Roméo d'attendre plus loin. Il s'assied à côté de la survivante en reboutonnant son blouson. FRANK Sandra Miller ? Je suis Frank Black. SANDRA (pleurant et toussant) S'il vous plaît, je n'ai pas envie de parler à qui que ce soit... FRANK Je sais. Votre amie est décédée à cause des émanations de fumée...toutes mes condoléances. On m'a également dit que vous aviez vu le coupable, un homme totalement cinglé... SANDRA Elle est morte, et moi je suis encore vivante, c'est complètement insensé mais à cause de ça je me sens coupable de son décès, vous devez trouver que je dis n'importe quoi... La caméra fait un gros plan sur le regard endolori de Frank. FRANK (la voix basse) Non, je comprends ce que vous dites. Vous n'êtes pas responsable, le coupable est mort mais vous devez me dire ce qu'il a fait pour que nous puissions appréhender ses employeurs. SANDRA (essuyant ses larmes) Il ressemblait à...à un fou...il avait un imperméable et un sifflet d'enfant...il a commencé à crier que seules certaines personnes étaient dignes de tolérance, il a parlé... d'un homme juste et a hurlé " Voici qui nous sommes vraiment "...puis l'explosion m'a assommée et... Elle ne termine pas sa phrase qu'elle blottit sa tête contre l'épaule de Frank, effrayée. Ce dernier pose pudiquement une main sur le dos de la jeune femme. FRANK (regardant le vague) Calmez-vous, ça va aller. SÉQUENCE 14 - CENTRE VILLE DE SEATTLE - EXT. JOUR Vue sur Peter feuilletant des notes d'enquête. Luther se place devant lui et s'accoude, relaxé, à une voiture de police. ROMÉO Quelque chose vous intrigue Watts ? PETER (levant les yeux vers son interlocuteur) Et bien...qui est ce Kiele Reznor ? ROMÉO La prochaine fois que vous avez une question, débrouillez-vous pour que j'en connaisse la réponse parce que là je passe pour un incompétent. PETER (fermant ses yeux) ...Merci du précieux renseignement Luther. ROMÉO Mais de rien, ce fut un plaisir. Peter engage un pas vers sa voiture mais Roméo lui barre soudainement la route. ROMÉO Entre nous, vous avez entendu ce qu'a dit la fille, les Coqs sont responsables de cet attentat, et de l'épidémie, ce sont eux qui mènent le jeu depuis le début ! PETER Vous êtes obsédé par cette idée, laissez tomber ça avec moi Luther. ROMÉO Vous êtes étonnant Watts...vous ne faites plus partie du Groupe mais vous vous refusez à accuser votre ancien clan des Coqs. Pour eux le jour approche, vous n'avez pas idée de ce qu'ils peuvent faire à si peu de la date fatidique. Alors pourquoi ? PETER (bousculant Roméo de l'épaule) Parce que rien ne prouve votre affirmation ; votre but n'est pas de découvrir la vérité mais de dire à tout le monde que vous aviez raison, je vous vois comme prétentieux et non pas comme justicier Luther. Allez interroger vous-même Sandra Miller, ça ne vous donnera rien de plus. ROMÉO (ironique) Et pourquoi pas, cette fille est canon, pile mon genre. Frank rejoint Peter et Roméo, le front couvert de rides anxieuses, et leur fait signe de monter en voiture. Peter s'exécute tandis que Frank s'adresse à Luther, l'air sérieux. La caméra filme les deux hommes, séparés par la portière de la voiture. FRANK J'ai quelque chose à vérifier, vous m'invitez chez vous ? ROMÉO Bah...le mythique profiler Frank Black chez moi, je peux pas dire non... SÉQUENCE 15 - 421 NEWTON ROAD, SEATTLE - INT. JOUR Vue sur un hall d'entrée sombre et embarrassé de cartons désordonnés. La porte s'en ouvre et la lumière s'allume. Roméo entre à l'intérieur, suivi de Frank, portant un attaché-case. Le sol est jonché de multiples objets, des vidéos sont étalées sur des étagères instables, les murs sont sales, c'est un foutoir maximal. ROMÉO Alors faites pas attention à ce bordel, je viens d'emménager moi... FRANK (indifférent) Vous vivez seul ? ROMÉO Je suis allergique aux poils de chats, ça limite... FRANK (haussant les sourcils) Je ne parlais pas d'animaux de compagnie. ROMÉO (réfléchissant à sa réponse puis se mettant à rire) Aucune femme pourrait accepter de vivre avec quelqu'un comme moi. FRANK Ce n'est pas à moi de vous le dire, mais elle doit certainement exister. ROMÉO (songeur) ...permettez, je vais allumer l'ordinateur. Roméo enjambe plusieurs cartons et met en marche son ordinateur. Frank balade son regard dans la pièce : en vue subjective, le hall est parsemé de morceaux de papier, de canettes de bière vides et de disques de hard rock. Les meubles sont usés et des magazines pornographiques sont étalés sur ces derniers. FRANK (assez curieux face au décor) Quand le Groupe Millennium vous a-t-il contacté ? Roméo fait une moue embarrassée et s'assied devant le moniteur sans répondre. Il se penche vers le micro et articule avec soin son code phrase. ROMÉO (en Français) ‘‘Lève-toi, clair soleil, et tue la lune jalouse.’’ Sur l'écran s'affiche le serpent circulaire ouroboros et une phrase en Français : "Bienvenue Roméo, la rétraction de l'Univers progresse" ROMÉO (se retournant vers Frank) Tenez Frank, on a un profil pour le poseur de bombe, ainsi qu'un portrait robot... Frank s'installe à côté de Roméo, balaie des yeux le profil et scrute la photographie du terroriste, qui est l'un des hommes ayant enlevée Lara. FRANK (fronçant un sourcil) C'est ce que je pensais, donnez-moi le dossier rouge dans mon attaché-case, s'il vous plaît ; vous allez voir que l'homme de l'attentat est lié à l'épidémie, il a enlevé mon amie et se nommerait à priori James Duggan. Roméo plonge une main dans l'attaché de Frank. En tombe accidentellement un dossier de The Trust. Roméo le feuillette en se grattant la tête. ROMÉO Je peux vous demander ce qu'est The Trust ? FRANK C'est une autre donnée...une alternative... Roméo se contente d'examiner le document avec un air triste. SÉQUENCE 16 - 1145 HOURSEMAN AVENUE - INT. NUIT Vue sur Frank assis sur le lit de Jordan. Cette dernière allongée se sert contre son coussin et contre une peluche. JORDAN (avec un air boudeur) Papa, je veux pas me coucher... Frank caresse les cheveux de sa fille et embrasse son front. FRANK (souriant) Il est tard Jordan je veux que tu dormes, alors compte les moutons un par un. JORDAN Mais ça ne marche jamais ça ! Frank remet en place la couverture de sa fille en souriant. JORDAN Je ne vois plus maman depuis qu'on est ici... Frank prend sa respiration, la caméra filme en gros plan sa main crispée. FRANK Tu...tu aimerais qu'on retourne chez nous, à la Maison Jaune ? Jordan hoche la tête positivement en guise de réponse. FRANK Pourquoi ? JORDAN Maman aimerait tellement qu'on y soit. Frank se retient de verser une larme. Il tapote gentiment le genoux de sa fille et se lève lentement du lit en se frottant le front. Il parle tout en sortant de la pièce. FRANK Je t'aime, bonne nuit. JORDAN (souriant) Bonne nuit ! SÉQUENCE 17 - LIEU INCONNU - INT. NUIT Vue sur le Doyen, penché à un bureau et examinant frénétiquement un fax. La pièce est obscure, seul un faible halo éclaire le visage de l'homme, stressé. La caméra lit par dessus l'épaule du Doyen : LE DOYEN (VOIX OFF) Après étude des données et des analyses préliminaires effectuées par M. Roméo Jean Luther, il a été établi que la bombe ayant décimé le commerce de la principale est de fabrication russe. Les dirigeants du Groupe dans les pays européens ne veulent pas donner leur avis quant à la possible implication des Luminaires dans cet acte terroriste. Le Doyen passe ses doigts sur ses yeux en plaquant son coude sur le communiqué. A côté de lui repose une Bible entrouverte que l'objectif filme en gros plan à un verset spécifique : "Qui sont ceux-ci qui sont vêtus de robes blanches ? Et d'où sont-ils venus ?" SÉQUENCE 18 - UN BUREAU - INT. NUIT Vue sur la même pièce à table rectangulaire et ornée de tapis anciens. Les deux hommes y sont assis, séparés par au moins deux mètres de bois noir luisant. L'HOMME Notre activité de récupération prend fin M. Reznor. L'opération ne se déroula pas sans ennuis mais nous pensons avoir obtenu le bon média cette fois-ci... L'homme brun aux cheveux mi-longs, KIELE REZNOR, se lève de la table lentement. Il a la quarantaine, les traits du visage sont secs et sa peau excessivement blanche, il est vêtu d'un long blouson en cuir noir. KIELE REZNOR (PREMIER HOMME) Montrez-moi les photographies. L'homme se lève à son tour et se dirige vers Reznor, la caméra le filme en plongée quand il sort de sa poche des photos de Frank, Peter et Roméo qu'il tend à son chef. L'HOMME (montrant les images d'un mouvement du doigt) Ces hommes, sans pour autant constituer une menace, semblent remonter notre piste. Mais je vous avouerais que les dirigeants de Millennium doivent certainement en faire autant, ils savent ce qu'il s'est passé avec leurs souches... KIELE (regardant les trois photographies avec un rictus) Et bien au moins nous en connaissons un sur les trois. Il jette alors sur la table la photo de Roméo Luther. FONDU AU NOIR ACTE 3 SÉQUENCE 19 - DOMICILE DE FRANK BLACK - INT. JOUR Frank jette sur la table l'impression d’une capture d'écran de la vidéo- surveillance de l'hôpital. FRANK James Duggan Peter attrape la photo, et la regarde longuement. FRANK C'est lui qui a posé la bombe au supermarché, et il a aussi collaboré à l'enlèvement de Lara. PETER Tu as pu avoir des infos sur lui ? FRANK Un peu... Il travaillait depuis près de quatre mois à l'hôpital où Lara a été admise. Et il s'était fait embaucher au super- marché pour un emploi provisoire à mi-temps il y a trois semaines. Dans les deux cas, il a falsifié son CV. PETER D'où est-ce qu'il sort ? FRANK Duggan était un type assez médiocre, qui n'a jamais rien pu faire de sa vie, jusqu'à ces derniers mois. Il est né dans la région de Los Angeles en 1963. Il a été incapable de sortir de l'école avec le moindre diplôme. Il a enchaîné plusieurs petits jobs au début des années 80, pendant une dizaine d'années. PETER Rien d'autre ?... Ca ne colle pas. Comment ce type aurait-il pu poser cette bombe ou enlever Lara ? FRANK Ensuite, cela devient intéressant. PETER Qu'est-ce qui est intéressant ? FRANK Rien. Peter hausse un sourcil. FRANK Strictement rien. James Duggan a disparu de la circulation en 1991, et n'est réapparu qu'au moment de son embauche à l'hôpital où il a parfaitement convaincu tout le monde qu'il était un véritable médecin... PETER Qu'est-ce que cela cache ? FRANK Quand on le saura, Peter, on aura compris ce que cachait Marburg... Des coups à la porte interrompent Frank. Il se lève et va ouvrir. Roméo Luther et le Vieil Homme se tiennent sur le palier. Frank a un regard suspicieux, une hésitation. Mais il choisit de les laisser entrer. Ils arrivent dans le salon, et Peter a un mouvement de recul, lui aussi. Frank leur fait signe de s'asseoir. FRANK Roméo... Je croyais que j'avais été clair. Il n'est plus question pour moi de me laisser embrigader par le Groupe. Par aucune de ses factions. VIEIL HOMME Ne le blâmez pas, Frank. C'est moi qui l'ai poussé à venir. FRANK Ca ne change rien au problème. VIEIL HOMME Bien sûr que si, Frank. Regardez-nous, tous les deux cote à cote. Vous savez qui nous nous sommes. Je n'étais pas une Chouette. Mais, pourtant, Roméo et moi nous sommes unis dans la même lutte. PETER De quoi voulez-vous parler ? VIEIL HOMME J'occupe une fonction particulière, vous le savez Peter. Mes obligations ne sont plus celles que j'avais l'année dernière en tant que Doyen. Aujourd'hui, je ne suis ni Coq, ni Chouette...mais un observateur, un guide. PETER Vous avez quelque chose à voir avec l'épidémie ?... VIEIL HOMME Pas avec l'épidémie, mais avec sa fin. Je suis sorti de ma retraite pour remettre le remède développé par le Groupe au Centre de Contrôle des Maladies. PETER ...Parce que le Doyen ne voulait pas le faire lui-même... VIEIL HOMME Trop occupé à concrétiser ses plans et à s'assurer votre allégeance, et celle de Frank. C'était une erreur dramatique, sur tous les plans... Frank l'interrompt : FRANK Qu'est-ce que vous voulez ? VIEIL HOMME Le Groupe Millennium a été créé non pas pour semer la mort et la destruction, mais pour pérenniser la vie. FRANK Le Groupe a oublié ses origines. VIEIL HOMME C'est vrai ! C'est pourquoi il a besoin d'hommes tels que vous, tels que Peter et Roméo, pour le guider à nouveau dans la bonne direction. L'homme seul que je suis n'arrivera à rien...pas sans un réel soutien à l'intérieur du Groupe. Roméo sort enfin du silence : ROMÉO Ensemble, nous pouvons faire la différence. FRANK Je vous le répète : je ne suis pas intéressé. Le Vieil Homme ne cache pas sa déception. Il se lève. VIEIL HOMME Très bien. Je garde l'espoir que vous y réfléchirez encore, et que vous changerez d'avis. Frank ne répond rien. Le Vieil Homme se dirige vers la sortie. PETER Dites moi ! Il y a une chose... En enquêtant sur cette affaire, nous avons découvert un mot. Peut-être que cela vous dira quelque chose. VIEIL HOMME Quel mot ? PETER 'Pneuma'. Le Vieil Homme se retourne vivement vers Peter, avec une expression étrange dans les yeux, on dirait presque de la terreur. Il reprend le contrôle de lui-même assez rapidement. PETER (continuant) J'avais raison... Vous en connaissez la signification dans ce contexte. VIEIL HOMME C'est peut-être le cas... Ou peut-être pas. Et si je connaissais votre réponse, qui peut savoir si je dois ou non vous le dire ? Êtes-vous un de ceux qui peuvent savoir ? Avez-vous été élu ? FRANK C'est ce genre de discours qui me poussent à rejeter le Groupe... VIEIL HOMME Vous ne comprenez pas... Puis-je vous demander dans quelles circonstances ce mot est apparu ? PETER Lara Means a été enlevée à l'hôpital. ROMÉO Ce mot, mademoiselle Means l'a inscrit sur le mur en lettres de sang. VIEIL HOMME Peut-être un signe... Elle est peut-être...leur médiateur. PETER Quoi ? Mais le Vieil Homme a déjà tourné les talons. Il quitte la maison. PETER (à Roméo) Depuis quand vous êtes copains tous les deux ? ROMÉO C'est le Patriarche. Le seul à pouvoir nous rappeler qui nous sommes. Le seul qui soit respecté par tous les membres du Groupe. FRANK Certains membres ne respectent plus rien, ni personne. ROMÉO C'est ceux-là que votre aide pourrait nous aider à démasquer, Frank. SÉQUENCE 20 - BUREAU DU DOYEN - INT. JOUR Le Vieil Homme entre précipitamment, sans frapper. Le Doyen lève la tête, surpris. Il attend. VIEIL HOMME Ce sont eux. LE DOYEN Que voulez-vous...? VIEIL HOMME Ce sont eux et vos décisions absurdes n'ont fait que leur faciliter la tâche. LE DOYEN Je ne comprends pas... VIEIL HOMME La mission du Groupe est plus en danger que jamais. Ce sont des enragés, bien organisés, sûrement plus nombreux que dans nos pires cauchemars... Cette épidémie qu'ils ont réussi à déclencher... ce n'était que le début. LE DOYEN Le début de quoi ? VIEIL HOMME Leur logique infâme. Il cherchent, sélectionnent. Et ils ont peut-être trouvé... le Médiateur. LE DOYEN Allons, vous ne croyez pas à ces histoires ? VIEIL HOMME Pourquoi pas ? Si c'était vrai ? LE DOYEN Ca ne l'est pas ! VIEIL HOMME J'aimerais avoir vos certitudes, vivre dans votre monde entièrement noir et blanc... Les deux hommes se fixent du regard un assez long moment. Avec un air de défi. LE DOYEN Je sais ce que vous pensez. VIEIL HOMME Vraiment ? LE DOYEN Je sais aussi que vous n'oserez jamais le dire à voix haute. VIEIL HOMME Vous avez tord. Vous n'êtes pas un bon leader pour Millennium. C'est une conviction que j'assume. SÉQUENCE 21 - DOMICILE DE JESSICA DUGGAN - EXT. JOUR Frank et Peter attendent sur le pas de la porte. JESSICA DUGGAN leur ouvre. FRANK Madame Duggan ? JESSICA Oui... FRANK Vous êtes bien la mère de James Duggan ? JESSICA Oui, c'est bien ça (elle hausse un sourcil perplexe) Vous savez, la Police m'a déjà prévenue de ce qui s'est passé... FRANK Je m'appelle Frank Black, et voici mon ami Peter Watts. Nous voudrions parler un peu avec vous, au sujet de votre fils. Jessica ne dit rien un instant, avant de leur ouvrir le passage. JESSICA Entrez, je vous en prie. SÉQUENCE 22 - DOMICILE DE JESSICA DUGGAN - INT. JOUR Frank et Peter sont maintenant assis devant une tasse de café en face de Jessica. PETER Vous étiez encore en contact avec votre fils ? JESSICA Non. J'étais sans nouvelles depuis plusieurs années. FRANK Je pense que la Police vous a dit ce qu'il a fait dans ce supermarché. Jessica hoche la tête PETER C'est quelque chose... Comment dire ?... Vous vous attendiez à ça de sa part ? JESSICA Mon fils n'aurait jamais fait ça, non. Mais il n'était plus le fils que j'avais élevé. Et cela n'a sûrement fait qu'empirer pendant ces années où nous n'avons pas eu de contact... FRANK Pour tout vous dire, si nous sommes là aujourd'hui, c'est parce que quelques heures avant de mourir dans cette explosion qu'il a déclenchée, votre fils a enlevée une de nos amies. Jessica reste silencieuse une seconde. JESSICA Je ne sais pas quoi vous dire. J'ai tellement honte... FRANK Cet enlèvement a eu lieu à l'hôpital psychiatrique où votre fils travaillait comme médecin. JESSICA James n'était pas docteur ! PETER Nous le savons... Mais il a su convaincre du contraire tout le personnel. JESSICA J'ai du mal à y croire. FRANK Vous voulez bien nous raconter ce qui s'est passé au moment où vous avez perdu contact avec votre fils ? Ca s'est passé vers 91, non ? JESSICA Oui... En fait tout a commencé à la fin de l'année précédente. Il venait de se faire virer de son dernier job - je crois que c'était serveur dans un restau, ou quelque chose comme ça. A ce moment là, il a montré assez clairement qu'il n'avait plus l'intention de chercher quelque chose d'autre. PETER Oui, nous avons vu qu'il avait multiplié les petits boulots pendant plusieurs années. JESSICA Il était renvoyé à chaque fois... C'est pour ça que j'ai du mal à croire qu'il ai pu faire un médecin crédible. Pendant tout ce temps, j'ai essayé de le soutenir de mon mieux. J'étais sa mère, C'était mon fils. FRANK Mais ?... JESSICA Mais à ce moment là, ce n'était plus suffisant. Il s'est enfoncé dans une attitude dépressive et défaitiste. Rien de ce que je pouvais dire ne le touchait plus. C'est alors qu'il est entré en contact avec eux. FRANK Dans quelles circonstances ? JESSICA Je n'en sais rien. Ils sont apparus du jour au lendemain... En quelques mois, ils ont fait de James une personne différente. PETER Vous n'avez aucune idée de qui ils étaient ? JESSICA C'était une secte ou quelque chose comme ça. Mon fils... Il disait toujours ce mot... Ca avait à voir avec la lumière... C'était... Luminaires... Je crois. FRANK Luminaires... JESSICA J'aimerais pouvoir vous aider davantage. FRANK C'est déjà beaucoup. Jessica se lève et se dirige vers un secrétaire d'où elle sort une lettre. JESSICA Un soir je l'ai attendu, et il n'est pas rentré. Je ne l'ai plus jamais revu. Il est parti sans prendre une seule de ses affaires. Le lendemain matin, je suis parti prévenir la Police. Quand je suis rentrée chez moi, il y a avait cette lettre sur cette table. Elle donne la lettre à Frank. FRANK Merci. JESSICA Vous savez... Je n'ai jamais été capable de la lire jusqu'au bout. PETER Nous sommes désolé de raviver tous ces souvenirs... JESSICA Ce n'est pas votre faute... Ce sont mon fils et ses actes qui ont resurgi du passé... Au fond, ce n'est pas une mauvaise chose. FRANK Pourquoi ? JESSICA Toutes ces années, je me suis demandé ce que j'avais mal fait, quelle avait été ma part de responsabilité dans ce qui était arrivé à mon fils. Avais-je été une mauvaise mère ? Aujourd'hui je sais que ce n'était pas le cas. J'ai simplement enfanté un monstre, un Démon. Frank l'observe, plongé dans ses pensées... JESSICA Les Démons, c'est une chose qu'on ne peut pas contrôler... SÉQUENCE 23 - BUREAU DE GIEBELHOUSE - INT. JOUR Giebelhouse et Luther sont assis chacun à un bout du bureau, épluchant des dossiers sur James Duggan. Roméo montre des signes clairs d'impatience... ROMÉO Putain ! Ca sert à quoi ce qu'on fait ? ! GIEBELHOUSE Hein ? ROMÉO Je veux dire, on a besoin de lire combien de lettres de renvois et de dossiers professionnels différents pour savoir que ce James Duggan était un con, et un loser ? ! GIEBELHOUSE Tous les cons et les losers ne se font pas passer pour des médecins dans les hôpitaux. ROMÉO (il parle très vite) Bien sûr que non, et c'est là toute la clef du problème, Gieb - vous permettez que je vous appelle Gieb - ce Duggan n'en est pas arrivé là tout seul. Enfin, vous l'avez lu comme moi, il aurait pas été fichu de changer une ampoule tout seul ! GIEBELHOUSE (faisant des efforts pour comprendre) Est-ce que quelqu'un vous a déjà dit que vous aviez un accent atroce ? A part ça, je suis d'accord avec vous. ROMÉO Ce type n'est qu'un pion. Un jouet au main d'une force bien plus grande... GIEBELHOUSE Et...? ROMÉO Et... Je ne sais pas... J'ai l'impression...l'intuition, en fait, que cela a quelque chose à voir avec les événements de ces derniers jours... C'est sûrement pour ça que le Doyen m'a demandé de m'occuper de cette affaire. GIEBELHOUSE C'est comme ça que ça marche en France ? Avec des 'intuitions' ? ROMÉO Oh, excusez-moi. Je sais que vous préférez les visions paranormales et les apparitions d'anges, dans le coin. GIEBELHOUSE Touché ! On frappe à la porte. POLICIER Inspecteur, je sais que vous avez demandé à ne pas être dérangé... GIEBELHOUSE Si vous le savez, quelle partie de cette information n'avez vous pas compris ? POLICIER Il y a un appel que vous voudrez absolument prendre. GIEBELHOUSE Qui est-ce ? POLICIER Je ne sais pas. Mais il prétend avoir des informations sur les complices de James Duggan. Roméo et Giebelhouse échangent un regard, et l'Inspecteur attrape vivement le téléphone en marmonnant un : GIEBELHOUSE Merci. Giebelhouse fait une grimace puis approche le combiné près de son oreille. GIEBELHOUSE Inspecteur Giebelhouse. A qui ai-je l'honneur ? VOIX (OFF) Si vous permettez, je vais m'abstenir de répondre à cette question. GIEBELHOUSE Je ne permets pas. VOIX (OFF) Mon identité n'a aucune importance. J'appelle pour vous dire que j'ai reconnu ces types dont le visage est passé à la télé, ceux qui ont enlevé cette femme dans un asile. Giebelhouse pose sa main sur le combiné. GIEBELHOUSE (à Luther) Les images de la vidéo surveillance sont passées à la télé ? LUTHER Je crois que Millennium a pris contact avec les chaînes télés, oui. GIEBELHOUSE La prochaine fois, vous direz à vos copains de m'avertir, merde ! LUTHER Si vous croyez que je décide de ce qui se passe au sein du Groupe... GIEBELHOUSE Ouais... (il parle à nouveau au téléphone :) Alors, qu'est-ce que vous avez à me dire sur ces types ? VOIX (OFF) Je sais où ils vivent GIEBELHOUSE (à Luther) Filez moi un stylo ! Luther s'exécute et observe Giebelhouse qui note une adresse sur un papier. Giebelhouse pose à nouveau sa main sur le combiné : GIEBELHOUSE Roméo, prévenez Frank, et dites-lui de nous rejoindre. Il faut qu'on aille là-bas tout de suite. Roméo sort son portable. Giebelhouse replace le combiné sur son oreille. GIEBELHOUSE Dîtes, est-ce que... Allô ? Mais il n'y a plus rien que des 'bips'. L'interlocuteur de Giebelhouse a raccroché. SÉQUENCE 24 - BUREAU - INT. JOUR L'Homme a encore la main sur le combiné qu'il vient de raccrocher. Kiele Reznor le regarde, avec un sourire aux lèvres. KIELE Bien. L'HOMME Le feu purificateur va effacer nos traces, et mettre un terme à cette affaire. KIELE Pour l'instant. SÉQUENCE 25 - RUE D'UN QUARTIER MODESTE DE SEATTLE - EXT. JOUR Une voiture de Police à bord de laquelle se trouvent Giebelhouse et Roméo se gare rapidement, suivie de la voiture de Frank, où ce dernier se trouve avec Peter. Tous quatre descendent rapidement, et se dirigent vers l'entrée d'un immeuble. SÉQUENCE 26 - CAGE D'ESCALIER - INT. JOUR Giebelhouse monte en tête, l'arme au poing. Il est suivi de Roméo et de Frank. Peter ferme la marche. FRANK (murmurant) Giebelhouse ! Fais attention ! Roméo parle par dessus son épaule ROMÉO Qu'est-ce qu'il y a, Frank ? FRANK C'est trop facile. La caméra se rapproche de lui jusqu'au gros plan. VISIONS internes de Frank : -- des flammes -- un ange -- le mot pneuma -- une silhouette sombre, debout au milieu de dizaines de cadavres -- des flammes, encore -- une assemblée qui semble écouter les paroles de l'ange -- le mot hylikon, qui s'enflamme et part en fumée... Frank s'est arrêté. Peter est resté à coté de lui. PETER Ca va ? FRANK Je ne comprends pas... Je ne comprends pas... PETER Frank ? FRANK Je n'arrive pas à comprendre ce que je vois. Les deux hommes sont interrompus par le bruit d'une porte que l'on défonce, un étage plus haut. GIEBELHOUSE (OFF) Ne bougez plus ! PETER Viens ! Ils se remettent à monter les escaliers en courant. SÉQUENCE 27 - APPARTEMENT 37 - INT JOUR Peter et Frank entrent. Giebelhouse pointe son arme vers deux hommes GREG MAEDA et ALEX GORDON, qu'on avait déjà aperçus sur la vidéo de l'enlèvement de Lara Means. Ils sont de l'autre coté de la pièce. Luther a lui aussi sorti une arme et les vise également. Tous deux font un pas dans la direction des deux kidnappeurs. GIEBELHOUSE Greg Maeda, Alex Gordon ! Pas de réponse GIEBELHOUSE Vous êtes en état d'arrestation ! Frank et Peter sont restés en retrait FRANK (tout bas) Est-ce que tu sens ça ? PETER De l'essence... GIEBELHOUSE Les mains en l'air. Retournez-vous lentement ! Les deux hommes ne bougent pas. GIEBELHOUSE Je vais tirer ! L'un des deux hommes répond par un sourire. Frank s'avance de quelques pas. FRANK Écoutez-moi... Je sais ce que vous allez faire. ROMÉO Qu'est-ce qu'il y a, Frank ? GIEBELHOUSE Frank ? FRANK Vous ne devez pas ! Ca n'en vaut pas la peine ! Vous me comprenez ? GREG MAEDA C'est vous qui ne comprenez pas. FRANK Expliquez moi pour quelle raison vous devriez mourir ?! ALEX GORDON Nous ne méritons pas de vivre. Nous ne sommes pas... FRANK ...Assez purs, c'est ça ? GREG MAEDA La seule grande chose que nous puissions accomplir dans nos vies, c'est de permettre aux Pneumas de vivre. FRANK Mais qui décide ? ALEX GORDON Kiele Reznor a parlé. Il est le Juste des Justes, Celui Qui Sait en attendant les paroles du médiateur. FRANK L'épidémie vous a épargné, pourtant... ALEX GORDON Comme des millions d'autres Hylikons. Marburg n'était que le début. GIEBELHOUSE Est-ce que quelqu'un peut m'expliquer ce qui se passe ? FRANK Vous faites partie de Luminaires, n'est-ce pas ? ROMÉO Frank ! Qu'est-ce que c'est que ces conneries ? ! GREG MAEDA Vous avez vos chances, Frank. Peut-être êtes-vous un Pneuma. Il vous suffirait de vous placer du bon coté de la bataille. ALEX GORDON On nous a dit que vous aussi aviez un Don. Les archives de Millennium disent que votre mère était un Médiateur... GIEBELHOUSE Frank ! Explique-toi, merde ! FRANK Luminaires... Ce sont les responsables de l'épidémie de Marburg. GREG MAEDA C'était le début de notre grand travail. Seuls les plus méritants survivront à la fin. FRANK Je vous en prie... Dites-moi... Dites-moi où est Lara Means. GREG MAEDA Lara Means est là où chacune de ses paroles pourra être entendue. Nous attendons les révélations. La liste. Une fois celle-ci connue, tout sera fini. Je regrette de ne pas y être. Maeda et Gordon échangent un regard silencieux pendant une fraction de seconde, filmée au ralenti. Frank comprend que c'est fini. FRANK Reculez-vous ! Giebelhouse se retourne vers Frank. Il le sonde du regard. Frank fait un mouvement de la tête pour lui répéter qu'il doit reculer. Giebelhouse recule finalement. Roméo le regard faire avec un regard d'incompréhension. ROMÉO Mais enfin, si... On ne va pas les laisser... ALEX GORDON Le millennium des Lumières est sur le point de commencer ! FRANK Roméo ! Vous ne comprenez pas ce qu'ils veulent faire ? ROMÉO C'est vous que je ne comprends pas. ALEX GORDON C'est normal, Roméo Luther. Vous n'êtes pas destiné à comprendre. Roméo les regarde, plus perdu que jamais. GREG MAEDA Oui, nous savons qui vous êtes, Roméo Luther. Et voici qui nous sommes vraiment. Frank jaillit et attrape Roméo par la taille. Il le tire violemment en arrière. Les deux hommes s'écrasent sur le sol au moment où Greg Maeda et Alex Gordon s'enflamment brusquement. D'énormes flammes montent vers le plafond où elles s’écrasent et avancent lentement. Peter et Giebelhouse se couchent à leur tour sur le sol. Tout quatre commencent à ramper vers la sortie. En arrivant sur le pas de la porte, Frank jette un regard derrière lui, sur les deux corps en flamme étalés sur le sol. ROMÉO Allez, venez ! Frank recommence à ramper. FONDU AU NOIR ACTE 4 SÉQUENCE 28 - CIMETIÈRE DE SEATTLE - EXT. JOUR La cérémonie de l'enterrement de Catherine à proprement parler est terminée. Frank se tient debout, avec Jordan dans ses bras. Ils regardent la tombe. Derrière eux, on distingue Peter Watts, Giebelhouse, et Roméo Luther qui sont restés avec lui. Roméo s'approche de Frank et se place à coté de lui. ROMÉO Vous savez... Je sais ce que vous ressentez. Frank tourne la tête pour le regarder. Roméo a les yeux dans le vague. ROMÉO Je le sais probablement mieux que vous ne l'imaginez. FRANK Vous m'en voyez désolé. Frank se retourne vers la tombe, et la regarde encore un instant. Puis il se retourne vers Luther et lui pose Jordan sur le sol à coté de lui. FRANK Prenez-là un instant, s'il vous plaît. Roméo hoche la tête et attrape la main de la petite fille. ROMÉO Viens là, ma puce. Frank s'approche de la tombe, et s'accroupit à coté du tas de terre. Il en prend une poignée. JORDAN Qu'est-ce qu'il fait ? ROMÉO C'est une sorte de rituel. Frank place sa main au dessus du trou béant où se trouve le cercueil de Catherine. ROMÉO (continuant) C'est un peu une façon de lui dire au revoir, et d'accepter de devoir vivre sans la personne qui a disparu, tu comprends ? Jordan hoche la tête. Frank ouvre le poing, et laisse se déverser la terre sur le cercueil, lentement. JORDAN Je veux dire au revoir à maman. Elle tire Roméo vers la tombe. A son tour, elle attrape une poignée de terre, et la déverse sur le cercueil. Puis elle se met à pleurer et enfonce sa tête dans les bras de son père. Roméo les regarde, et on aperçoit un peu d'humidité qui naît dans ses yeux. SÉQUENCE 29 - CIMETIÈRE - EXT. JOUR Un peu plus tard, le groupe s'éloigne du cimetière pour regagner les voitures. Roméo marche à coté de Frank. Frank fait monter Jordan dans la voiture, et referme la portière. ROMÉO Vous savez, Frank, avant de venir, j'ai travaillé sur le système qui a déclenché la combustion de Greg Maeda et Alex Gordon. FRANK Et ?... ROMÉO Et certains éléments étaient identiques à d'autres trouvés dans la bombe qui a détruit le supermarché. Tout est lié. FRANK Oui... Mais comment ? ROMÉO Il y a eu une chose un peu étrange... En faisant une recherche, des hommes de Giebelhouse ont découvert que Greg Maeda avait travaillé il y a dix ans dans un laboratoire qui était accrédité pour travailler sur les virus de niveau 4. FRANK Qu'est-ce qu'il y a d'étrange là-dedans ? ROMÉO J'ai fait la même recherche il y a deux jours. Je peux vous assurer que cela ne figurait pas dans son CV à ce moment là. Frank ne répond rien, comme désabusé. PETER Frank ! Il se retourne vers Peter. Celui-ci lui désigne quelqu'un d'un signe de tête. Le Vieil Homme se trouve non loin de là, observant Frank. Frank décide de se diriger vers lui. FRANK J'aurais pu mal prendre votre présence. VIEIL HOMME Vous auriez pu... C'était une cérémonie très touchante. Je l'ai observée de loin. Le prêtre a eu de très belles paroles. FRANK Qu'est-ce que vous voulez ? VIEIL HOMME D'abord vous répéter que je suis sincèrement désolé de ce qui est arrivé à votre épouse. Et puis... Roméo Luther a peut-être évoqué l'assemblée qui doit avoir lieu ce soir pour les membres de Millennium. FRANK Je ne suis plus membre. VIEIL HOMME J'aimerais que vous veniez, vous et Peter, avec Roméo. Frank fait un pas en arrière. FRANK Je ne suis plus membre. VIEIL HOMME Frank ! Vous êtes ma seule chance de ramener le Groupe Millennium dans le droit chemin. L'Heure est proche. Il nous reste peu de temps ! FRANK L'Heure viendra-t-elle ? VIEIL HOMME Même si vous en doutez, vous devez vous préparer à cette éventualité. Nous ne pouvons rester les bras croisés en attendant une fin heureuse, Frank. FRANK Je n'en ai pas l'intention... Il se retourne et s'éloigne du Vieil Homme, se dirigeant vers sa voiture, et vers ses amis qui l'observent avec de la curiosité dans leurs yeux. SÉQUENCE 30 - VOITURE DE FRANK / MAISON JAUNE - INT./EXT. JOUR Frank conduit dans les rues de Seattle. Jordan est sur le siège passager à coté de lui. JORDAN C'est tellement dur...de penser que maman est partie pour toujours. FRANK Je sais... Frank commence à freiner. FRANK Jordan, regarde ! Frank arrête la voiture juste devant la Maison Jaune. Jordan se retourne vers lui, le visage illuminé par un large sourire. JORDAN Est-ce que...? FRANK Oui ! Tu avais raison... C'est ici notre maison. Jordan détache sa ceinture et descend de la voiture. Elle entre en courant dans le jardin. FRANK (murmurant) Je ne peux pas renier tous nos souvenirs... Ni tous nos espoirs. Illuminée par le soleil, la maison jaune est littéralement rayonnante. Un havre de paix, de bonheur, et de douceur. Pour combien de temps encore ? SÉQUENCE 31 - MAISON JAUNE / SALON - INT. JOUR Frank donne à Jordan un petit sac. FRANK Tiens, monte ça dans ta chambre. Jordan pousse un soupir. JORDAN J'espère qu'on ne déménagera plus cette fois. Frank l'embrasse. FRANK Je te le promets ! Jordan monte alors les escaliers. Frank se dirige vers la salon, vers la table. Il s'assoit sur la chaise, et regarde ce qui est posé sur la table. Un moment passe. Sur cette table, il y a le dossier de The Trust. La caméra pivote pour montrer le téléphone, posé juste à coté, puis revient sur le dossier de The Trust. On revient finalement sur le visage de Frank, plongé dans la réflexion. Puis il attrape le combiné du téléphone. FRANK Peter ? C'est Frank. Je veux que tu passes chez moi... Je t'expliquerais. Appelle Roméo Luther et dis-lui de venir avec toi... Oui... Je t'expliquerais quand vous serez là. Frank raccroche. Il attrape le dossier de The Trust, lui jette un dernier regard. Et le range dans un tiroir... SÉQUENCE 32 - MAISON JAUNE - INT. JOUR Peter et Roméo sont assis en face de Frank... PETER Alors, Frank ? Qu'est-ce que tu veux ? FRANK Je veux que nous allions ensemble à cette réunion sur l'avenir du Groupe, Pete. PETER Frank ! Comment peux-tu... FRANK Écoute-moi... Ca ne sert à rien de réagir de cette façon. Nos recherches ont prouvé que le Groupe Millennium n'avait rien à voir avec l'épidémie, non ? PETER Je n'ai vu aucune preuve satisfaisante. ROMÉO Je suis bien obligé de reconnaître que tout cela reste assez flou... Il y a plusieurs éléments concordant qui... FRANK Très bien. Reprenons l'histoire depuis le début. Depuis des années, Millennium garde dans des entrepôts secrets des souches de Marburg. Normalement elles auraient du être détruites... ROMÉO ...comme cela a été le cas en France... FRANK ...Et seules des souches inactives auraient du être conservées pour référencement. PETER Mais ce n'a pas été le cas. Millennium a menti. FRANK C'est vrai. Je suppose que les dirigeants du Groupe n'ont pu se résoudre à abandonner ce pouvoir. Mais pendant ce temps, Millennium en a aussi profité pour développer des petites quantité de vaccin, et aussi un traitement. SÉQUENCE 33 - LABORATOIRE DE L'ENTREPÔT - INT. NUIT Une silhouette indéfinissable marche dans les couloirs blancs. Une main ganté ouvre un tiroir réfrigéré où elle prend une fiole métallique qu'elle remplace par une autre. FRANK (OFF - continuant) Marburg était donc conservé dans l'entrepôt du bassin sidérurgique. Il y a quelques semaines, un membre du Groupe s'est introduit dans l'entrepôt, et a volé une souche. Un membre dont la véritable allégeance n'allait pas envers le Groupe. SÉQUENCE 34 - MAISON JAUNE - INT. JOUR (SUITE DE LA SÉQUENCE 32) ROMÉO Luminaires ? Frank fait oui de la tête. PETER Qui sont-ils ? FRANK Je ne sais pas vraiment. Un groupe plus ou moins sectaire qui semble être, d'une manière ou d'une autre, inextricablement lié à Millennium. Un groupe à l'idéologie obscure avec ses propres plans concernant le millennium. Des plans qui expliquent leur intérêt pour un fléau biologique tel que Marburg. SÉQUENCE 35 - BUREAU DE REZNOR - INT. JOUR La silhouette pose une boite sur le bureau de Kiele Reznor. Celui-ci se redresse sur son fauteuil et ouvre la boite avec un air satisfait. La petite fiole métallique s'y trouve. FRANK (OFF, continuant) Ce Kiele Reznor dont nous avons entendu parler, a du accueillir la nouvelle avec joie. Il savait alors qu'il allait pouvoir commencer son œuvre. La grande sélection avant le millennium. SÉQUENCE 36 - MAISON JAUNE - INT. JOUR (SUITE DE LA SÉQUENCE 34) PETER La sélection ? FRANK Le choix entre les ''Purs'' et les ''Impurs''. Les 'Pneumas' et les 'Hylikons'. Ceux qui méritent de connaître le prochain millennium, et ceux qui ne le méritent pas. Leur idéologie démente veut que certains éléments naturels tels que Marburg aident à réaliser une première sélection. Alors ils ont décidé de répandre la maladie. SÉQUENCE 37 - BUREAU DE REZNOR - INT. JOUR Kiele Reznor pousse la boite sur son bureau, vers un homme qui se tient en face de lui. FRANK (OFF, continuant) Après avoir multiplié le virus, ils l'ont remis à celui qui serait chargé d'opérer la contamination. L'homme attrape la fiole. C'est James Duggan. FRANK (OFF) James Duggan. Un homme simple dont l'esprit a été totalement formaté par la secte. Il a transcendé ses capacités, mais il a au passage perdu toute individualité. C’est pourquoi il a obéit. SÉQUENCE 38 - SUPERMARCHÉ - INT. JOUR James Duggan entre dans la salle des stocks du supermarché où sont entreposés toutes sortes de produits alimentaires. Il ouvre une fiole et en déverse quelques gouttes sur le plus de produits possible, des viandes notamment. FRANK (OFF, continuant) Peu avant, il avait postulé pour un emploi dans un supermarché à la demande de Luminaires. On l'a mis là pour accomplir une tache. Infecter les aliments pour initier l'épidémie. SÉQUENCE 39 - MAISON JAUNE - INT. JOUR (SUITE DE LA SÉQUENCE 37) FRANK Le moins que l'on puisse dire c'est que l'opération a été un franc succès. Il y a un silence inconfortable entre les trois hommes. ROMÉO Alors c'est pour s'assurer qu'aucune preuve ne subsiste qu'ils ont détruit ce supermarché. FRANK Et ils ont détruit du même coup James Duggan, le seul témoin. Il a accepté son sort d'Hylikon sans broncher et s'est donné la mort, comme Gordon et Maeda. SÉQUENCE 40 – VILLAGE D’AFRIQUE – EXT. JOUR Une vieille femme noire au cheveux blancs pleure sur un tas de corps étendus sur le sol, devant une maisonnette... PETER (OFF) En quelques jours, Marburg a parcouru la planète, détruisant des millions de vies... FRANK (OFF) Les seuls à avoir le pouvoir de l'arrêter étaient Luminaires et Millennium. SÉQUENCE 41 - MAISON JAUNE - INT. JOUR (SUITE DE LA SÉQUENCE 39) ROMÉO Et pourquoi Millennium n'a rien fait ? ! FRANK Je suppose que dans un premier temps, il s'agissait de réussir à démasquer les coupables. Mais Millennium s'est fait prendre au piège... Tandis que le chaos se répandait sur terre, Luminaires mettait en place l'autre partie de son plan. PETER Tu veux dire...l'enlèvement de Lara ? SÉQUENCE 42 – UNE GRANDE SALLE – INT. NUIT Une grande salle, où sont alignés des dizaine de lits. Des gens y sont allongés, endormis. Kiele Reznor entre dans la pièce, passe à coté d’un médecin comme s’il ne l’avait pas vu, et avance entre les lits, regardants les hommes et les femmes qui y sont allongés. FRANK (OFF) Et de dizaines d'autres personnes. De nombreux membres du Groupe. J'ai eu plusieurs fois des visions de cet ange... Je suis sûr qu'ils avaient tous le même Don que Lara. Les Médiateurs... ROMÉO (OFF) C'est quoi, au juste ? SÉQUENCE 43 - MAISON JAUNE - INT. JOUR (SUITE DE LA SÉQUENCE 41) FRANK Je ne sais pas. Frank se lève et vient se poster debout derrière le fauteuil sur lequel il était assis. FRANK (continuant) Pendant tout ce temps, les morts se multipliaient, et Millennium cherchait frénétiquement à protéger ses membres. SÉQUENCE 44 – SALLE D’ISOLEMENT – INT. JOUR Quelques images de ‘‘The Fourth Horsemen’’. Frank et Peter soumis à des traitements, et à qui on injecte le vaccin. FRANK (OFF) Ils ont vacciné tous ceux qu'ils ont pu. Le vaccin était probablement difficile à produire, c'est pour cela qu’ils l'ont réservé aux membres, laissant aux autres le traitement, et le risque de non-guérison qu'il comportait. SÉQUENCE 45 - MAISON JAUNE - INT. JOUR (SUITE DE LA SÉQUENCE 43) PETER Et au même moment, la cérémonie d'intronisation de Lara s'est mal passée... Elle a du voir...ce qui se passait. FRANK Ils ont senti les choses leur échapper. Lara était une cause perdue. Il devenait clair que j'allais quitter le Groupe. Tu as piraté des informations, Peter !... Il ne faut pas oublier qu'ils n'avaient aucun moyen de prouver qu'ils n'étaient pas responsables de cette contamination. SÉQUENCE 46 – CELLULE DU GROUPE – INT. JOUR Peter est assis sur le sol dans une cellule sombre et sordide ou il n’y a rien – même pas un lit. Un grand trait de lumière envahi la pièce alors que la porte s’ouvre. Le Doyen apparaît, en contre jour, et Peter le regarde avec un air de défi. PETER (OFF) Alors ils m'ont enlevé. Et ils m'ont fait chanter. FRANK (OFF) Le Doyen l'a fait, oui. Il ignorait que le Vieil Homme était arrivé en ville et avait décidé de reprendre les choses en main. SÉQUENCE 47 - MAISON JAUNE - INT. JOUR (SUITE DE LA SÉQUENCE 45) FRANK C’est lui qui a livré le remède aux autorités. SÉQUENCE 48 - UNE MAISON - INT. JOUR Une FEMME MALADE, le visage plein de sueur, se dirige péniblement vers un robinet de sa cuisine ou elle rempli un verre d'eau qu'elle boit rapidement. FRANK (OFF, continuant) Le Centre de Contrôle des Maladies a très rapidement pris les choses en main. Il a transmit le traitement aux autorités compétentes aux quatre coins du monde. Tous ont utilisé chaque moyen possible de répandre le remède. L'eau courante... SÉQUENCE 49 - IMMEUBLE DE BUREAU - INT. JOUR La caméra nous montre un plan large d’une pièce où se trouvent une dizaine de bureaux et autant d’employés, puis se rapproche d'un ventilateur dont les pales tournent lentement, derrière une grille sur le mur. FRANK (OFF, continuant) ...ou encore les système d'air conditionné. Tout l'éventail des technologies modernes. C'est ce qui explique que l'épidémie se soit calmée bien plus rapidement dans les villes que dans les campagnes et les forets ou certains ont commis l'erreur de se réfugier. SÉQUENCE 50 - MAISON JAUNE - INT. JOUR (SUITE DE LA SÉQUENCE 39) Peter regarde Frank avec un air triste. Il ne peut pas soutenir son regard bien longtemps. FRANK Dans ces endroits isolés, les méthodes ont du être plus...artisanales. SÉQUENCE 51 - FORÊT - EXT. JOUR Un Canadair survole les arbres et lâche son eau purificatrice sur la foret. FRANK (OFF, continuant) C'est aussi pour cela que l'épidémie se poursuit encore à l'heure actuelle en Afrique, où elle avait pourtant mis plus de temps à se répandre -- parce qu'il y a moins de déplacements de masses sur ce continent. Un RÉFUGIÉ lève la tête et regarde le ciel, surpris, alors que les gouttes ruissellent sur lui. Son ÉPOUSE vient le rejoindre. ÉPOUSE Qu'est-ce qui se passe ? RÉFUGIÉ J'en sais rien. Il prend sa femme dans ses bras. FRANK (OFF, continuant) Tout a contribué à faire de Marburg le pire carnage qu'ai jamais connu l'Humanité... SÉQUENCE 52 - MAISON JAUNE - INT. JOUR Peter et Frank s'observent l'un l'autre, sans rien dire dans un premier temps. PETER Tout ça était supposé me convaincre de donner une autre chance au Groupe ? Je ne vois rien qui le flatte vraiment. FRANK Je n'ai jamais dit que Millennium était exempt de toute faute, simplement qu'il n'avait pas de responsabilité directe. Et surtout que les véritable coupables, les monstres qui ont délibérément tué des millions de gens se trouvent quelque part dehors, en liberté. Je veux qu'ils paient, Peter. Et je suis convaincu que Millennium est ma meilleure arme dans cette lutte. PETER Mais Millennium est gangrené de l'intérieur, tu l'as dit toi même. FRANK Par un très petit nombre de gens, j'en suis certain. Une personne, peut-être deux. Le reste ne sont pas des traîtres, mais beaucoup de gens qui ont peur, et qui s'agitent dans tous les sens pour tenter d'éviter la destruction. Si nous parvenons à calmer ce cheval fou, Millennium pourra retrouver sa grandeur, redécouvrir qui il est, revenir à sa véritable mission. ROMÉO Nous avons toujours dit que l'attitude des Coqs était dangereuse et risquait d'entraîner la panique. PETER Vous vous inquiétez d'un événement qui surviendra soixante ans après notre destruction ! Il est certain que vous n'êtes pas sensible à la panique. FRANK Ce genre de querelles intestines ne nous aidera pas, j'espère que vous le réalisez... Écoutez, je veux que nous trois formions au sein du Groupe une force qui puisse l'entraîner dans le bons sens. Nous devons faire comprendre à Millennium qu'à être trop fasciné par le Mal, on devient comme lui. Je veux réintégrer le Groupe, à condition que tu m'y suives, Peter. Et à condition que vous acceptiez un service, Roméo. SÉQUENCE 53 - Q.G. DE MILLENNIUM - INT. JOUR Un cinquantaine de personne sont réunies dans une grande salle. Elles parlent entre elles, il y a un grand brouhaha. Le Vieil Homme est assis en bout de table. Il a l’air dépité. Il observe la porte d’entrée de la salle, que personne ne semble vouloir franchir. Un peu plus loin, sur sa droite, le Doyen est debout à coté de sa chaise. Il observe nerveusement la pièce, l’assemblée réunie. Son regard croise celui de Carol Finley, assise de l’autre coté de la table. Elle baisse les yeux, et se lève pour ne plus lui faire face. Le Doyen reporte son attention sur le Vieil Homme et lui envoie un regard haineux. Il remarque soudain que le visage du Vieil Homme s’illumine, et semble reprendre vie. Il regarde vers ce qui a attiré l’attention du Patriarche : Frank, Peter et Roméo viennent d’entrer dans la pièce. LE DOYEN Qu’est-ce que... Le Vieil Homme se lève VIEIL HOMME S’il vous plaît ! J’aimerais avoir votre attention. Nous allons commencer. Rapidement, le calme revient dans la pièce. Des membres importants tels que le Doyen, Carol Finley ou Rockview s’asseyent à la table. Frank, Roméo et Peter restent debout, à observer. VIEIL HOMME J’ai pris la liberté d’organiser tout ceci parce que... je ne pourrais supporter que Millennium continue sa division, que nous nous auto-détruisions alors que les événements qui nous ont réunis il y a presque deux millénaires sont sur le point de se produire, que ce soit dans 588 jours ou dans soixante ans. LE DOYEN Qu’est-ce que vous comptez faire exactement ? VIEIL HOMME Vos décisions...nous ont mené à cette situation. Vos mensonges ont semé la confusion. LE DOYEN Comment osez-vous ?!... ROMÉO Et vous ? Comment avez-vous osé accepter de laisser mourir des millions de gens pour protéger vos propres intérêts ? LE DOYEN Les intérêts du Groupe ! CAROL Le Groupe est au bord de l’implosion. Cela donne une idée de l’ampleur de votre dramatique erreur. LE DOYEN Je n’ai pas voulu... VIEIL HOMME Que vous l’ayez voulu ou non ne rentre pas en ligne de compte. Je ne m’attache qu’aux résultats catastro- phiques. LE DOYEN J’ai toujours agit dans l’intérêt du Groupe, et de ses membres. PETER C’est pour cela que vous m’avez enlevé et que vous m’avez fait chanter ? L’assistance se retourne vers Peter. Beaucoup sont surpris, beaucoup n’étaient pas au courant. PETER C’est pour cela que vous avez laissé des dizaines de membres se faire enlever par nos ennemis ? UN MEMBRE Par qui ? FEMME BLONDE Qu’est-ce que c’est que cette histoire ? ROCKVIEW Expliquez-vous. Expliquez-leur ! LE DOYEN (à Peter) Je n’ai pas à vous répondre. Vous...et Frank n’êtes plus membres de Millennium. VIEIL HOMME Si ils le sont. Du moins je l’espère... LE DOYEN Comment ? Mais... VIEIL HOMME Écoutez, je pense qu’il est inutile d’étaler davantage nos divisions. Le temps de se réunir est venu. Je vais vous faire part de mes décisions. Le silence complet s’installe dans la salle. Tous écoutent attentivement. VIEIL HOMME (Continuant) Les événements ont prouvé qu’un homme seul ne peut être en mesure de prendre toutes les bonnes décisions. Le Doyen restera en place, mais il ne décidera plus seul de l’avenir du Groupe. Il sera dorénavant le président d’une sorte de conseil de douze membres -- six Coqs et six Chouettes -- qui écouteront chaque opinion et voteront chaque mesure. Le Vieil Homme se tait et observe le Doyen qui s’enfonce dans son fauteuil, la rage bouillonnant sur son visage. Les membres parlent entre eux, et un brouhaha s’élève à nouveau. Après un instant, le Vieil Homme reprend la parole : VIEIL HOMME Frank, Peter... Puis-je espérer votre retour dans le Groupe une fois cette nouvelle structure établie ? FRANK J’y mettrai une condition. VIEIL HOMME Je vous écoute. FRANK Nous voulons que Roméo Luther soit l’un des douze. LE DOYEN Comment ? ! Mais... FRANK Il y apportera son sens de l’honneur qui l’a conduit jusqu’ici au début de l’épidémie, sa franchise, et aussi le point de vue de tous ces membres du Groupe qui vivent en Europe ou ailleurs, loin des principaux organes décisionnels. Et puis la position de Roméo Luther au sein de la branche Française, sa fidélité au Groupe, lui donnent le droit de prétendre à cette place, contrairement à moi ou Peter. VIEIL HOMME Votre demande est acceptée, Frank. Le Doyen se retourne vers le Vieil Homme, totalement outré. VIEIL HOMME (CONTINUANT) Peter retrouvera son statut de membre, et vous celui de candidat. Mais ne vous croyez pas tout permis. Vous devrez répondre de vos actes au Groupe, à son Conseil. Peter ne supervisera plus de candidats avant quelque temps. C’est quelqu’un d’autre qui s’occupera de vous, Frank. FRANK Qui ? VIEIL HOMME Malheureusement, elle n’a pas pu rentrer du Canada pour être ici. Mais elle sera l’un des douze. Elle s’appelle Suzanne McCarlton. Vous la rencontrerez bientôt. En entendant le nom, le Doyen s’est redressé. LE DOYEN Suzanne McCarlton va être réduite à superviser des candidats ?! VIEIL HOMME Non, mais sa rigueur et son niveau de loyauté font d’elle la personne idéale pour superviser Frank. Le Doyen s’enfonce à nouveau dans son fauteuil et reste silencieux. VIEIL HOMME Je vais maintenant nommer les douze personne qui siégeront au conseil du Groupe. Suzanne McCarlton, Mike Rockview, Carol Finley, Roméo Luther... La caméra s’éloigne lentement alors que les personnes citées s’approchent de la table pour y prendre place. SÉQUENCE 54 – BUREAU DU DOYEN - INT. JOUR Le Doyen regarde la télévision, le journal d’ELISABETH THOMPSON. THOMPSON L’affaire Marburg continue d’avoir des répercussions dans le Monde entier, alors même que les dernières poches de virus sont en voie d’éradication dans le monde. Les Nations Unies ont voté une motion condamnant fermement les États-Unis, considérés comme responsables de l’épidémie. Dans un discours, le Président a présenté hier ses excuses au monde, juste au moment ou les Secrétaires d’état à la Santé et à la Recherche démissionnaient. Ils ont publié un communiqué commun où ils ont admis n’avoir pas surveillé d’assez près le travail des laboratoires de recherches, d’où le virus artificiel aurait été développé. Je vous rappelle qu’il a été révélé hier après le suicide d’un homme nommé Greg Maeda que cet individu aurait utilisé sa position au sein d’un laboratoire habilité à manipuler des virus de niveau 4 pour concevoir et dérober Marburg. Le Doyen appuie sur un bouton de la télécommande, et éteint la télévision. LE DOYEN Les choses se tassent. Bientôt on n’en parlera plus. Le Vieil Homme se tient derrière lui, debout. VIEIL HOMME Mais personne n’oubliera les morts. Et les membres n’oublieront pas vos actes. LE DOYEN Et moi, je n’oublierai pas que notre ennemi est là, dehors, guettant la première occasion de nous anéantir. VIEIL HOMME Si nous retrouvons notre force, nous saurons lutter. Le Doyen fait pivoter son siège pour se retourner vers le Vieil Homme. LE DOYEN Je n’oublierai pas non plus le camouflet que vous venez de me faire subir. Vous avez abusé de votre autorité. VIEIL HOMME Peut-être... Mais je ne l’ai fait que parce que j’y ai été poussé par vos propres abus. Les deux hommes se regardent un moment, tendus. Puis le Vieil Homme se retourne et saisit la poignée de la porte. VIEIL HOMME Vous savez comment me contacter... Il sort. SÉQUENCE 55 – UN JARDIN PUBLIC – EXT. JOUR Frank, Peter et Roméo marchent dans une allée. ROMÉO Je n’aime pas trop ça, vous savez. Il s’arrête de marcher, et se penche pour ramasser une fleur sur le bord de l’allée, dont il arrache les pétales. ROMÉO (CONTINUANT) Nous sommes dans une position difficile. Nous savons que l’ennemi est juste à coté de nous, mais nous ne savons pas qui il est. FRANK Nous ne devons pas céder à la paranoïa. Ni recourir à leurs méthodes. PETER Qu’est-ce que tu veux qu’on fasse, alors ? Attendre qu’ils nous trouvent ? FRANK Ils feront une erreur, à un moment ou un autre. Ils ne seront pas discrets. C’est le fruit de leur arrogance. Lorsque cela arrivera, il faudra que nous soyons prêts. Roméo pousse un soupir. PETER Il y a tellement en jeu. FRANK Ta famille, ce qui reste de la mienne... Et le reste du monde. Il y a Lara qui attend qu’on la retrouve, quelque part... Frank s’arrête soudainement, se coupant dans son élan. ROMÉO Et il y a Catherine, n’est-ce pas, Frank ? Nous sommes avec vous. Nous ferons tout pour la venger. Frank acquiesce légèrement, silencieux. ROMÉO Il y a une chose que je veux demander. A vous, Peter, et à vous, Frank... PETER Quoi donc, Luther ? ROMÉO Si nous devons lutter contre cet ennemi invisible qui se fait passer pour l’un des nôtres, alors nous ne serons pas trop de trois. Et nous auront besoin de nous faire totalement confiance -- totalement. Les trois hommes se regardent silencieusement un instant. Roméo fixe Peter des yeux. Celui-ci finit par lui faire oui de la tête. Une fois qu’il a assisté à ça, Frank regarde Roméo droit dans les yeux : FRANK Vous avez toute ma confiance, Roméo. Gros plan sur Roméo, qui montre sa satisfaction, puis sur Frank. Les deux hommes se serrent la main. FONDU AU NOIR. FIN